Opinion
Le malaise
égyptien des USA
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 9 juillet 2013
La Maison-Blanche, pour la première
fois depuis longtemps, fait profil bas.
D'habitude c'est le doigt levé, le verbe
haut et le regard menaçant que le Potus
s'adresse à ceux, dont il désapprouve le
comportement. Cette fois-ci, le peuple
égyptien l'a décontenancé. Voilà un
peuple qui n'a pas eu besoin et qui n'a
pas besoin d'avoir des " amis " pour
révolutionner son pays. Il ne s'y
attendait pas. Il n'a donc pas aimé.
C'est que rien ne va plus, du moins pas
tel que c'était prévu. Puisque depuis le
début de la contesta, lorsque les
Etats-Unis croyaient encore pouvoir
peser, ils ont tout tenté pour protéger
le pouvoir des Frères musulmans. Le chef
du département d'Etat, lors de sa
tournée proche-orientale, a voulu faire
reculer l'opposition à Mohamed Morsi,
qui appelait au boycott des élections et
presser l'Egypte de se soumettre au
diktat du Fonds monétaire international
(FMI). Des manifestants ont brûlé un
portrait qui le représentait en barbu,
un message clair des Egyptiens qu'ils
savaient quel camp il défendait. Ensuite
se furent les figures du mouvement
populaire, qui refusèrent de le
rencontrer, sachant par avance le
contenu de sa démarche. Même Mohamed El
Baradei avait déclaré, en tant que
membre du Front du salut national (FSN),
que par son refus il voulait " envoyer
le message que nous rejetons la pression
américaine ". Plus tard, lorsque la
mobilisation a atteint son seuil
fatidique et que les revendications se
sont radicalisées au point d'exiger le
départ du Frère président, ce fut
l'ambassadrice étatsunienne au Caire,
Ann Patterson, qui a eu sa photo brûlée,
au cri de, "dehors la sorcière, la
complice de Morsi !". En raison bien
sûr, des efforts qu'elle a déployés en
soutien à ce dernier. Elle avait, entre
autre, tenté de convaincre les
directions des insurgés de se calmer,
n'y pouvant rien, elle a essayé de
dissuader les responsables coptes de ne
pas participer au soulèvement, elle
avait eu une réunion avec Khairat al-Shater,
délégué du morched de la Confrérie, pour
" discuter de questions internes à
l'Egypte " et notamment elle avait
estimé publiquement que " les opposants
ont plutôt intérêt à améliorer la
performance de leurs structures
électorales au lieu d'organiser des
manifestations qui risquent de dégénérer
en violence " et affirmé "les Etats-Unis
ont choisi de travailler avec le
vainqueur des élections ". Le lundi 1er
juillet, Barak Obama s'est entretenu au
téléphone avec Morsi. Et tout laisse à
penser qu'il lui aurait donné des
assurances, qui ont déterminé son rejet
de l'ultimatum des forces armées.
Hypothèse que confirme l'enregistrement
de l'entretien entre le président déchu
et le chef de l'armée, publié par le
journal Al Watan (égyptien), où Morsi
dit que les Etats-Unis empêcheront sa
destitution. Autant d'imprudence devant
un peuple réveillé à la réalité de la
mainmise étatsunienne sur sa destinée,
c'était trop de la moitié. Donc l'heure
au sauvetage des apparences. Désormais "
les Etats-Unis rejettent catégoriquement
les fausses affirmations propagées par
certains en Egypte, et selon lesquelles
nous travaillons avec des partis
politiques ou des mouvements spécifiques
pour dicter la transition en Egypte ".
Cette phrase est contenue dans le
dernier communiqué de Washington sur la
situation égyptienne. Elle ne convaincra
pas grand monde.
Article publié sur
Les Débats
d'Algérie
© 2013 Les Debats
d'Algérie
Le sommaire d'Ahmed Halfaoui
Les dernières mises à jour
|