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L'Assemblée adopte
une résolution LREM
controversée sur
l'antisémitisme
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© Philippe
LOPEZ Source: AFP
Mardi 3 décembre 2019
Source :
RT
Les députés ont
adopté une proposition de résolution
LREM soutenue par le gouvernement, qui a
entraîné un record d'oppositions au sein
de la majorité. Certains contempteurs du
texte craignent qu'il empêche toute
critique de la politique d'Israël.
Une
proposition de résolution du député LREM
de Paris de Sylvain Maillard, soutenue
par le gouvernement, a été adoptée par
l'Assemblée nationale le 3 décembre...
mais a fait face à un record
d'oppositions de «marcheurs». En effet,
26 députés LREM se sont prononcés contre
le texte – du jamais vu – et 22 se sont
abstenus. Les députés MoDem, pourtant
alliés de la majorité présidentielle, se
sont majoritairement abstenus.
Dans
l'ensemble, le texte, sans valeur
contraignante, a été adopté par
seulement 154 voix pour (essentiellement
des élus LREM et LR), 72 contre (des
élus de gauche surtout) et 43
abstentions.
Le ministre de l'Intérieur
Christophe Castaner a, de son côté,
salué avec ce vote «un geste symbolique
fort», considérant que «c'est en disant
les choses que nous ferons reculer la
haine».
De quelle définition de
l'antisémitisme parle-t-on ?
La
résolution prévoit l’adoption de la
définition de l’antisémitisme telle que
formulée par l’Alliance internationale
pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Cette définition a déjà été validée par
le Parlement européen et 20 pays dont 16
de l'UE, et a
été appuyée par Emmanuel
Macron en février devant le Conseil
représentatif des institutions juives de
France (Crif). Le président français
avait alors affirmé vouloir élargir la
définition de l'antisémitisme à
l'antisionisme.
Cette définition,
exactement, est la suivante :
«L’antisémitisme est une certaine
perception des juifs, qui peut se
manifester par une haine à leur égard.
Les manifestations rhétoriques et
physiques de l’antisémitisme visent des
individus juifs ou non et/ou leurs
biens, des institutions communautaires
et des lieux de culte.» Elle ne
mentionne donc pas le terme
«antisionisme». Mais cette courte
définition est complétée d'une série
d’exemples destinés à l’«illustrer».
Parmi ces exemples, rappelle
Le Monde,
figure le suivant : est considéré par
l'IHRA comme antisémite le «traitement
inégalitaire de l’Etat d’Israël, à qui
l’on demande d’adopter des comportements
qui ne sont ni attendus ni exigés de
tout autre Etat démocratique.» Le
site
du gouvernement note également la
négation du droit à Israël d'exister,
comme une forme d'antisémitisme selon la
définition de l'IHRA.
«Critiquer l’existence même d’Israël en
ce qu’elle constitue une collectivité
composée de citoyens juifs revient à
exprimer une haine à l’égard de la
communauté́ juive dans son ensemble»,
peut-on par ailleurs lire dans l'exposé
des motifs de la proposition de
résolution présentée aux députés
français.
Autant d'exemples qui n'ont pas fait
consensus parmi les députés.
Un texte qui rendrait plus difficile la
critique d'Israël ?
Parmi d'autres politiques, la présidente
du Rassemblement national (RN), Marine
Le Pen, s'est inquiétée du risque que la
résolution «puisse interdire de
critiquer Israël» – ce que récusent ses
signataires et soutiens.
Du côté de l'opposition de gauche, le
chef de file des députés insoumis
Jean-Luc Mélenchon a estimé
qu'«assimiler la critique du sionisme à
un acte antisémite» faisait «deviner une
volonté de provocation qui sidère».
Les insoumis, tout
comme les socialistes et les
communistes, ont d'ailleurs décidé de
voter contre la résolution, considérant
que les outils existaient déjà pour
pénaliser l'antisémitisme.
Des députés
ont, en outre, regretté que la
résolution «catégorise» les haines. 24
élus de la majorité, principalement
«marcheurs», ont co-signé le 3 décembre
une tribune publiée par l'AFP pour
s'opposer à la résolution, appelant à
combattre «toutes les haines sans
distinction». La République est
«indivisible» et «laïque» et il faut
légiférer sans distinction «religieuse»,
martèlent-ils.
En outre, avant le
vote à l'Assemblée, un collectif de 127
intellectuels juifs avaient qualifié le
texte de «hautement problématique»,
jugeant qu'il assimilait l'antisémitisme
et l'antisionisme. «De nombreuses
victimes de l'Holocauste étaient
antisionistes», rappelaient-ils dans une
tribune au Monde. Selon les 127, la
définition de l'IHRA est «déjà utilisée
pour stigmatiser et réduire au silence
les critiques de l'Etat d'Israël,
notamment les organisations de défense
des droits humains».
Larrivé dénonce
l'«islamo-gauchisme», Habib «le nouvel
antisémitisme»
Parmi les députés hors
des rangs de LREM qui ont voté la
résolution, le LR Guillaume Larrivé a
invoqué l'écrivain allemand Bertolt
Brecht pour justifier son choix : «Si tu
ne participes pas à la lutte, tu
participes à la défaite». «Nous le
devons à nos compatriotes juifs de
France attaqués, agressés, violentés», a
argumenté l'élu de l'Yonne, qui a de
surcroît dénoncé des «relents d'un
islamo-gauchisme» dans l'hémicycle.
Le vice-président
de la commission des Affaires étrangères
de l'Assemblée, Meyer Habib (UDI-Agir),
s'en est également pris à la gauche,
mais aussi au «double langage de la
majorité». Selon ce député
franco-israélien, «la détestation
d'Israël, c'est le nouvel
antisémitisme».
Lire aussi :
Antisionisme et antisémitisme : la
résolution polémique proposée par un
député LREM crée des remous.
RT
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Publié le 5 décembre 2019
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