BDS France 34
Mon grand-père, Nelson Mandela, a aidé à
mettre fin
à l’apartheid. Faisons de
même pour la Palestine
Nkosi Zwelivelile
Mercredi 15 avril 2020 Ne rien faire
équivaut à se rendre complices du
maintien du régime d’oppression
israélien contre le peuple palestinien
Nkosi Zwelivelile
Le 11 février
dernier a marqué le 30e
anniversaire de la libération de prison
par le régime d’apartheid sud-africain
de mon grand-père, Nelson Mandela.
Six ans après son
décès, mon grand-père reste un symbole
de notre victoire sur l’apartheid et une
inspiration mondiale pour la lutte
contre le racisme institutionnalisé.
Alors que le
racisme et la xénophobie se renforcent à
travers le monde, soutenus par des
dirigeants tels que le président
américain Donald Trump, l’héritage de
mon grand-père et la lutte contre le
racisme restent des préoccupations
mondiales.
Légitimer le vol
de terres
L’ONU a choisi le
21 mars pour célébrer la
Journée internationale pour
l’élimination de la discrimination
raciale parce que c’était le jour où
la police sud-africaine a abattu 69
manifestants sud-africains noirs non
armés à Sharpeville. Cette année, nous
avons commémoré le 60e
anniversaire de ce terrible massacre.
Même l’ambassadeur
d’Israël en Afrique du Sud
lors de la
chute de l’apartheid, Alon Liel,
a
qualifié le plan de Trump « d’imitation
du modèle de bantoustans »
Aujourd’hui, c’est
en
Palestine occupée que les échos de
l’apartheid sud-africain sont les plus
forts. Nous, les Sud-Africains, nous
remémorons Sharpeville en voyant les
atrocités commises par l’armée
israélienne et ses tireurs d’élite
contre des Palestiniens non armés
manifestant pour leurs droits dans la
prison en plein air qu’est Gaza. En une
seule journée en 2018, les forces
brutales d’occupation israéliennes ont
massacré au moins 58 manifestants.
La consolidation
permanente du
régime d’apartheid israélien est un
objectif de Donald Trump et du Premier
ministre israélien d’extrême droite
Benyamin Netanyahou. Le
« plan de paix » dévoilé en janvier
par le président américain est une
tentative tellement effrontée de
légitimer le vol de terres, les colonies
illégales et la discrimination que les
Sud-Africains et d’autres dans le monde
entier ont immédiatement vu notre
expérience de l’apartheid reflétée dans
les enclaves palestiniennes déconnectées
que proposait
la carte du plan.
Traduction : «
Trente ans après la chute de l’apartheid
sud-africain, Trump et Netanyahou
imposent leur propre plan d’apartheid
aux Palestiniens, avec des colonies
isolées uniquement juives construites
sur des terres palestiniennes volées. »
Notre président,
Cyril Ramaphosa, un leader
anti-apartheid, a
déclaré que le plan de Trump
« rappelait l’horrible histoire que
nous, Sud-Africains, avons traversée,
alors que le régime d’apartheid imposait
un système de bantoustans au peuple
sud-africain. »
Même l’ambassadeur
d’Israël en Afrique du Sud lors de la
chute de l’apartheid, Alon Liel, a
qualifié le plan de Trump «
d’imitation du modèle de bantoustans »
qui légitime « un nouveau modèle
d’apartheid du XXIe siècle ».
Bien que ces
comparaisons soient particulièrement
suggestives, qualifier les politiques
israéliennes d’apartheid ne repose pas
uniquement sur une similitude étroite
avec les conditions que les noirs ont
endurées en Afrique du Sud. L’apartheid
est en effet un concept
défini par le droit international
comme étant « un régime
institutionnalisé d’oppression
systématique et de domination d’un
groupe racial sur un autre ».
Mouvement BDS
La domination
d’Israël sur les Palestiniens correspond
à cette définition, notamment son mur
d’apartheid, son système de cartes
d’identité, ses lois différentes pour
les colons et les Palestiniens de
Cisjordanie, son emprisonnement de masse
des Palestiniens, sa
saisie ininterrompue des terres
palestiniennes, son refus du droit
au retour des réfugiés palestiniens et
son institutionnalisation de la
discrimination envers les citoyens
palestiniens d’Israël par le biais de la
loi sur Israël
en tant qu’État-nation du peuple juif.
Des collègues
palestiniens affirment avoir été
inspirés par notre expérience dans la
lutte contre l’apartheid. Ainsi, en
2005, la société civile palestinienne a
mis en place ce qui est aujourd’hui un
mouvement mondial non violent de
Boycott, Désinvestissement et Sanctions
(BDS) en soutien à la lutte de
libération palestinienne, délibérément
calqué sur le boycott de l’Afrique du
Sud au temps de l’apartheid.
Un homme assiste à
un rassemblement BDS dans le sud de la
France en juin 2018 (AFP)
L’ancien président
Nelson Mandela a été témoin de la façon
dont les puissances oppressives
travaillent ensemble et a pu constater
que les luttes mondiales contre
l’oppression étaient interdépendantes,
ce qui l’a rendu farouchement solidaire
des Palestiniens et des autres peuples
opprimés.
Il y a plusieurs
années, il a
déclaré que la liberté de l’Afrique
du Sud était « incomplète sans la
liberté des Palestiniens » et que la
liberté du peuple palestinien
était « le plus grand problème moral
de notre temps ». Ses déclarations
sonnent toujours vrai de nos jours.
Stimulé par
l’exemple de celui qu’on surnommait « Madiba »
et par les graves injustices que les
Palestiniens continuent de subir, je
plaide activement auprès de la société
civile sud-africaine et de notre
gouvernement pour qu’il agisse en faveur
des droits des Palestiniens et du
mouvement BDS.
Solidarité
mondiale
J’aide également à
partager nos expériences à l’échelle
internationale. Fin mars, à l’occasion
de la Journée pour l’élimination de la
discrimination raciale et de la
Semaine de l’apartheid israélien,
qui se tient chaque année à travers la
planète, j’ai exhorté les Européens –
par vidéo plutôt qu’en personne, en
raison des restrictions imposées aux
voyages et rassemblements publics dans
le cadre des
mesures prises pour lutter contre le
coronavirus – à incorporer les
droits des Palestiniens dans d’autres
mouvements contre le racisme et à
soutenir le BDS.
Rony Brauman : les
déclarations d’Emmanuel Macron
« nourrissent et amplifient
l’antisémitisme »
Lire
En effet,
l’apartheid israélien ne peut pas être
défié efficacement de manière isolée,
car le régime d’extrême droite israélien
est soutenu par d’autres régimes
autoritaires et gouvernements de droite
– comme ceux des États-Unis, du
Royaume-Uni,
de l’Inde et du Brésil – qui
partagent les mêmes idéologies racistes
et échangent stratégies et outils
militaires, policiers et de surveillance
afin de perpétuer la répression.
Israël et ses
alliés américains et européens se sont
également unis pour réprimer le BDS au
moyen de lois et de résolutions qui
restreignent et diabolisent le
mouvement.
Au Royaume-Uni, par
exemple, le gouvernement du Premier
ministre Boris Johnson a
annoncé son intention d’empêcher les
autorités publiques de participer aux
boycotts et aux désinvestissements,
reflétant
l’interdiction du boycott imposée
aux municipalités britanniques par le
gouvernement Thatcher afin de protéger
l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Néanmoins, les
partisans des droits de l’homme
aujourd’hui devraient se sentir
encouragés par le fait de savoir que la
pression populaire a finalement forcé le
gouvernement britannique à rompre avec
le gouvernement d’apartheid
sud-africain, contribuant ainsi à
accélérer sa chute.
S’opposer à
l’injustice
De la même manière
que vous avez répondu à notre appel à un
mouvement mondial anti-apartheid et au
boycott du gouvernement sud-africain,
j’appelle les personnes, organisations
et mouvements sociaux qui s’opposent au
racisme et soutiennent la liberté à
travers l’Europe à se rassembler pour
aider à mettre un terme à l’apartheid
israélien, tout comme nous nous sommes
unis pour abolir l’apartheid en Afrique
du Sud.
Ne rien faire
équivaut à se rendre complices du
maintien du régime d’oppression
israélien contre le peuple palestinien.
De l’Afrique du Sud
à la Palestine en passant par l’Europe
et tous les endroits où les peuples
luttent contre le racisme, nous devons
suivre l’exemple donné par notre icône
mondiale, Nelson Rolihlahla Mandela, et
nous unir contre l’opposition à
l’injustice. Parce qu’aucun de nous ne
sera vraiment libre tant que nous ne
serons pas tous libres.
– Nkosi
Zwelivelile « Mandla » Mandela est
chef du Conseil traditionnel de Mvezo,
petit-fils de l’ancien président
sud-africain Nelson Mandela et député à
l’Assemblée nationale d’Afrique du Sud.
Traduit de
l’anglais (original).
Nkosi Zwelivelile
Nkosi Zwelivelile “Mandla”
Mandela is chief of the Mvezo
Traditional Council, grandson of former
South African President Nelson Mandela,
and a member of Parliament (MP) in the
South Africa National Assembly.
https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/mon-grand-pere-nelson-mandela-aide-mettre-fin-lapartheid-faisons-de-meme-pour-la
Le
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