EODE PRESS OFFICE
« Entre philo-impérialisme et eurasisme:
ultimatum de l'UE à Chisinau »
Fabrice Beaur
Jeudi 13 août 2015
EODE PRESS OFFICE/ INTERVIEW DE FABRICE
BEAUR SUR RADIO SPUTNIK.FR : « ENTRE
PHILO-IMPERIALISME ET EURASISME:
ULTIMATUM DE L'UE A CHISINAU »
EODE Press Office/2015 08 12/
Avec Radio Sputnik France
(Moscou)/
La MOLDAVIE sujet
de l’interview de Fabrice BEAUR,
administrateur de la Zone Russia-Caucasus
de l’Ong EODE (Eurasian Observatory for
Democracy & Elections) par les
journalistes Oxana Bobrovitch et
Françoise Compoint (Sputnik France,
Moscou) ce 12 août 2015 …
Podcast audio sur :
http://fr.sputniknews.com/international/20150812/1017504560.html
# LIRE L’ARTICLE DU
WEBSITE SPUTNIK FRANCE :
« ENTRE PHILO-IMPERIALISME ET EURASISME:
ULTIMATUM DE L'UE A CHISINAU »
Françoise
Compoint :
La Moldavie n'a vraiment pas le choix,
semble-t-il: soit elle engage des
réformes satisfaisant les appétits du
Parlement bruxellois, soit ... il en
cuira.
Enfin, en termes un peu plus mainstream,
elle aura droit à une séance d'élecrothérapie
pour le moins maïdanesque. Menace? Mise
en garde dictée par un sentiment
lointainement altruiste? C'est à M.
Thorbjorn Jagland, secrétaire général du
Conseil de l'Europe, qu'il conviendrait
de poser la question. Quelle que soit la
réponse, n'oublions pas qu'un précédent
en format réduit avait déjà marqué les
jours printaniers de 2009 lorsqu'une
révolution du genre "Tweeter" a dégénéré
en coup de force avec la prise d'assaut
du Parlement: des opposants de tout poil
ne voulaient plus de Voronin malgré la
légitimité certaine de ce vieux manitou
communiste qui a su démissionner avec
beaucoup de dignité.
Au fond, s'il y a
un dénominateur commun entre le départ
de Voronin et la destitution
ultra-violente de Ianoukovitch, c'est
bien l'obstination des deux leaders à
vouloir s'asseoir entre deux chaises.
L'effort d'euro-intégration, tantôt
affirmé, tantôt refoulé par
l'ex-Président ukrainien correspond plus
ou moins au souci d'équilibre du PC
moldave entre une ouverture au
libre-échange unioniste et la volonté de
maintenir intact le secteur agricole
local et le libre-échange avec la CEI.
Non pas que que les deux soient
foncièrement incompatibles sous
certaines conditions mais les
appréhensions de Moscou de se voir
submergé d'OGM européens faussement
étiquetés se comprennent bien! Qui plus
est, on s'est vite aperçu que la
signature du traité d'association avec
l'UE a entraîné la destruction
progressive de ce secteur agricole
garant de la survie économique du pays,
cela parce qu'il a été jugé
non-compétitif.
La Moldavie vers un
scénario ukrainien?
Ce n'est plus une question de théorie.
Certaines révolutions se font en
plusieurs temps, les révolutions oranges
ne font pas exception. Il a fallu que le
Département d'Etat US attende 10 longues
années — entre 2004 et 2014 — pour voir
aboutir son projet ukrainien. Le galop
d'essai version 2009 en Moldavie a mis à
nu l'extrême vulnérabilité d'un pays
tiraillé entre un voisin membre de
l'OTAN, la Roumanie, et un Etat
aujourd'hui en voie de satellisation
pro-occidentale, l'Ukraine et secoué par
une guerre civile enlisante. Un
développement du scénario de 09 n'est
donc pas une possibilité à écarter
surtout que, comme le disait si bien Von
Clausewitz, si une déviation est
possible elle en devient par là
inévitable. Maintenant, en matière
d'application purement pratique, on
pourrait se demander si les propos de M.
Jagland dépassent l'arsenal verbal en
effet très étoffé des technocrates
européens sachant que l'exemple
donbassien a déjà refroidi bien des
ardeurs.
Selon Fabrice Béaur,
expert en relations internationales,
spécialiste des médias et des réseaux
sociaux, secrétaire général de l'EODE,
la récente prise de position de
Thorbjorn Jagland rime surtout à une
menace: soit Chisinau engage les
réformes qu'on lui enjoint d'engager
avec toute la sauce unioniste qui va
avec, soit elle apprendra de quel bois
s'est chauffé Kiev fin 2013. Cet
ultimatum — car ça en est clairement un
— trahit néanmoins une piètre maîtrise
du dossier sachant que la présence de
casques bleues en Pridniestovje
(Transnistrie) et l'identité
ethno-culturelle d'une importante partie
de la population — beacoup sont
titulaires d'un passeport russe —
sous-entend une éventuelle confrontation
armée avec la Russie en cas d'agression.
En voudrait-on au Parlement européen?
Rien n'est moins sûr. La seule vraie
solution qui vale d'ailleurs autant pour
l'Ukraine, "c'est l'édification d'un
pont entre deux Europe(s), c'est-à-dire
entre l'UE et celle qui s'érige à Moscou
autour de l'Union économique
eurasienne".
Malheureusement, le
va-t-en-guerrisme incurable du Président
ukrainien et les vues de la Roumanie sur
Odessa — c'est sans compter les beaux
yeux qu'elle fait à la Moldavie —
pourrait réveiller le volcan
transnistrien. On en a déjà eu des
nouvelles en mars 2015 lorsque
Porochenko avait tenté de séduire
Bucarest en lui promettant de contribuer
au dégel d'un conflit dont on se
souvient encore à quel point il fut
meurtrier en 1990-1991. Peut-on supposer
que des négociations entre la partie
moldave et Kiev aient déjà eu lieu à
huis clos? L'analyse de M. Béaur est
sans appel: si c'est le cas, "il ne
s'agit pas de négociations mais d'une
entente préparant un coup de force
puisque rien ni personne ne pourrait
conditionner les convictions [des
Transnistriens]". C'est ici en sa
qualité d'observateur international que
notre expert se prononce lui qui avait
assisté au référendum de 2006 sur la
volonté d'indépendance de la PMR, ce
territoire qui a été baptisé de
"Transnistrie" par le gouvernement
fasciste roumain de l'entre-deux-guerres
et qui ne voudrait pas revivre
l'expérience de son occupation en 1941
pas plus qu'elle ne voudrait combler à
ses dépens les lacunes d'une Moldavie
amplement roumanisée, sans position
ferme et que la Banque mondiale a classé
pays le plus pauvre d'Europe!
Selon Fabrice Béaur,
"Porochenko a une pièce sur son
échiquier qu'il pense jouer contre
Moscou" mais la manoeuvre en soi est
irréaliste: à quoi bon ouvrir un
deuxième front quand le premier est
ingérable? Cela étant, il est clair que
le cas pridniestrovien n'est pas prêt à
être résolu. La volonté des peuples à
disposer d'eux-mêmes reste une option à
la carte répudiée au rang d'abus quand
les intérêts géopolitiques de l'OTAN
sont concernés, on l'a vu à la lumière
des dossiers abkhazien, ossète,
pridniestrovien et criméen. Mais
justement, reste à savoir jusqu'où irait
l'OTAN suite aux insuccès récurrents de
la campagne donbassienne et jusqu'à
quand est-ce que la Moldavie restera
imbue de ses versatilités.
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and Elections
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