Moyen-Orient : Israël appelé
à reconsidérer sa politique de pression militaire à Gaza
9 novembre 2006 – Devant le
Conseil de sécurité réuni d'urgence sur le Moyen-Orient après
l'attaque israélienne contre le quartier résidentiel de Beit
Hanoun, la Sous-secrétaire générale aux affaires
politiques, Angela Kane, a espéré que l'enquête promise par
Israël lui offrirait l'occasion de « réfléchir » à sa
politique de pression militaire qui échoue à mettre fin aux
tirs de roquette palestiniens, qu'elle a de nouveau condamnés.
« Le Secrétaire général a pris note hier de l'intention
déclarée par le gouvernement israélien de procéder à une
enquête approfondie sur le récent incident de Beit Hanoun.
Nous considérons cette enquête comme une occasion pour Israël
de réfléchir non seulement à l'opération militaire et à
ses implications opérationnelles mais aussi à la pression
militaire de façon générale, laquelle, clairement, ne
produit pas les effets recherchés de mettre fin aux attaques
à la roquette », a déclaré Angela Kane, lors d'une séance
publique au Conseil de sécurité.
« Les Palestiniens ont besoin, plus que jamais, d'un répit
face au siège auquel ils sont soumis afin qu'une solution crédible
à la crise puisse être négociée », a-t-elle ajouté.
La réunion a été convoquée par le président du Conseil
de sécurité à la demande du Qatar, demande appuyée par le
groupe des non alignés, de l'Organisation de la Conférence
islamique, de la Ligue des Etats arabes et de l'Observateur de
la Palestine.
Angela Kane a rappelé que les quelque 12 à 15 tirs de
mortiers menés hier pendant une demi-heure par l'armée israélienne
avaient détruit une maison à Beit Hanoun, dans le nord de
Gaza, tuant au moins 18 Palestiniens, dont huit enfants et
sept femmes, et blessant 55 personnes, soulevant la
'consternation' du Secrétaire général (dépêche
du 8.11.06).
« Cet incident fait suite à une opération militaire
d'une semaine dont le but affiché était » de « prévenir
et interrompre le lancement de roquettes vers Israël et de détruire
l'infrastructure terroriste dans la zone de Beit Hanoun »,
a-t-elle poursuivi, soulignant que selon l'Organisation
mondiale de la santé (OMS)
82 Palestiniens ont été tués à Gaza entre le 1er et le 8
novembre et 260 blessés.
L'armée israélienne estime que 57 d'entre eux étaient
des « terroristes armés » et a indiqué avoir récupéré
un grand nombre d'armes. Un soldat israélien a été tué et
un autre blessé, a-t-elle encore dit.
Angela Kane a rappelé que les militants palestiniens
avaient continué à tirer des roquettes contre Israël – 52
entre le 31 octobre et le 6 novembre – dont 35 avaient touché
les villes de Sderot et de Ashqelon, faisant quatre blessés.
« L'ONU a de façon répétée condamné les tirs de
roquette par les Palestiniens. Nous le faisons à nouveau
aujourd'hui (?) Il est crucial que les forces palestiniennes
responsables joignent leurs efforts pour s'assurer que les
attaques menées par les militants soient arrêtées »,
a-t-elle affirmé.
« C'est une des raisons pour lesquelles l'ONU et ses
partenaires du Quatuor continuent d'encourager les efforts du
président Abbas pour mettre en place un gouvernement d'unité
nationale », a-t-elle souligné, avant de rappeler qu'hier le
président palestinien Abbas et le Premier ministre Haniyeh,
appartenant au Hamas, ont repoussé leurs pourparlers sur l'établissement
d'un nouveau gouvernement palestinien « jusqu'à nouvel ordre
».
Les tentatives antérieures pour rassembler un nouveau
gouvernement d'unité nationale entre le président
palestinien, chef du Fatah héritier de Yasser Arafat et le
chef du mouvement islamique Hamas, vainqueur aux élections de
janvier 2006, ont jusqu'à présent achoppé sur la
persistance du Hamas à refuser de reconnaître Israël, à
renoncer à la lutte armée et à reconnaître les accords antérieurs
signés par l'Organisation de libération de la Palestine.
Selon les informations parues dans la presse, suite à
l'incident de Beit Hanoun, le chef du Hamas en exil en Syrie,
Khaled Meshaal, a appelé à rompre la trêve observée par
son mouvement depuis un an et à reprendre les attaques
suicide à l'intérieur du territoire israélien.
Devant le Conseil de sécurité, l'Observateur de la
Palestine, Riyad Mansour, a accusé Israël de perpétrer des
actes de terrorisme d'Etat, déplorant l'inaction du Conseil
de sécurité en dépit des nombreuses lettres envoyées au
Conseil pour demander une intervention.
Il a aussi récusé les excuses et regrets présentés par
le gouvernement israélien à l'issue de l'attaque et déploré
l'intervention militaire juste au moment où se déroulaient
les négociations en vue de la mise en place d'un nouveau
gouvernement.
Pour sa part, le représentant israélien, Daniel Carmon, a
réitéré les excuses de son gouvernement et rappelé que
depuis qu'Israël s'était retiré de Gaza en août 2005 les
Palestiniens n'avaient pas saisi cette occasion historique
pour jeter les bases d'un futur Etat vivant en paix et en sécurité
aux côtés d'Israël, mais qu'ils avaient au contraire utilisé
leur territoire pour intensifier les attaques.
L'ambassadeur de la France, Jean-Marc de la Sablière, a
appuyé la demande lancée hier par le Secrétaire général
en vue d'une enquête approfondie sur l'attaque qui a fait 18
morts.
Jean-Marc de la Sablière a aussi indiqué qu'avec ses
partenaires du Quatuor pour le Moyen-Orient, composé des États-Unis,
de la Fédération de Russie, de l'ONU et de l'Union européenne,
il faudrait peut-être envisager un « mécanisme de
protection des civils » afin d'éviter qu'un tel incident ne
se reproduise.
Source : Centre de nouvelles ONU
http://www.un.org/french/newscentre/
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