Opinion - El Watan
Alger : Répression
féroce des étudiants devant le ministère de l'Enseignement
Supérieur
Abderrahmane Semmar
© Lyes Hebbache (El Watan)
Lundi 21 février 2011
Les forces de l'ordre ont violemment passé à tabac des étudiants
grévistes venus manifester pacifiquement à Ben Aknou devant le
ministère de l'Enseignement Supérieur. Plusieurs étudiants ont
été grièvement blessés et au moins trois d'entre eux ont été
transférés à l'hôpital pour des soins intensifs. Choqués par
cette répression qu'ils qualifient "d'ordurière", les étudiants
promettent de poursuivre leur mouvement de contestation jusqu'au
bout.
En dépit de la répression policière, pas moins de
quatre mille étudiants, selon les estimations des
délégués, ont réussi à passer outre le dispositif des
forces de l'ordre pour marcher jusqu'au siège du
ministère de l'Enseignement Supérieur et se rassembler
pacifiquement devant ses portes.
Cependant, au moins cinq blessés ont été déplorés parmi les
étudiants, signalent des délégués d'étudiants que nous avons
joint par téléphone. "Nous avons transféré trois de nos
camarades à l'hôpital. Ils souffraient de plusieurs blessures",
explique Karima, déléguée à l'école supérieure d'informatique
(ESI).
"Depuis la matinée, des barrières de la police nous
ont empêchés de marcher jusqu'au ministère de
l'Enseignement Supérieur. Mais lorsqu'on a coupé la
route, les policiers ont compris que nous étions
vraiment déterminés à tenir notre rassemblement. Dés
lors, ils ont relâché leur dispositif", précise encore
notre interlocutrice.
Pour rappel, les forces de l'ordre ont tenté lundi
matin de disperser par la force plusieurs centaines
d'étudiants protestataires à Ben Aknou, au niveau du
siège du ministère de l'Enseignement Supérieur. Les
étudiants qui ont décidé de reconduire leur mouvement de
protestation ont démontré fermement leur détermination à
se rassembler devant le département de Harrouabia. Mais
les policiers, mobilisés en nombre, ont empêché ce
nouveau sit-in. Ils n'ont pas hésité également à
recourir à la matraque pour effrayer et terrifier les
étudiants.
Toutefois, révoltés par la présence de cet arsenal
répressif, plusieurs centaines d'étudiants ont tenté de
forcer le cordon de sécurité mis en place au niveau du siège
du ministère de l'Enseigmenet Supérieur. Des "Casques Bleus"
et des "CRS" se sont installés tôt la matinée devant le
département de Harrouabia pour empêcher une nouvelle
manifestation de colère des étudiants grévistes.
Par conséquent, quelques affrontements ont éclaté entre
les forces de l'ordre et des centaines d'étudiants qui
réclament haut et fort leur droit à manifester
pacifiquement. Repoussés et malmenés par les services de
sécurité, ces étudiants ont décidé ainsi de bloquer la route
qui mène vers le ministère de l'Enseignement Supérieur.
"Nous resterons ici jusqu'à l'aboutissement de notre
combat. La matraque et la répression ne vont pas nous
effrayer. On ne se laissera pas faire comme ça. On se battra
jusqu'au bout", s'écrient des étudiants que nous avons joint
par téléphone. Ces derniers ont confirmé que les foules
estudiantines scandent en ce moment des slogans contre le
régime.
"Pouvoir Assassin !" ont lancé, en effet, ces étudiants
grévistes qui ne comprennent pas pourquoi on les a réprimés
alors qu'ils ne tenaient "qu'un rassemblement pacifique" !
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