EODE-BOOKS
Politique française
Chirac-Hollande, une histoire
corrézienne
EODE
Lundi 16 février 2015
EODE-BOOKS - lire - s’informer – se
former
Un service du Département EDUCATION &
RESEARCH
de l’Ong EODE
http://www.eode.org/
http://www.facebook.com/EODE.org
# CHIRAC-HOLLANDE, UNE HISTOIRE
CORRÉZIENNE
Auteur: Denis Tillinac
Editeur: Plon
« L’affectivité qu’ils répandent à
profusion, sur le fil de l’instant,
n’exclut pas un énorme fond
d’indifférence. On n’atteint pas les
sommets politiques sans un égocentrisme
ravageur qui laisse sur le carreau des
monceaux de cadavres affectifs. Y
compris dans le cercle familial. »
- Denis Tillinac.
Chirac, Hollande : deux ambitions, un
même terroir. Un demi-siècle de vie
politique …
Avec des anecdotes savoureuses et des
confidences inédites, Denis Tillinac
restitue le parcours corrézien de ces
deux Présidents qu'il a bien connus et
observés et met en évidence leurs
similitudes plus profondes qu'on le
croit.
Chirac, Hollande : deux ambitions, deux
générations, un même terroir. Deux élus
au long cours d'un département rural et
excentré du Massif central, voisin des
anciens fiefs de Pompidou et de Giscard,
ou poussent au naturel les ministres et
les cèpes. Deux rivaux qui se sont
longtemps et violemment combattus avant
de se rapprocher, de sympathiser,
jusqu'à la fameuse phrase de Chirac : «
Je voterai pour toi. »
Avec des anecdotes savoureuses et
certaines confidences inédites, Denis
Tillinac restitue le parcours corrézien
de ces deux Présidents qu'il a bien
connus et observés en romancier. Son
livre est une traversée buissonnière de
près d'un demi-siècle de vie politique,
dans le sillage des deux patrons
successifs de son département. Il a
repéré des similitudes profondes et
découvert dans une bourgade le berceau
de la « chiracollandie ». Existerait-il
un art corrézien d'accommoder la
politique ?
Un récit vivant et chaleureux, dans une
certaine nostalgie de l'ère Chirac et
dans l'expectative quant à la vraie
nature de Hollande. Mais surtout, une
dénonciation involontaire d’un système
politique sclérosé. Où droite et gauche
sont les deux faces similaires d’une
même oligarchie. Si Chirac et Holande se
ressemblent tant c’est que rien ne les
différencie fondamentalement, ni le
programme réel, ni une idéologie qui
n’existe plus.
Le constat de Tillinac est terrible et
sans appel. Manipulation de la naïveté
du citoyen-lambda, fausse empathie de
monstres froids confits dans leur
égocentrisme forcené : « L’affectivité
qu’ils répandent à profusion, sur le fil
de l’instant, n’exclut pas un énorme
fond d’indifférence. On n’atteint pas
les sommets politiques sans un
égocentrisme ravageur qui laisse sur le
carreau des monceaux de cadavres
affectifs. Y compris dans le cercle
familial. »
EXTRAIT DE "CHIRAC-HOLLANDE : UNE
HISTOIRE CORRÉZIENNE" :
Au fond, sur le plan de la vision de la
France dans le monde, et des équilibres
sociaux à l’intérieur du pays, rien ne
les oppose. Enarques l’un et l’autre,
leur dirigisme foncier s’accommode de
l’économie sociale de marché. On
n’insistera jamais assez sur le cadrage
d’un esprit formé à l’abordage de la
chose publique par le couple
Sciences-Po-ENA, qu’il penche à droite
ou à gauche. « Une patrie, c’est une
langue », écrivait Cioran, et la langue
énarchique, sa syntaxe surtout,
détermine bel et bien une identité
patriotique qui va au-delà des
connivences de carrières entre anciens
élèves.
La seule pierre d’achoppement de Chirac
et de Hollande, c’est l’Etat, et ils
savent que, pour entretenir ce moloch,
il faut tondre la laine sur le dos des
classes moyennes. Ils savent aussi qu’en
les prolétarisant à l’excès on priverait
le pays de son soubassement, pour ne pas
dire de son identité. Il en résulte le
sentiment – partagé – d’une approche
minimaliste de l’art de gouverner, sans
brusquerie et en épousant les lignes de
fuite de l’opinion. Ils appartiennent
l’un et l’autre au parti de l’humilité
politique.
Converti à la nécessité de poursuivre la
construction européenne, sensibilisé à
la menace d’un désastre écologique
d’ampleur planétaire, à la défense des
cultures minoritaires, à la préservation
du « modèle social », viscéralement
hostile au nationalisme poujadisant du
Front national, Chirac ne serait pas
intellectuellement dépaysé dans les
milieux modérés du PS. Ceux par exemple
qui se réfèrent... à Delors. Il
trouverait seulement que les palabres
s’y éternisent et qu’ils se barbouillent
trop de sociologie.
Convaincu que l’Etat doit encadrer
plutôt qu’animer la vie économique (il a
fait HEC avant l’ENA), et que les
rigidités de notre droit social
handicapent nos entrepreneurs, Hollande
ne serait pas davantage paumé dans les
sphères « sociales », réformistes,
européistes de l’UMP. Mitterrandiste par
nécessité, jospiniste par accident, il
est plus proche d’un Baroin que d’un
Hamon.
En Corrèze, Hollande fait du Chirac.
Même relation avec l’électeur. Même
intelligence des situations concrètes.
Même attention aux desiderata des élus.
Même clientélisme, pour tout dire. C’est
la règle du jeu avec le scrutin
uninominal, nul élu ne peut s’en
affranchir. Mettons que Chirac et
Hollande s’y soient adonnés sans compter
leur peine, ni leur temps. Pour l’un
comme l’autre, la politique est un «
métier » d’artisan plutôt que d’artiste.
Même souci d’arrondir les angles en
dépolitisant. Chirac n’a jamais cru à la
pertinence des clivages partisans, il
préférait convaincre plutôt qu’imposer,
en usant des armes de la séduction. Une
seule ligne de démarcation politique lui
importait, celle, mobile, qui séparait
ses partisans de ses adversaires. Son
optimisme reposait sur la conviction
qu’on peut toujours chiraquiser un
récalcitrant, il suffit de le prendre
par le bon bout, celui de son désir, de
son ambition, de sa vanité. Hollande
adapte son propos à l’interlocuteur ou à
l’auditoire. Un débat sur la laïcité m’a
opposé à lui, dans le cadre des soirées
organisées à Brive par François David,
le directeur des écoles libres de la
Corrèze, ancien président national du
Syndicat de l’enseignement catholique.
Un gaulliste tendance Charbonnel, en
plus œcuménique, animateur du Centre
Michelet sur la Résistance. Public
catho. Hollande est « laïque » comme on
se doit de l’être au PS. Ses biographes
font état de mauvais souvenirs qu’il
aurait gardés de sa scolarité chez les
salésiens de Rouen. Il n’a rien dit qui
puisse être suspecté de complaisance
pour l’école libre, mais rien non plus
qui eût indisposé l’auditoire. Le plus
probable est qu’il n’a pas d’opinion
arrêtée sur le sujet. Un esprit mal
intentionné en déduirait peut-être qu’il
n’a d’opinion arrêtée sur rien. Max
Gallo n’hésite pas à l’affirmer. Martine
Aubry le laissera entendre durant la
campagne des primaires. Hollandisme,
stade suprême du scepticisme ? Du
chiraquisme ?
Les proches de Hollande à Tulle
affirment qu’il préfère le job de maire
à celui de président du conseil général.
Parce qu’un maire, seul maître à bord,
constate de visu les effets de son
action. C’est concret, on se sent dans
la peau virile d’un ingénieur en chef du
BTP. Tandis qu’au conseil général il
faut caresser des ego dans le sens du
poil, et parfois trancher dans le vif.
Hollande y répugne, plus encore que
Chirac. L’exercice de l’autorité n’est
pas son point fort. Il a tendance à
rechercher le consensus avant la
négociation.
Hollande n’aime pas le conflit. Chirac
non plus. Pour l’un et l’autre, la
recherche du plus petit dénominateur
commun est de l’ordre de l’inné. Ils
n’aiment pas dire non. Cependant, Chirac
décidait quand ça coinçait, et si on
résistait il pouvait être cinglant.
Hollande donne l’impression de laisser
son entourage décider à sa place. Si
Mitterrand a vraiment dit ce qu’un de
ses ministres a rapporté, c’est le «
caractère » qui est en cause – et on
peut changer d’idée, de parti ou
d’épouse, pas de caractère.
Chirac a de l’empathie pour les gens.
Hollande aussi. L’affectivité qu’ils
répandent à profusion, sur le fil de
l’instant, n’exclut pas un énorme fond
d’indifférence. On n’atteint pas les
sommets politiques sans un égocentrisme
ravageur qui laisse sur le carreau des
monceaux de cadavres affectifs. Y
compris dans le cercle familial. Ne
jamais oublier que la passion du pouvoir
est une pathologie lourde et incurable
qui affecte toutes les instances du
psychisme et vise à instaurer une
relation de dépendance de facture
sourdement érotique. Ses sectateurs ont
un besoin panique que l’on ait besoin
d’eux et qu’un halo de vénération les
entoure. Les protège. Les totémise,
aurait dit Freud. Quiconque a pénétré
par curiosité ou mégarde leur univers,
sans succomber à la tentation de s’y
laisser happer, finit par conclure
qu’ils sont tous cinglés.
Au fond, qu’est-ce qui sépare Chirac de
Hollande, sinon le caractère, et la date
de naissance ? Au début des années 60,
il fallait se couler dans la mouvance
gaulliste pour se rapprocher du pouvoir
; au début des années 70, il fallait
être libéral décravaté pour relever le «
défi américain » ; au début des années
80, il valait mieux aller pêcher des
voix de cadres « branchés » dans les
eaux socialistes. Au sommet de l’Etat,
ces distinguos s’effacent. C’est
l’époque qui les a enrôlés de part et
d’autre de la frontière érigée par le
mode de scrutin. A ceci près que Chirac,
plus irréfléchi dans sa jeunesse, fut
brièvement tenté par l’Algérie
française, et encore plus brièvement par
le communisme, tandis qu’à vingt ans
déjà, Hollande était dans les clous du
légalisme bourgeois. Il en ressort cette
impression que le destin de Chirac eût
pu s’élancer – ou s’égarer – ailleurs
que sur les rails d’un itinéraire
politique au long cours. Hollande, on ne
l’imagine qu’en homme politique, il
faisait déjà ses gammes au lycée.
L’AUTEUR:
Denis Tillinac, corrézien, a publié plus
de quarante livres XLIOX8211; romans,
essais, récits, poésie XLIOX8211;, dont
le Dictionnaire amoureux de la France
(Plon, 2008), qui lui ont valu de
nombreux prix littéraires. Son dernier
ouvrage Du bonheur d'être réac. Apologie
de la liberté (Éditions des Équateurs) a
connu un beau succès.
ISBN 9782259227711
250 pages
EODE / 2015 02 15 /
EODE-BOOKS
eode.books@yahoo.com
http://www.eode.org/category/eode-books/
* EODE EDUCATION & RESEARCH :
The Department
EDUCATION-FORMATION-RESEARCH of the Ngo
EODE and of EODE-THINK TANK.
* EODE / Eurasian Observatory for
Democracy & Election
(Brussels-Paris-Moscow-Kichinev- Yaounde)
http://www.eode.org/
http://www.facebook.com/EODE.org
Le
sommaire d'invitation à lire
Les dernières mises à jour
|