Interview avec la député Al-Halaïqa
L'occupant a la main haute, mais de
moins en moins
Samira Al-Halaïqa - Photo CPI
Al-Khalil
– CPI
Le Centre Palestinien
d’Information (CPI) a eu une interview exclusive avec la députée
Samira Al-Halaïqa, pour parler de la scène palestinienne,
quarante ans après l'occupation de 1967.
La député Samira Al-Halaïqa est une membre de la liste de
"la réforme et du changement", groupe parlementaire
représentant le mouvement de la résistance islamique Hamas dans
le Conseil législatif palestinien.
Elle nous parle de la question des réfugiés palestiniens, 59 ans
après la Nakba (la catastrophe de 1948) et leur droit au retour.
Elle nous parle aussi de l'Etat palestinien qui doit voir le jour
dans les frontières de 1967. Et des événements du camp de Nahr
Al-Bared, au nord du Liban, Al-Halaïqa nous en donne son point de
vue, dans l'interview ci-après, traduite et résumée par nos
soins.
40
après l'occupation de toute la Palestine
CPI :
Comment est la scène palestinienne, 40 ans après l'occupation de
la ville d'Al-Quds et de la Cisjordanie ?
Al-Halaïqa : 40 ans
après la Nakba (l'occupation israélienne du reste de la
Palestine, en juin 1967), l'Entité sioniste n'a plus la main
haute sur les affaires, tant s'en faut. L'utilisation de la force
excessive en est une preuve. C'est vrai qu'elle est bien armée,
dans le domaine des renseignements, cependant, elle n'a eu aucune
victoire militaire sur la période de la dernière décennie. Les
dirigeants israéliens actuels sont connus pour leurs incapacités
militaires et politiques, tout autant que pour leur corruption
morale et financière…
Et au sujet de la société et de la cause palestiniennes, on
remarque quelques signes positifs, en dépit du siège et de la
guerre menée pour liquider ce peuple désarmé, autant par
l'occupation israélienne que par les politiques internationales.
Le
droit au retour
CPI :
Où en est-on de la cause des réfugiés et de la ville d'Al-Quds,
59 ans après ?
Al-Halaïqa : Dans la
mesure où les affaires des réfugiés, de la ville d'Al-Quds et
de la Palestine en général, sont des droits propres au peuple
palestinien et aux peuples arabes, personne n'a le droit d'y
mettre le nez. Ou de proposer des compensations pour les céder.
Le peuple palestinien et ses dirigeants doivent refuser tout
accord qui aurait l'intention de gommer le droit au retour des réfugiés
palestiniens à leurs terres. Le fait d'installer des millions de
Juifs venant de partout du monde en Palestine doit aussi être
refusé. Ceux-là n'ont aucun droit en Palestine.
CPI :
Et les appels à effacer le droit au retour contre une
indemnisation ou contre un état palestinien dans les frontières
de 1967 ?
Al-Halaïqa :
Personne n'a le droit de parler au nom des réfugiés qui refusent
cette idée de compensation. Et un Etat palestinien doit exister
sur les frontières de 1967, sans pour autant donner à
l'occupation israélienne la légitimité, ni laisser tomber le
droit au retour.
La
question des réfugiés
CPI :
Quel est le rôle des pays arabes quant à la question des réfugiés
?
Al-Halaïqa :
Personne ne pourra nier la position positive des peuples arabes.
Ils ont reçu les réfugiés palestiniens chez eux. Néanmoins,
aucune initiative, hormis celle d'indemnisation, n'a été proposée
pour qu'ils retournent à leur patrie.
La question des réfugiés est très sensible. Si on l'avait laissé
tomber, on aurait laissé tomber un principe essentiel de la cause
palestinienne.
CPI :
Et le rôle du Conseil législatif et du gouvernement palestiniens
?
Al-Halaïqa : Le dixième
gouvernement palestinien dirigé par le mouvement du Hamas, tout
autant que le Conseil législatif palestinien, s'intéressent de
près à la cause des réfugiés palestiniens.
CPI :
Le droit au retour et la libération des captifs font partie des
priorités de la société palestinienne ; cette position
est-elle la vôtre ?
Al-Halaïqa : Les
principes et les priorités appartiennent aux sociétés et
peuples et non aux dirigeants. Ces derniers ne peuvent pas décider
quant au destin du peuple et de la Umma, ils ne sont là que pour
le servir et pour réaliser ses souhaits de vivre libre et
dignement.
CPI :
Comment pourra alors être résolue la question des réfugiés ?
Al-Halaïqa : Il faut
éliminer les obstacles empêchant leur retour à leurs foyers
natals. De prime abord, il faut mettre fin à l'occupation et puis
réactiver leur cause autant au niveau local qu’au niveau
international.
La
scène palestinienne interne
CPI :
Comment est la scène palestinienne, avec les incessants problèmes ?
Al-Halaïqa : Depuis
plus d'un demi siècle, nous n'avons pas eu une vie normale. Il y
a l'occupation, les conflits intérieurs. Toutefois, la société
palestinienne pourra soigner ses blessures ; la confiance
entre les frères est de mise, de plus en plus.
En fin de compte, c’est celui qui restera attaché aux principes
de son peuple jusqu'à la fin qui criera victoire.
Les
frontières de juin
CPI :
Ce ne serait pas une concession que d'accepter un Etat avec les
frontières de juin 1967 ?
Al-Halaïqa : Avant
son départ, le martyr Cheikh Ahmed Yassine avait lancé
l'initiative de la création d'un Etat palestinien avec les frontières
de 1967, la ville d'Al-Quds comprise, avec le retour des réfugiés.
Cela sera concrétiser par une trêve et non un traité. Si
l'Entité sioniste ne respecte une condition, les situations
reviendront comme avant.
Le mouvement de la résistance islamique Hamas adopte cette
initiative qui n'est une concession, loin de là. La libération
restera un droit du peuple palestinien et des générations
futures ; aucun mouvement ou aucun dirigeant politique ne
possède le droit de le toucher.
La
situation de Nahr Al-Bared
CPI :
Les factions de Fatah Al-Islam doivent-elles se rendre ?
Al-Halaïqa : Ce qui
se passe dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al-Bared
est une guerre inutile et partisane. C'est toujours les réfugiés
qui seront les victimes. Il faut prendre toutes les dispositions
pour les protéger ; les problèmes doivent être résolus
sagement et pacifiquement.
CPI :
Dans ce camp du Liban, que fait le gouvernement palestinien pour
stopper les combats, politiquement parlant ?
Al-Halaïqa : Le
cabinet palestinien a adressé des appels urgents aux belligérants
afin de stopper les combats et afin d'éviter les conséquences de
tous ces massacres inutiles. Cependant, les belligérants vont
vers plus d'affrontements. Nous souhaitons qu'ils prennent fin
avec le moins de pertes et de victimes possible
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