En direct de Gaza
Cette fois-ci, l'accueil était
magnifique en France
Merci beaucoup les amis, merci beaucoup
les solidaires
Ziad Medoukh
Samedi 21 décembre 2019
C'est vrai, chaque fois
quand je viens en France pour des
colloques et des conférences, tous les
deux ou trois ans selon les conditions
de sortie de ma ville Gaza, une région
sous blocus israélien inhumain depuis
plus de treize ans, avec énormément de
difficultés pour en sortir et pour y
revenir; j'ai toujours un accueil très
chaleureux de la part de ces amis, ces
solidaires, et ces personnes de bonne
volonté partout dans ce pays ami de la
Palestine. Un accueil et un entourage
que j'apprécie énormément, car il montre
une fois de plus que la cause
palestinienne, cause de justice, sera
toujours soutenue.
Mais cette fois-ci, mon séjour de trois
semaines en France entre mi-novembre et
début décembre 2019 a été magnifique,
rempli des rencontres très intéressantes
avec des amis et des personnalités,
l'animation de plusieurs conférences
publiques, la participation à des
colloques universitaires, des interviews
accordées à des médias, la réception par
des élus et la présentation et dédicace
de mon dernier livre "Etre non-violent à
Gaza" sorti en France début novembre.
Un séjour riche en
expériences et partages avec des
personnes de tout horizon et de
différentes origines en France et
quelques pays européens.
Malgré les
différentes grèves et le mouvement
social en France, j'ai constaté une
forte mobilisation pour organiser des
conférences publiques en ma présence,
dans la région parisienne et en
province, une générosité et un accueil
très chaleureux de toutes les personnes
rencontrées.
Certes, comme
professeur universitaire de français de
Gaza, poète et écrivain d'expression
française et activiste sur les réseaux
sociaux, mon public en France et en
Europe est très
large, avec un réseau d'amis et
de mouvement de solidarité avec la
Palestine, des universitaires, des
poètes et des écrivaines, des
organisations de droit de l'Homme et de
la non-violence, sans oublier les amis
et les connaissances. Mais cette
fois-ci, j'ai senti que tout le monde
voulait s'occuper de moi et me
rencontrer.
Souvent, je fais
mes interventions et mes communications
dans des colloques et des conférences
depuis Gaza via Skype, mais rien n'est
comparable aux contacts humains, et je
l'ai constaté cette-fois ci avec de
nouveaux amis et de nouvelles personnes
rencontrées en France.
Dès l'annonce de ma
venue en France, en fait, j'annonce
seulement quand j'arrive à Paris, car
avec les difficultés pour sortir de
Gaza, rien n’est évident pour arriver
ici, j'ai immédiatement reçu des
dizaines de propositions pour animer des
conférences, rencontrer des personnes,
interviews à des médias, ainsi que des
invitations chez les amis.
L'aspect
le plus étonnant et en même temps
rassurant est la mobilisation et la
capacité de ces mouvements et de ces
personnes à organiser en une semaine de
plus de 12 conférences publiques et
rencontres pour moi dans la région
parisienne et dans 5 autres villes.
Malgré l'annonce tardive de ces
conférences, il y a eu un public large
et attentif dans toutes mes conférences.
Depuis mon arrivée
en France et jusqu'à la veille de mon
départ, il y a eu presque chaque jour
une conférence-quelques fois deux -
J'ai été très
heureux quand Radio Orient m'a honoré
pour mes témoignages en direct de Gaza
sur leur chaîne et les médias
francophones. Et quand une association
culturelle m'a accordé le statut d'un
membre d'honneur. Et encore quand des
élus et de maires facilitent la tenue de
mes conférences.
J'ai été très
satisfait de la réussite de mon dernier
livre sorti en France en novembre
dernier "Etre non-violent à Gaza" qui a
connu un succès énorme avec l'épuisement
de la première édition. De 20 à 30
exemplaires vendus dans chaque
conférence ou présentation. Et c'était
toujours un plaisir pour moi de faire
des dédicaces à ces personnes de bonne
volonté.
En fait,
personnellement, je travaille avec tout
le monde, et je réponds toujours
positivement à toutes les invitations,
notamment du mouvement de solidarité
avec le peuple palestinien. Et la
priorité pour moi est de rencontrer le
maximum de personnes et d'animer le
maximum de conférences publiques pour
témoigner de la situation très grave en
Palestine en général, et dans la bande
de Gaza en particulier, en prenant des
RV entre les RV pour pouvoir voir
beaucoup de monde. Même si je n'avais
pas le temps de souffler, j'ai appris
énormément de choses lors de mes
différentes rencontres avec des dizaines
de personnes, de personnalités
politiques et associatives et de simples
citoyens.
Je suis arrivé à
Paris le 15 novembre 2019 pour
participer essentiellement au colloque
international au Sénat organisé le
samedi 16 novembre par le Comité de
Vigilance pour une Paix Réelle au
Proche-Orient
-CVPR-PO-sur l'apartheid israélien dans
les territoires palestiniens . Ma
communication portait sur la résistance
populaire et non-violente dans la bande
de Gaza, et le rôle de la société civile
dans cette région enfermée.
Dans l'après-midi,
même très fatigué après deux jours de
voyage entre Gaza et Paris, je suis allé
au studio de la radio France-Maghreb 2
pour une interview lors de leur émission
" le grand forum" qui a duré deux heures
avec plus de 20 appels téléphoniques
pour saluer ma présence à la radio et
envoyer un message de soutien à la
population de Gaza.
Pendant le colloque
au Sénat, j'ai eu le plaisir de
rencontrer beaucoup d'amis et de
solidaires qui sont venus assister à
cette rencontre très riche, avec des
intervenants de qualité et des échanges
très intéressants.
Un ami du Comité a
organisé une rencontre avec le Sénateur
Pascal Savoldelli, président du groupe
d'amitié France-Palestine au Sénat. qui
m' a reçu pendant trente minutes pour
confirmer le soutien de la France à la
création d'un Etat palestinien libre.
L'après-midi, j'ai
participé à une manifestation en
solidarité avec Gaza au centre de Paris,
avec une intervention rapide. Beaucoup
de personnes m'ont proposé de prendre
des photos avec moi pour les mettre sur
leurs page Facebook. Je leur ai dit que
je n'étais pas ni star ni une
personnalité, mais ces personnes, en
majorité des jeunes, m'ont rassuré avec
leur soutien à la Palestine.
Oui, c'est ça la
France pour moi, ce sont ces personnes
de bonne volonté partout par leur
accueil, leur générosité, leur
entourage, leur gentillesse et leur
hospitalité, qui ont montré leur soutien
à la cause palestinienne comme cause de
justice, et leur solidarité avec la
population civile de la bande de Gaza.
La France pour moi
c'est cette grande militante, âgée et
fatiguée, mais qui veille à mon
hébergement et me procure toutes les
facilités pendant mon séjour en France.
Ces personnes qui
m'entourent et m'invitent tous les
jours, ces personnes qui m'appellent au
téléphone de France, certes, mais aussi
de suisse, et de Belgique pour me saluer
et me souhaiter la bienvenue en France.
Ces personnes qui
viennent me rencontrer à la gare d'une
ville en province entre deux trains, ou
viennent me dire au revoir à l'aéroport
Cs personnes qui
envoient un message de soutien à la
population civile de Gaza et aux jeunes
francophones bénévoles via les petites
vidéos de la chaîne "Gaza la vie".
Une personne âgée
qui fait plus de 200 km aller-retour en
voiture pour venir me chercher dans un
autre village ou une autre ville.
Ces personnes qui
viennent de loin pour m'écouter lors des
différentes conférences dans différentes
régions.
Ce couple qui
chaque fois insiste pour m'inviter chez
eux pour un dîner royal.
Ces 15 personnes
qui sont venues me rencontrer dans un
restaurant d'une grande ville malgré
l'annonce tardive de ma venue dans leur
ville pour échanger avec moi sur la
situation actuelle dans la bande de Gaza
Ces deux personnes
qui ont collaboré à la rédaction et la
publication de mon dernier livre " Etre
non-violent à Gaza" qui se sont déplacée
, quelques fois en vélo ou à pied-à
cause de grèves- pour être avec moi dans
mes 7 conférences publiques dans la
région parisienne pour la promotion de
ce livre qui a connu un grand succès
avec l'épuisement de son première
édition.
Ces paysans du
Larzac qui se regroupent dans une
ambiance familiale pour m'accueillir et
me faire goûter leurs produis naturels
et bio.
Cette personne qui
me propose m'accompagner en sa voiture
pour faire le trajet Lille-La Haye au
Pays-Bas, plus de 12 heures de route
aller-retour en passant par la Belgique.
Et à Lille, j'ai eu la chance d'aller
voir ma mère du nord Annie, même pendant
trente minutes seulement. Une bouffée de
tendresse de plus.
A La-Haye, et
devant la Cour Pénale Internationale,
j'ai été très touché par la présence de
centaines de solidaires de plusieurs
pays européens qui sont venus pour
rappeler à la Procureure de ses saisir
des nombreuses plaintes déposées par les
Palestiniens pour crimes de guerre et
crimes contre l'humanité israélien. J'ai
rencontré beaucoup d'amis et de
solidaires français, belges et suisses
qui ont apprécié mon intervention
émouvante devant le rassemblement.
En France,
l'accueil chez les habitants est très
chaleureux quand je dors chez eux, ils
font tout pour faciliter mon séjour chez
eux durant un ou deux jours, et la
question posée est toujours: "qu'est-ce
que tu prends au petit-déjeuner Ziad"
une question qui montre leur géniroté
mais quelquefois me gêne , car je leur
dis toujours que je suis un simple
citoyen et je m'adapte, et je mange ce
qu'ils mangent eux aussi.
Oui, la France pour
moi, c'est cette mobilisation de
beaucoup de personnes de bonne volonté
quand la grève a commencé, une personne
qui vient de très loin pour me chercher
de Malakoff à Saint-Denis pour mes
derniers jours en France.
Bloqué trois jours
à Saint-Denis avant mon départ pour
Gaza, plusieurs personnes sont venues me
voir en voiture, en vélo.
Ma dernière
conférence à la librairie Résistances à
Paris, environ 50 personnes qui sont
venues en voiture, en vélos, ou à pied
pour m'écouter et acheter mon dernier
livre. Bravo !
Ce jeune qui est
venu pour m'accompagner en voiture à
l'aéroport.
Ces personnes qui
achètent des cadeaux pour mes enfants.
Quelques fois j'ai été très gêné car je
ne pouvais pas les emporter avec moi du
fait de difficultés sur la route et lors
du passage pour rentrer à Gaza.
Maints exemples de
cette générosité, de cet accueil et de
ce soutien
Oui, j'ai senti que
tout le monde se mobilise pour moi et ça
me touche beaucoup.
Moi "l'âgé" de 53
ans, j'ai été traité comme un enfant
gâté par des personnes de bonne volonté
partout en France.
Le seul regret
pendant mon séjour est de ne pas avoir
pu rencontrer toutes les personnes qui
voulaient me voir.
Oui, je suis très
satisfait de mon dernier séjour en
France, j'ai constaté cette évolution de
l'opinion publique française en faveur
la cause palestinienne.
Je rentre à Gaza ma
prison tout à fait rassuré par cette
mobilisation, avec plus d'énergie pour
continuer le combat via l'éducation, la
culture et l'attachement à la terre, aux
côté de toute une population qui a
choisi comme moi de rester sur place
afin d'affronter la dure réalité de
l'occupation et du blocus, mais surtout
afin de résister, d'exister et de garder
espoir d'un lendemain meilleur, un
lendemain de liberté, de paix, une paix
dans la justice, car il n' y aura jamais
de paix sans justice.
Chers amis français
qu'elles soient vos origines, votre
accueil me touche beaucoup
Merci beaucoup les
amis, merci beaucoup les solidaires,
bravo pour votre accueil et pour votre
engagement et votre mobilisation.
Vive la solidarité
Amitiés de Gaza la
vie et Gaza la belle.
Gaza la dignité qui
n'oubliera jamais votre soutien et votre
solidarité.
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