Opinion
Egypte: les «black
blocs» un symptôme
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 3 février
2013
La scène
égyptienne en ébullition découvre les
groupes de "black blocs", ceci lors des
dernières manifestations réprimées par
la police. Ce type de mouvement est
apparu en Allemagne, pour riposter
contre la décision d'Angela Merkel de
chasser les squatteurs des lieux qu'ils
occupaient. Le groupe est constitué de
jeunes masqués ou cagoulés et vêtus de
noir, ce qui a valu le nom donné par la
police allemande. Internet leur a offert
un formidable outil, à travers lequel,
ils peuvent se constituer, se fixer des
règles, planifier leurs interventions et
le lieu et l'heure des rendez-vous. Lors
des sommets du G8, ils sont le cauchemar
des forces de sécurité, qui trouvent
devant eux, des adversaires qui n'ont
rien de l'individu lambda, mais un
commando qui est là pour se battre.
Caricaturés par la propagande officielle
en "casseurs", en "voyous", on
sous-estime en général leurs
déterminantes politiques. Se réclamant
des idées anti-capitalistes
(anarchistes, communistes ou
libertaires), les "black blocs" ne se
réclament d'aucune organisation, se
regroupent et se dissolvent dès la fin
de leur action. Leur apparition doit
être prise comme une faillite des
mouvements de "gauche" traditionnels et
comme une réponse à l'incapacité de la
société à produire une alternative dans
ce sens. En Egypte, si le mouvement se
développe, ce sera à cause de cela. Les
"black blocs" du Caire ou d'autres
villes, ont des objectifs et les disent
: Le premier est "D'abord, la protection
des manifestants pacifiques quelles que
soient leurs revendications pour
réaliser les buts de la révolution, à
savoir pain, liberté et justice." C'est
celui qui est à l'œuvre pour le moment.
Le second à plus long terme, présenté en
tant que principal, "consiste à répandre
l'anarchie à travers le pays pour
détruire un régime corrompu et fasciste
et construire un nouveau régime basé sur
des fondements de liberté et de justice
sociale." Ce qui se traduit,
immédiatement, par des attaques contre
les établissements appartenant aux
hommes d'affaires islamistes. Sur ces
deux points, au moins, ils peuvent
exprimer à peu de chose près, le
sentiment largement répandu au sein des
insurgés, même confusément, dont la
plupart sont victimes des politiques
néo-libérales du régime de Hosni
Moubarak, reconduites par Mohamed Morsi.
La cible des "black blocs" ne se limite
d'ailleurs pas, au seul pouvoir en
place, puisqu'ils veulent aussi "la
disparition de l'Etat des vieux
politiciens avec, à leur tête, Hamdine
Sabbahi et El-Baradaï…" Sans préjuger de
l'avenir de ce phénomène ou sur ses
possibilités de développement, il n'en
demeure pas moins un révélateur des
véritables enjeux des événements, qui
affectent l'Egypte où l'Etat réserve la
priorité de ses financements au
ministère de l'Intérieur, quand le
poste, concernant les subventions, dons
et allocations sociales, enregistre une
baisse de plus de sept points. Montrant
par cette décision qu'il ne compte pas
renoncer à la stratégie austéritaire
imposée par les engagements pris à
l'égard du Fonds monétaire international
et par l'alignement sur les Etats-Unis,
et qu'il compte se préparer en
conséquence à une flambée du
mécontentement.
Article
publié sur
Les Débats
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