EODE-BOOKS - Enquête
L'affaire
Greenpeace
EODE
Vendredi 31 mai
2013 EODE-BOOKS -
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RESEARCH
de l’Ong EODE
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# L'AFFAIRE GREENPEACE
Sophie Merveilleux Du Vignaux
Ed. Ouest-France
L’affaire du Rainbow Warrior est une
opération à laquelle le gouvernement et
les services secrets français prennent
part, en 1985, en coulant le navire
amiral de l'organisation écologiste
Greenpeace, le Rainbow Warrior, qui
faisait route vers Mururoa pour
protester contre les essais nucléaires
français. I : UN
NOUVEL ECLAIRAGE SUR L'AFFAIRE
GREENPEACE. Le 10
juillet 1985, peu avant minuit, le
navire amiral de Greenpeace est coulé
dans le port d'Auckland à la suite de
deux explosions.Tout concourt à résumer
l’affaire à quelques éléments factuels :
la Nouvelle-Zélande, un attentat à
l’explosif, un navire écologiste, les
services secrets français.
Et pourtant… 27 ans plus tard, cette
affaire divise encore. 27 ans durant
lesquels tout a été dit, écrit et montré
sur cette affaire qui réunit tous les
ingrédients d’un feuilleton estival.
Sophie Merveilleux du Vignaux apporte à
travers cet ouvrage un nouvel éclairage
sur l'affaire Greenpeace.
Essayiste, Sophie Merveilleux du Vignaux
est spécialiste des questions relatives
aux services spéciaux dans le monde.
Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages
sur les agents secrets, les
renseignements et la désinformation.
Elle vit à Abou Dabi (Émirats arabes
unis). II :
GREENPEACE. DERRIERE L’AFFAIRE,
L’ORGANISATION
Greenpeace (de l'anglais : paix verte)
est une organisation non gouvernementale
internationale de protection de
l'environnement présente dans plus de
quarante pays à travers le monde. Fondé
après le mouvement Don't Make a Wave
Committee visant à s'opposer aux essais
nucléaires aux États-Unis, Greenpeace
est un groupe de propagande et d’action
luttant contre ce qu'il estime être les
plus grandes menaces pour
l’environnement et la biodiversité sur
la planète.
Greenpeace naît à Vancouver en 1971
quand un groupe de quatorze militants
pacifistes et écologistes embarquent à
bord d'un vieux chalutier pour empêcher
les essais nucléaires américains sur le
site d'Amchitka en Alaska. Dès 1972, les
États-Unis cessent leurs essais
nucléaires atmosphériques.
Très vite, le groupe cherche un nom
évocateur de sa double préoccupation :
environnement et pacifisme. Les termes
green (vert) et peace (paix) sont ceux
qui résument le mieux leur démarche.
En 1979, Greenpeace devient une
organisation internationale quand les
bureaux d’Europe, du Pacifique et
d’Amérique se réunissent pour constituer
Greenpeace International. Depuis 1989,
l'organisation a son siège basé à
Amsterdam (Pays-Bas), d'où sont définies
et coordonnées les campagnes de l'ONG.
En 2012, l'organisation revendique plus
de 3 millions d'adhérents-donateurs et
emploie 1 500 salariés, pour un budget
global d'environ 210 millions d'euros.
Ses recettes proviennent exclusivement
des dons de ses adhérents (notamment à
travers des campagnes dites de street
fundraising) et de fondations.
Le principe de non-violence est un
élément fondamental de la démarche de
Greenpeace et est au cœur même de ses
actions. Jamais de dégradation de
matériels, jamais de violence envers qui
que ce soit. Cette tactique
d'interposition des volontaires de
Greenpeace pour empêcher une nuisance,
imposer un temps d'arrêt pour poser le
débat, forcer le positionnement des
acteurs, a été inaugurée par les
fondateurs du mouvement qui se placèrent
dans la zone d'essai de la bombe
atomique américaine en Alaska.
Greenpeace entend mobiliser l’opinion
publique, construire des rapports de
force et obliger les décideurs
politiques et économiques à prendre en
compte les problèmes environnementaux.
Greenpeace concentre son attention sur
les problèmes globaux qui menacent
l'environnement au sens large et qui
constituent des enjeux planétaires :
changements climatiques, consommation
énergétique, prolifération nucléaire,
dégradation de la biodiversité,
pollutions génétiques, dissémination des
produits toxiques...
Il y a aussi la face obscure de
l’organisation.
Dans son livre QUI A TUE L’ECOLOGIE ?
(Éditions Les Liens qui Libèrent),
Fabrice Nicolino dénonce l'évolution de
Greenpeace vers une organisation
capitaliste dirigée essentiellement par
des professionnels et non plus par des
militants. Il donne l'exemple de
l'ancien directeur général de Greenpeace
France, Pascal Husting, qui a longtemps
travaillé dans le monde de la finance.
Les "recruteurs d'adhérents" ne sont pas
tous des bénévoles ni nécessairement des
adhérents de Greenpeace, mais des
salariés formés et rémunérés directement
par Greenpeace. Des critiques qui
rappellent les thèses du sociologue
néo-machiavélien Roberto Michels sur la
« tendance oligarchique » des
organisations développées…
Dans son action Greenpeace se confronte
aux états et aux multinationales,
dérange des intérêts et des projets.
Dont ceux de l’Etat français …
III : L'AFFAIRE DU RAINBOW WARRIOR
La méthode de
Greenpeace repose en partie sur des
actions directes non-violentes parfois
très médiatisées, qui ont fait sa
renommée. S'appuyant sur les retombées
de ces actions pour informer les médias
et le public, l'organisation agit aussi
en tant que lobby auprès des autorités
politiques et des dirigeants
d'entreprises afin de promouvoir les
changements appropriés.
Dès sa création l'organisation a utilisé
des navires pour mener des campagnes à
travers toutes les mers du globe. S'il
lui arrive d'affréter des bateaux, elle
en a également acheté qu'elle transforme
pour mener à bien ses missions. Le plus
emblématique est certainement le Rainbow
Warrior coulé en 1985 dans un attentat
des services secrets français.
Greenpeace est très connue pour
l'utilisation de ses bateaux lors de ses
campagnes de protestation et
d'intervention directe. L'un d'entre
eux, le Rainbow Warrior I, est devenu
célèbre dans ce qui a été appelé en
France « l'affaire du Rainbow Warrior »
ou « l'affaire Greenpeace » : les
services secrets français l'ont fait
couler avec deux mines magnétiques
placées sous sa coque par des plongeurs
de l'armée française dans le port
d'Auckland alors que celui-ci se
préparait à une croisière de
protestation contre les essais
nucléaires français de Moruroa. Au cours
de cet attentat organisé par le
gouvernement français, le photographe
Fernando Pereira a été tué par
l'explosion de la seconde mine
magnétique. En
juillet 1985, le Rainbow Warrior est
donc amarré à Auckland en
Nouvelle-Zélande. Son but est d’emmener
d’autres bateaux vers l’atoll de Mururoa
pour protester contre les essais
nucléaires français et les gêner dans la
mesure du possible.
L'opération se déroule le 10 juillet
1985. Le matériel est transféré d'une
camionnette de location, utilisée par
deux agents appelés les faux époux
Turenge dans un canot pneumatique piloté
par trois nageurs de combat. Le pilote,
identifié comme l'homme au bonnet rouge
et surnommé Pierre le Marin, serait
Gérard Royal1 (frère de la
sociale-démocrate Ségolène Royal). Il
quittera le service avec le grade de
lieutenant-colonel. À 23 h 50, le navire
est coulé, mais le photographe
néerlandais, d'origine portugaise,
Fernando Pereira, parti récupérer, après
une première explosion, ses équipements
photographiques, se trouve piégé à
l'intérieur du navire et meurt lors
d'une seconde explosion.
Les faux époux Turenge sont facilement
arrêtés par la police néo-zélandaise
d'Auckland à cause de la camionnette
qu'ils ont louée pour récupérer les
plongeurs chargés de placer les
explosifs. Un concours de circonstances
fait que, un certain nombre de
cambriolages ayant précédemment eu lieu
sur le port, un vigile placé là en
surveillance, voyant cette camionnette
attendant dans un coin discret, note son
numéro d’immatriculation, ce qui permet
à la police de réagir rapidement.
Dès le 12 juillet à 9 h du matin, la
police néo-zélandaise interpelle deux
touristes suisses munis de faux papiers,
les « faux époux Turenge », qui sont en
fait deux agents de la DGSE, le chef de
bataillon Alain Mafart et le capitaine
Dominique Maire, épouse Prieur. Méfiant,
le surintendant Alan Galbraith, chef de
la Criminal Investigation Branch envoie
deux télex, l'un à Londres, l'autre à
Berne. La réponse arrive le 14 juillet :
ces passeports sont des faux. La presse
néo-zélandaise commence à mettre en
cause les services spéciaux français.
L’affaire Greenpeace commence !
Les protagonistes sont définitivement
identifiés comme étant les poseurs de
bombe grâce à leurs empreintes digitales
retrouvées sous le canot pneumatique qui
avait servi à poser la bombe. Ils sont
inculpés de meurtre le 23 juillet. Le
Premier ministre néo-zélandais, David
Lange, accuse des « éléments étrangers »
d'avoir pris part à l'attentat, visant
implicitement la France. Le 26 juillet,
la justice néo-zélandaise lance un
mandat d'arrêt international contre les
passagers d'un voilier Ouvéa, qui a levé
l'ancre d'Auckland la veille du sabotage
et contre l'agent de la DGSE qui avait
infiltré l'organisation avant
l'opération pour faire des repérages.
Du côté français, Pierre Joxe, alors
ministre de l'Intérieur, décide de
lancer une enquête de police et organise
lui-même la fuite des informations vers
la presse. Ces fuites permettent à
l'enquête néo-zélandaise de progresser
très rapidement et déclenchent un
important scandale médiatique. Selon les
participants de l'opération, le but de
Pierre Joxe aurait été de se débarrasser
de Charles Hernu, ministre de la
Défense, alors proche de Mitterrand, et
rival politique au sein du gouvernement.
Alors que Charles Hernu nie toujours
toute implication de la DGSE,
l'imminence de la publication de
documents compromettants décide François
Mitterrand à commander le 6 août un
rapport au conseiller d'État Bernard
Tricot, remis le 26 août et qui blanchit
la DGSE, suscitant même les doutes du
Premier ministre Laurent Fabius. Après
la révélation le 17 septembre par le
quotidien le Monde de l’existence d’une
troisième équipe alors que la défense de
la France s'appuyait sur l'impossibilité
pour les faux époux Turenge et les
hommes de l'Ouvéa d'avoir commis
l'attentat, le scandale rebondit. Le
surlendemain, le Président réclame à son
Premier ministre des sanctions. Le 20
septembre, le ministre de la Défense
Charles Hernu démissionne et l’amiral
Pierre Lacoste, patron de la DGSE, est
limogé. Le 22 septembre, Laurent Fabius
finit par admettre à la télévision que
les services secrets français avaient
mené l’attaque du Rainbow Warrior.
Le 4 novembre 1985, Alain Mafart et
Dominique Prieur comparaissent devant la
cour d'Auckland pour les premières
auditions ; ils plaident coupable
d’homicide involontaire. Le 22 novembre,
ils sont condamnés à 10 ans de prison.
La France négocie discrètement. Ils sont
transférés en juillet 1986 sur l'atoll
de Hao en Polynésie et affectés au 5e
régiment étranger pour administration.
Ils seront rapatriés en métropole
séparément. Le 14 décembre 1987, le chef
de bataillon Mafart est rapatrié pour
raisons médicales, suivi le 6 mai 1988
du capitaine Maire, son père mourant.
La Nouvelle-Zélande porte alors
l’affaire devant un tribunal arbitral.
Les relations entre les deux pays
resteront tendues de nombreuses années.
En 1987, la France versera 8,16 millions
de dollars d’indemnités à Greenpeace.
La France s'est abstenue de s'opposer à
l'entrée sur le territoire européen de
la viande d'agneau et de mouton en
provenance de Nouvelle Zélande, ce qui
tranche avec son habitude de défendre
les intérêts de l'agriculture, ce que
certains imputent à un accord tacite
faisant partie du volet des réparations
de la France à la Nouvelle Zélande.
EAN13 : 9782737360008
Réf éditeur : 46641
Collection : Espionnage
Editeur : Ouest-France
Date de parution : 21/03/2013
Nombre de pages : 173
Présentation : Poche
EODE-BOOKS
eode.books@yahoo.com
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