LUC
MICHEL. NET
Le miroir du régime Macron se brise (III)
:
Officines, polices parallèles,
barbouzeries.
La Macronie au cœur des vieilles
pratiques honteuses
de la Ve République
Luc Michel
Vendredi 20 juillet 2018
Luc MICHEL/En Bref/
2018 07 20/
Avec FranceInfo/
Il nous promettait
une « république exemplaire ».
C’est toujours la « ripoublique » avec
ses tares et ses scandales.
La même semaine, deux grandes affaires
brisent le miroir du Régime Macron et le
roi Emmanuel est nu …
PARTIE III :
Du service d'ordre du PS au premier
cercle de Macron :
l'ascension express d'Alexandre Benalla,
ce collaborateur de l'Elysée qui a
frappé un manifestant
Cet adjoint au chef de cabinet
d’Emmanuel Macron a été filmé en train
de s'en prendre à un jeune homme lors
d'une manifestation, le 1er mai.
D'anciens collègues et un membre de la
campagne d'En marche ! reviennent, pour
franceinfo, sur les années avant son
arrivée à l'Élysée.
Il y a quelques jours, seuls les proches
de l'Elysée connaissaient son nom et son
visage. L'adjoint au chef de cabinet
d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla,
est au cœur d'un scandale après des
révélations par Le Monde, mercredi 18
juillet. Le journal a révélé que cet
homme a été mis à pied pendant deux
semaines au mois de mai pour avoir été
filmé en train de frapper un jeune homme
lors d'un rassemblement du 1er-Mai, à
Paris. "J'ai vu monsieur Benalla saisir
une femme par le cou puis l'emmener. Un
jeune homme a essayé de s'interposer et
a été frappé à plusieurs reprises",
affirme à franceinfo Nicolas Lescaut,
militant de La France insoumise, auteur
d’une des vidéos. Sur les images,
Alexandre Benalla, 26 ans, porte une
veste noire, des gants et un casque de
CRS. Il n'est pourtant pas policier.
En 2010, il se fait remarquer par Éric
Plumer, l'ancien responsable du service
d'ordre (SO) national du Parti
socialiste.
Il n'a que 19 ans mais impressionne déjà
par "sa volonté". "Il s'était déplacé
directement à Solférino avec quelques
photos, il avait déjà assuré la sécurité
d'acteurs, raconte l’ancien chef de 60
ans à franceinfo. Au début, j'étais un
peu sceptique car beaucoup de personnes
cherchent à intégrer nos services de
sécurité. Vu la façon dont on avait
parlé, son comportement, j'ai eu envie
de le tester. Il faisait très stable
psychologiquement."
En pleines primaires socialistes,
Alexandre Benalla fait ses premières
preuves auprès de Martine Aubry, dont il
est chargé de la protection. Interrogée
par l’AFP, l'ancienne première
secrétaire du PS (2008-2012) assure ne
pas avoir "de souvenir particulier" de
son ancien agent.
À l'issue des primaires, Éric Plumer,
surnommé "Jaurès" par les socialistes,
garde son jeune poulain sous son aile et
l'embauche pour assurer la sécurité de
la campagne de François Hollande. Son
travail discret et efficace attire
l'œil. Le cabinet d'Arnaud Montebourg le
fait venir à Bercy en 2012 pour lui
proposer d’assurer la sécurité du
ministre du Redressement productif.
"J'étais en colère après Bercy quand
j'ai appris ça. Je trouvais que c'était
beaucoup trop tôt. Alexandre n'avait que
21 ans, on brûlait les étapes, raconte
le chargé de sécurité d’une voix ronde.
Mais bon, je ne peux pas lui en vouloir.
Quand vous êtes gamin et qu'on vous fait
miroiter un poste dans un ministère..."
Pendant quatre ans, les deux hommes,
devenus amis, ne se parlent plus.
Alexandre Benalla intègre le SPHP [le
service de protection des hautes
personnalités] d'Arnaud Montebourg en
tant que chauffeur. "Je m'en suis séparé
au bout d'une semaine après une faute
professionnelle d'une première gravité :
il avait provoqué un accident de voiture
en ma présence et voulait prendre la
fuite", assure l'ancien ministre au
Monde. Une version confirmée par
l'entourage d'Arnaud Montebourg à
franceinfo. Christian Werner, père de
Yann et ancien responsable du SO du PS,
pose sur son ancien collègue un regard
différent de celui de son fils. Pour
lui, ce passage éphémère auprès de
l'ancien ministre a été un tournant pour
le jeune agent. "Chez Montebourg, il est
devenu incontrôlable, il a abusé de sa
position. Et je pense que c'est la même
chose qui s'est passée là, il s'est
senti poussé des ailes…"
Alexandre Benalla parvient rapidement à
se trouver une nouvelle occupation.
Selon les informations de La Lettre A et
de Maghreb Confidentiel, il intègre
entre 2012 et 2015 le groupe Velours,
une société de sécurité et de management
des risques fondée par d'anciens
policiers. Il devient même, en octobre
2015, codirigeant d'une antenne de
l'entreprise à Casablanca, mais cette
dernière stoppe rapidement son activité,
indique Le Monde. Réserviste à la
gendarmerie, il poursuit en parallèle
des études de droit et obtient un master
2. La même année, il est admis à la
session régionale "Jeunes" de l'Institut
national des hautes études de la
sécurité et de la justice (INHESJ),
comme le prouve un arrêté au Journal
officiel. Une formation de cinq jours
qui vise à sensibiliser les étudiants
"aux problématiques de sécurité et de
justice", selon la plaquette.
Un an plus tard, en avril 2016, il crée
la Fédération française de la sécurité
privée. Selon La Lettre A, il s'agit
d'une coquille vide aux yeux des
professionnels du secteur. Il fonde
cette structure avec une connaissance,
Vincent Crase, un officier de réserve de
la gendarmerie basé dans l'Eure. Les
deux hommes vont d'ailleurs tous les
deux jouer un rôle dans la campagne
présidentielle d'Emmanuel Macron, comme
le révèlent les "MacronLeaks", ces
nombreux échanges de mails des membres
d'En marche ! mis en ligne par des
hackers anonymes sur la plateforme
WikiLeaks.
Le 16 novembre 2016, le fondateur d'En
marche ! annonce sa volonté de conquérir
l'Elysée. Trois semaines plus tard, le 5
décembre, Alexandre Benalla intègre
l'équipe chargée de la sécurité du
candidat en signant un CDD avec une
rémunération net de 3 500 euros ("primes
de précarité et frais de transport
intégrés"), toujours selon les "MacronLeaks".
Les révélations de WikiLeaks montrent
tout de même une curieuse demande de la
part d'Alexandre Benalla concernant de
l'achat de matériel avec, notamment,
deux pistolets GC27 luxe, cinq boucliers
anti-émeutes et un Flash-Ball. "Je n'ai
jamais entendu dire que les partis
politiques avaient des vigiles armés. Je
trouve même ça dangereux", réagit alors
dans un mail Cédric O, trésorier de la
campagne. "J'ai trouvé ça totalement
inhabituel et, au final, on a bloqué la
commande", ajoute un responsable de la
campagne, à franceinfo.
Plus troublant que cette commande
d'armes, le responsable de la sécurité
a, à plusieurs reprises, joué les gros
bras au cours de la campagne. Lors d'un
meeting du candidat à Caen en mars 2017,
des témoins affirment au Monde
qu'Alexandre Benalla a soulevé un
photographe local qui s’était approché
un peu trop près du candidat Macron.
Interrogé par Buzzfeed, un militant
communiste accuse aussi le gendarme
réserviste de l'avoir frappé lors d'un
autre meeting : "Alexandre Benalla m'a
donné un coup sur la tête et une
béquille. (...) Il n'y avait rien qui
justifiait cela, je n'étais pas
violent." En 2017, l'homme est filmé en
train de violenter un journaliste de
Public Sénat lors d'un meeting. "Il
avait arraché l'accréditation d'un
journaliste de la rédaction avant de
l'évacuer d'un meeting d'Emmanuel
Macron", raconte Public Sénat.
Après son accession à l'Elysée, Emmanuel
Macron confie un rôle de "chargé de
mission" au jeune homme. Alexandre
Benalla accompagne le chef de l'Etat sur
des déplacements publics, mais aussi
lors d'escapades privées, comme une
balade à vélo lors d'un week-end au
Touquet (Pas-de-Calais) ou juste après
Noël pour des vacances au ski à La
Mongie (Hautes-Pyrénées), détaille
L'Express.
Après les deux semaines de sanction
liées aux coups portés lors du 1er-Mai,
il continue de jouer un rôle de premier
plan. Il est présent sur plusieurs
événements importants, comme lors de
l'entrée au Panthéon de Simone Veil ou
lors du retour des Bleus en France après
leur victoire en Coupe du monde, lundi
dernier. Des photos le montrent ainsi à
bord du bus de l'équipe de France.
En attendant les explications de
l'Elysée, le ministre de l'Intérieur,
Gérard Collomb, a saisi l'Inspection
générale de la police nationale. Elle
devra notamment se pencher sur les
règles encadrant la présence
"d'observateurs" au sein des forces de
l'ordre.
* Lire sur :
https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/agression-d-un-manifestant-par-un-collaborateur-de-l-elysee/du-service-d-ordre-du-ps-au-premier-cercle-de-macron-l-ascension-express-d-alexandre-benalla-ce-collaborateur-de-l-elysee-qui-a-frappe-un-manifestant_2857599.html
(attention Média de l’OTAN ! Lire avec
esprit critique …)
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