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Témoignage : le pays du mal
Otages du djihad en Syrie, 152 jours
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Samedi 14 février 2015
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# LE PAYS DU MAL. OTAGES DU DJIHAD EN
SYRIE, 152 JOURS
Editeur: L’Harmattan
Auteur: Pierre Piccinin da Prata,
Domenico Quirico
Historien et
politologue, enseignant qui se veut un
« reporter de guerre », spécialiste du
monde arabo-musulman, « Pierre Piccinin
da Prata a couvert les terrains » de
toutes les soi-disant « révolutions du
Printemps arabe », dit l’éditeur. C’est
aussi un homme méprisé par les
spécialistes auto-proclamés de
l’Université franco-belge et les médias
occidentaux, dont il recherche pourtant
une caution qui ne viendra plus. Et
c’est un homme controversé, qui est
passé en Syrie du soutien au
gouvernement Assad à sa dénonciation,
puis a livré (dans ce livre précisément)
un témoignage à décharge pour lui dans
le dossier des « Attaques chimiques ».
Le témoignage de Piccinin – alors pro
rebelles – implique l’ASL dans l’attaque
au gaz de Djobar.
Mis en cause : un « général de l’Armée
syrienne libre » et deux officiers
supérieurs de la « brigade Abou Ammar »,
une katiba djihadiste intégrée à l’ASL,
avec des activités criminelles. Que dit
alors le témoin Piccinin, enlevé par
l’ASL et anti-Assad, sur ses anciens
amis : « C’est un devoir moral de le
dire. Ce n’est pas le gouvernement de
Bachar Al-Assad qui a utilisé le gaz
sarin ou autre gaz de combat dans la
banlieue de Damas. Nous en sommes
certains suite à une conversation que
nous avons surprise. »
Faudrait-il donc
refuser le témoignage d’un témoin de
premier plan ?
D'avril à septembre 2013, il a été
retenu en otage par les Brigades
islamistes al-Farouk, avec l'envoyé
spécial du quotidien italien La Stampa,
Domenico Quirico. Ce sont cinq mois de
souffrances, de colère, d'enfermement à
travers les villes en ruines et les
campagnes ravagées que les auteurs nous
livrent dans ce témoignage.
EXTRAIT
« La fatigue, la faim et la soif,
auxquelles s'ajoute cet état de
somnolence répétée, rendent la nuit
fantastique : j'en perds complètement la
notion du temps et, à la lueur des
fusées éclairantes tirées en
contre-jour, les miliciens qui se
suivent en files indiennes prennent des
allures de géants et ressemblent aux
ombres que produit le théâtre chinois
pour conter avec des marionnettes les
légendes antiques.
Le 7 juin, peu avant l'aube, cette
fantasmagorie devint dantesque,
lorsqu'il fallut forcer les lignes
gouvernementales pour la deuxième fois…
Nous nous mettons à courir sur un chemin
bombardé où l’on meurt tout autour de
nous. Dans les fossés, des blessés
hurlent, grimaçants, et tendent vers
nous leurs mains ensanglantées, tandis
qu’explosent dans la campagne les obus
de l’artillerie ennemie et que
retentissent les tirs saccadés des
mitrailleuses. Partout, dans les champs
en friche, les herbes folles brûlent
sous le vent, et les hautes flammes qui
s'en élèvent font se contorsionner les
noirs reflets des corps qui se
bousculent en une cohue infernale, danse
macabre où, en cherchant un peu, l’on
aurait probablement pu distinguer parmi
les danseurs les pieds fourchus de
Satan, si l’obligation d’avancer sans se
retourner n’avait été aussi pressante.
Des tourbillons de fumée épaisse,
chargés de paillettes de végétaux
calcinés, sont repoussés vers le sol par
la furie du ciel, qui rend ainsi l'air
âcre et sec, dont chaque inspiration
nous griffe la gorge et étouffe nos
poumons. (...)
Alors que nous avons presque atteint la
ville, dont les édifices de béton clair
se reflètent dans le ciel, ajoutant ce
prodigieux phénomène à la vision
hallucinée de cet enfer, nous sommes
pris sous le feu d'une mitrailleuse. Les
balles ricochent sur le sol et fendent
l'air tout autour de nous. Notre avancée
est arrêtée par les corps de jeunes
djihadistes qui nous précédaient,
fauchés par une rafale. L'infâme et les
deux esclaves, apeurés, ne sachant
comment se protéger, se sont presque
accroupis et hurlent, sans plus avancer.
Depuis que nous nous sommes élancés vers
la ville, ils se sont agrippés à nos
vêtements et ne nous lâchent pas, de
peur que, profitant du désordre, nous
nous enfuyions. (...)
Lorsque je parviens au sommet de la
colline, à l'entrée de la ville, je me
retourne pour, d'un regard, embrasser le
tableau infernal et fabuleux que produit
toute cette foule ainsi bombardée et
mitraillée ; et j'ai le sentiment, à ce
bref instant, de découvrir la vision
extatique de la Géhenne, grande ouverte
à mes yeux, à mes oreilles, à mon
odorat, béante, peuplée des âmes des
damnés qui se débattent et se tordent
dans la douleur, emprisonnées des hautes
flammes qui tournoient tout autour
d'elles et brûlent leur peau.
L'effroyable spectacle est surréaliste,
monstrueux... »
L’AUTEUR :
Pierre Piccinin da Prata a effectué neuf
voyages en Syrie, depuis le début des
troubles, et, en mai 2012, il avait été
arrêté par les services secrets syriens
et emprisonné dans leurs prisons de Homs
et de Damas. Il collabore à plusieurs
quotidiens et revues. Depuis mai 2014,
il est rédacteur en chef du mensuel
électronique Le Courrier du Maghreb et
de l’Orient. Aux Éditions de
L’Harmattan, il a déjà publié La
Bataille d’Alep et Tunisie, du triomphe
au naufrage (entretiens avec le
Président Moncef Marzouki).
Enseignant de l'athénée de
Philippeville (Près de Charleroi,
Wallonie), historien et politologue de
formation, passe ses congés scolaires à
voyager dans les zones de guerre, Pierre
Piccinin se rendait en Syrie pour la 7e
fois depuis le début du soulèvement anti
Assad en 2011. Il avait basculé du côté
de l’ASL après une arrestation. Enlevé
par ses amis rebelles en Syrie en avril
2013, il avait été libéré le 8 août 2013
avec l'Italien Domenico Quirico,
journaliste au quotidien La Stampa.
Domenico Quirico est journaliste,
grand-reporter à La Stampa. Il a couvert
les principaux événements de ces vingt
dernières années en Afrique, de la
Somalie au Congo, du Rwanda au Printemps
arabe. Il a reçu les prix Cutuli et
Premiolino du journalisme italien. Il a
accompagné Pierre Piccinin da Prata en
Syrie durant cinq de ses voyages. Il est
l’auteur de Primavera araba, aux
Éditions Bollati Boringhe
EAN
9782343040110
ISBN
2343040114
EODE / 2015 02 13 /
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