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Al-Ahram Hebdo
Coup de grâce à la paix
Abir Taleb
La colonie d'Ariel -
Photo: Wikimedia
Mercredi 29 septembre 2010
Palestine.
La
construction a repris lundi dans les colonies de Cisjordanie. Un
coup fatal aux négociations de paix, qui, du reste, n’ont abouti
à rien depuis leur reprise il y a plus d’un mois.
Les négociations de paix
piétinaient déjà, la reprise des constructions de colonies en
Cisjordanie leur a donné le coup de grâce. Cinq semaines à peine
après la reprise des négociations de paix directes entre
Palestiniens et Israéliens — des négociations qui n’avaient, du
reste, abouti à rien, on se retrouve à la case départ. Comme
prévu donc, le gouvernement israélien a laissé expirer dimanche
dernier son moratoire sur la colonisation en Cisjordanie, malgré
les appels incessants des Etats-Unis à prolonger le gel des
constructions, une mesure exigée par les Palestiniens pour
poursuivre les pourparlers de paix. Le lendemain à peine, la
construction a recommencé dans des colonies de la Cisjordanie
occupée, à une échelle limitée certes, mais suffisante pour
donner le ton. Des bulldozers s’activaient notamment dans la
colonie d’Adam dans le nord de la Cisjordanie, alors que les
constructions doivent aussi reprendre dans au moins huit autres
colonies, selon les médias israéliens.
Comme à l’accoutumée, Israël a
fait fi des intenses pressions de la communauté internationale,
notamment des Etats-Unis, en refusant de reconduire tel quel le
gel des nouvelles constructions dans les colonies, au risque de
compromettre la poursuite des pourparlers. Selon la presse
israélienne, le ministre de la Défense, Ehud Barak, a examiné
avec l’administration américaine la possibilité de freiner de
facto la construction en échange d’un soutien américain sur des
exigences israéliennes, en particulier la reconnaissance
d’Israël par les Palestiniens comme « Etat du peuple juif », et
de garanties de sécurité sur sa frontière orientale. Un deal qui
n’a apparemment pas réussi. Rien n’a filtré à ce sujet côté
américain, Washington se contentant de répéter jusqu’à la
dernière minute que la position américaine sur la construction
de colonies n’a « pas changé ». « Nous restons en contact étroit
avec les deux parties et nous allons les rencontrer à nouveau
dans les prochains jours », a précisé le porte-parole du
département d’Etat, PJ Crowley, à la veille de l’expiration du
moratoire. « Nous restons concentrés sur l’objectif de faire
progresser les négociations vers une
solution à deux Etats (israélien et palestinien) et nous
encourageons les parties à faire des gestes constructifs dans ce
sens ».
Réunion de la Ligue arabe le 4
octobre
Sans scrupules, le premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a appelé le président de
l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass,
à poursuivre le dialogue, l’exhortant à « continuer à mener les
pourparlers bons et honnêtes que nous venons de lancer pour
tenter de parvenir à un accord de paix historique entre nos deux
peuples », sans la moindre mention à la question de la
colonisation.
Côté palestinien, l’heure est
pour le moment à la retenue. Nabil Abou-Roudeina,
porte-parole du président Mahmoud Abbass,
a déclaré lundi à Paris que les Palestiniens ne se
prononceraient pas officiellement sur la poursuite des
négociations de paix avec Israël avant le 4 octobre et des
consultations avec les pays arabes. Le 4 octobre est la date
prévue pour une réunion de la Ligue arabe à la demande de
l’Autorité palestinienne pour débattre de la poursuite des
négociations. Mais à quelques heures de l’expiration du
moratoire, M. Abbass, en visite à
Paris, avait répété que les négociations de paix seraient « une
perte de temps » si Israël ne maintenait pas son moratoire sur
la colonisation.
Or, toute cette polémique autour
du moratoire et de la poursuite ou non des négociations
israélo-palestiniennes nous éloigne du fond du problème. En
attirant l’attention sur cette simple question, celle des
colonies, Israël a réussi à omettre un tas d’autres questions
non moins délicates, dont le règlement est un préalable à tout
accord de paix final. Il y a quelques semaines, on s’était
réjoui de la simple reprise des négociations de paix directes,
présentée alors comme un succès en soi. Aujourd’hui, on prie
pour que ces négociations se poursuivent, coûte que coûte,
oubliant ou feignant d’oublier que depuis leur reprise, aucun
bon signe n’a été donné.
C’est dire que pour ce qui est
du processus de paix, on va de mal en pis.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
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Publié
le 29 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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