Rapport
La ville occupée d'Al-Quds :
colonisation et
judaïsation sur fond de négociations
QII
Dimanche 19 janvier 2014
Rapport trimestriel octobre –
décembre 2013 (département d’études de
l’Institution Internationale al-Quds –
QII)
Résumé
L’année 2013 s’est achevée, pour la
ville d’al-Quds, dans un contexte de
négociations, contexte qui a toujours
servi à l’occupation pour asseoir sa
domination et confirmer sa politique.
Peu auparavant, les élections
municipales organisées par l’occupant
furent l’occasion pour les Maqdisis
d’affirmer leur refus de l’occupation en
boycottant ces élections, alors qu’au
même moment, on assistait à la
normalisation arabe avec l’occupant par
le biais de rencontres ou de projets
communs avec des personnalités ou des
institutions de l’occupation.
La judaïsation religieuse et culturelle
subie par la mosquée al-Aqsa n’est pas
tant le fait des incursions répétées, et
devenues quotidiennes, de la mosquée,
que les tentatives incessantes visant à
entériner la présence juive dans la
mosquée et « la liberté de prier sur le
mont du temple ». Les députés du parti
« la maison juive » ont présenté un
projet de loi le 1/11/2013 proposant de
réserver des heures pour les juifs dans
la mosquée, alors que la présidente de
la commission intérieure, Miri Regev, a
considéré qu’il faut prendre des mesures
similaires à celles en cours concernant
le mois de Ramadan pour les musulmans,
concernant l’accès à la mosquée pour les
juifs pendant leurs fêtes religieuses
(ce qui veut dire en fait interdire la
présence des musulmans). La commission
intérieure a également discuté le 24
décembre les travaux d’entretien de la
mosquée réalisés par le département des
Awqaf islamiques, considérant que ces
travaux « détruisent les vestiges
juifs » et réclamant la cessation de ces
travaux.
La mosquée al-Aqsa fut également
présente dans la réunion annuelle du
Likoud le 18 décembre, qui a affirmé que
la « liberté de la prière des juifs dans
tous les lieux sacrés », et notamment
« le mont du temple ».
Cependant, face à la recrudescence des
demandes réclamant la présence juive
dans la mosquée al-Aqsa, la principale
autorité juive dans l’Etat de
l’occupation a confirmé à nouveau son
opposition à ces incursions, pour
raisons religieuses. Les deux rabbins
élus le 24 juillet 2013 ont renouvelé
l’interdiction prononcée la première
fois par le principal rabbin en 1921.
Leur position avait été précédée par le
communiqué émis par le rabbin sépharade
Shlomo Ammar le 6 mars 2013, et signé
par plusieurs rabbins, qui rappelle que
« l’entrée des juifs au mont du temple
contredit les enseignements de la loi
juive ». Malgré cela, les appels lancés
par les groupes du « mont du temple »
s’appuyant sur les considérations
politiques sont largement suivis par les
extrémistes.
Concernant la judaïsation démographique,
les constructions de colonies et
l’approbation de la construction dans
les colonies existantes vont de pair
avec la destruction des maisons des
Maqdisis et les ordres de destruction
qui les menacent. Le 9 octobre, la
commission locale de la planification et
de la construction dépendant de la
municipalité de l’occupation a approuvé
à l’unanimité la construction de 58
unités de logement dans la colonie « Pesgat
Za’iv » à l’est d’al-Quds. Le 3
novembre, le ministre de l’Habitat de
l’occupant a annoncé son intention de
proposer la construction de 1700
logements, dont 700 dans les colonies « Ramat
Shlomo » et « Gilo », situées dans al-Quds.
Au même moment, la municipalité de
l’occupation a remis des ordres de
destruction de 200 logements dans les
quartiers Ras Khamis et Ras Shehadé,
près du camp de She’fat, à l’est d’al-Quds.
Ces deux quartiers, bien que faisant
partie de la « juridiction » de
l’occupant, ne bénéficient pas des
services municipaux. Bien que leur
population paie les taxes, l’occupant
les maintient en situation d’instabilité
et ne leur accorde pas de permis de
construire.
« Les jardins nationaux » sont une autre
caractéristique de la judaïsation.
L’occupant essaie, à travers ces
jardins, de promouvoir une image de
développement, alors que ce sont les
terres des Maqdisis qui en font les
frais, puisqu’elles sont confisquées et
que leurs maisons sont détruites pour
construire ces jardins. La commission
régionale de la planification et de la
construction de l’occupation a proposé
la construction d’un « jardin national »
sur les pentes orientales du Jabal al-Masharef,
au moment où les négociations avec
l’Autorité palestinienne étaient
reprises. Selon même une employée du
département des vestiges de l’occupant,
le but de la construction du jardin
n’est pas l’amélioration de
l’environnement, mais répond à des
considérations politiques. Ce jardin
vise en fait à limiter le développement
et l’extension des bourgs d’al-Issawiya
et d’al-Tur, limités d’ailleurs par le
mur de l’annexion, l’Université
hébraïque et les colonies.
La judaïsation de la capitale de la
Palestine n’a pas empêché la position
arabe de se ruer vers la normalisation
des relations avec l’occupation, sous
prétexte que cela profiterait à
l’économie palestinienne. Les médias ont
dévoilé l’instauration d’une zone
industrielle jordano-« israélienne » qui
profitera d’abord à l’industrie de
l’occupation et brisera le boycott des
marchandises « israéliennes ».
Si la position formelle de l’Union
européenne est opposée à la colonisation
dans les territoires occupés en 1967,
l’Union européenne continue à être le
principal marché pour les produits de
l’occupation. De même, cette position
n’engage pas les pays membres, puisque
la république tchèque a annoncé, lors de
la visite de son président à l’entité de
l’occupation au mois d’octobre qu’elle
souhaite transférer l’ambassade de son
pays de Tel Aviv vers al-Quds.
Dans la ville occupée d’al-Quds, les
élections municipales ont renouvelé le
mandat de Nir Barakat, champion de la
politique de judaïsation. Le conseil
municipal élu par les seuls colons,
puisque les Maqdisis ont boycotté les
élections, comprend des extrémistes
comme Arieh King qui a mené sa campagne
électorale sous le slogan de la
judaïsation d’al-Quds et qui a affirmé,
sitôt élu, que sa priorité consiste à
faire taire les appels à la prière
issues de mosquées d’al-Quds.
Entre les tentatives de s’emparer de la
mosquée al-Aqsa et la judaïsation de la
ville d’al-Quds, une nouvelle année est
entamée. Elle risque d’être une période
où l’occupant poursuivra la même
politique, de manière aggravée si la
mosquée al-Aqsa est partagée
effectivement et si les colonies
s’étendent.
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