Opinion
Droitsdelhommisme
fiction
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 6 juin
2013
Au vu du
sort réservé aux plus démunis, par un
système pris de folie aux Etats-unis,
d'abord, en Europe ensuite, c'est-à-dire
à ces travailleurs, ces retraités, ces
laissés-pour-compte des pays du Sud
comme le Venezuela, la Bolivie ou Cuba,
ont décidé de financer des Organisations
non gouvernementales (ONG), chargées de
la défense des droits de l'homme dans
ces pays. La décision a découlé du fait
que seuls ceux qui avaient de l'argent,
beaucoup d'argent, pouvaient faire de la
politique, construire de grands partis,
assurer la paie de centaines de milliers
de militants, acquérir de gros organes
de presse et des télévisions, et mener
des campagnes électorales onéreuses et
massives. Alors que les plus pauvres
n'ont pas voix au chapitre, ne peuvent
pas faire entendre leur voix ou à peine
murmurer dans des entrefilets de
journaux compatissants. Un apport
financier conséquent leur serait vital.
Ils pourront, eux aussi, avoir au moins
des militants permanents qui feront
entendre leur discours et leurs
revendications, s'organiser donc,
financer des supports d'information et
des campagnes de sensibilisation et,
pourquoi pas, monter leurs propres
organes de presse et de télévisions. Le
tout pour réaliser un contrepoids aux
tenants du pouvoir. Ce ne sera que
justice. Le résultat est patent. En
termes de démocratie, en priorité, les
opinions minorées par le filtre de la
censure par omission pourront s'exprimer
et contribuer à l'instauration d'une
véritable liberté d'expression et un
plurarisme politique, en lieu et place
du monologue en vigueur. Le financement
reposera sur un cahier des charges
rigoureux, car il ne s'agira pas de
rajouter des acteurs associatifs au
cadre dominant. Pour cela, il suffit
d'obéir au canevas usité par les
bailleurs de fonds occidentaux au
bénéfice des ONG missionnées pour
implanter la démocratie de marché dans
les pays périphériques. Les
bénéficiaires doivent expressément
démontrer qu'ils sont engagés dans la
lutte contre les inégalités sociales et
qu'ils œuvrent à faire émerger une
alternative qui donne une existence
politique aux exclus économiques. En un
mot, il doit y avoir l'assurance qu'ils
travailleront à l'instauration de la
démocratie véritable, où le peuple aura
un choix réel, grâce à l'émancipation de
ses représentants, jusque-là écartés du
paysage politique. Seulement, il faudra
trouver des procédures d'évitement d'une
réaction hostile, surtout de la part du
gouvernement étatsunien, qui est très
frileux en matière d'ingérence étrangère
(même si l'essentiel des ONG
droitsdelhommistes dans le monde sont
des succursales de ses services de
renseignement). On a pu voir interdire à
l'ONG britannique, Cuba Solidarity
Campaign, d'acheter une centaine
d'exemplaires d'un livre sur le blocus
de Cuba (The Economic War against Cuba.
A Historical and
Legal Perspective on the U.S. Blockade,
publié par Monthly Review Press).
C'est que le bras des Etats-Unis est
long. Pour ce faire, leur département du
Trésor a fait saisir les fonds destinés
à l'achat en question, même s'il était
destiné… aux lecteurs britanniques.
Article publié sur
Les Débats
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