Opinion
On dit « il faut »
à l'Algérie
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 16 avril
2013
A force de reculades de nos gouvernants,
les immixtions des Occidentaux se
banalisent au point que n’importe quel
quidam peut se permettre de proférer des
« il faut » aux relents de directives,
que les règles de la diplomatie la plus
permissive ne peuvent tolérer. Le
dernier préposé à la chose a eu droit à
une interview publiée par El Watan sous
le titre «
Il faut aller vers plus d’ouverture du
système politique en Algérie».
A ceux qui ne prêtent pas attention à la
forme, il faudra rappeler que la mise en
exergue d’une phrase n’est jamais
fortuite. Et ce type de phrase plus que
tout autre. Le monsieur est le président
du groupe social-démocrate au Parlement
européen, le même parlement qui
considère que le Makhzen est un modèle
de démocratie pour la région. Il parle
aussi au nom de cette Internationale
Socialiste dont l’entité sioniste est
membre à part entière. C’est en visite
en Algérie, indépendante depuis 50 ans
après s’être libérée au prix du
sacrifice de centaines de milliers de
ses enfants, qu’il a dit son « il faut
», sûr de ce droit que confère la
soumission et l’acceptation de celui
auquel il s’adresse. Ainsi d’accords
léonins, en concessions à l’ordre de la
prédation internationale, le pouvoir
algérien est en train de brader les
derniers espaces de la souveraineté
chèrement acquise. Au rythme où vont les
choses, si nous n’y sommes pas déjà, les
« il faut » vont être devancés, tant la
leçon aura été apprise. Nous avons,
depuis 35 ans au moins, assisté à cet
exploit économique, unique en son genre,
qu’aucun gouvernement n’a pas même pensé
à réaliser une seule usine. Les 20
dernières années nous avons enregistré
le démantèlement de tout ce qui tendait
vers un développement national et à la
destruction de l’idée même de décision
indépendante du diktat assumé du
capitalisme mondial. Mieux encore, sous
la pression du mouvement populaire, peu
enclin à comprendre ou à s’encombrer des
circonvolutions de la « science
économique » en vogue, nous pouvons
avoir des réponses aussi compulsives
qu’irraisonnées. L’essentiel étant de ne
pas déroger aux engagements, sinon de
pas toucher le sacro-saint principe de
la libre-entreprise. Passons sur le
saupoudrage financier, à l’efficacité
douteuse, à travers la procédure de
distribution de micro-crédits à tout-va.
Il y a plus décisif, telle la politique
énergétique qui subit un tir nourri
d’exigences de libéralisation, car elle
gênerait l’arrivée des capitaux, alors
même qu’elle est à la base de
l’explosion du marché automobile, qui ne
connaîtrait pas ces niveaux
d’importation si les acheteurs devaient
tenir compte du prix d’un carburant non
subventionné. Une forme de soutien
financier aux constructeurs. Suivront,
selon un agenda non encore connu mais
que l’on devine à travers les
déclarations sybillines, tous les acquis
sociaux, des moins sensibles vers les
plus vitaux. Tout dépendra du sens du
risque et du degré d’exigences des
partenaires du « il faut » qui, il faut
le leur reconnaître, disent par la
bouche du parlementaire cité plus haut
« qu’on ne peut pas avoir le même
regard sur l’Egypte, la Tunisie, le
Maroc ou l’Algérie. Les situations sont
différentes, chaque peuple trouve sa
voie adaptée aux conditions de chaque
pays. » A la bonne heure ! C’est
plus compliqué et il le sait
Article
publié sur
Les Débats
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