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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (39)
Photo CPI
Lundi 27 juillet 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
L’affaire Meshaal (8)
Ailleurs, cependant, le sheikh fut bien
reçu. Au Koweït, Arafat n’avait pas d’influence. Les Koweïtiens
en général détestaient Arafat à cause de son soutien à
l’invasion de Saddam Hussein en 1990. Des centaines de milliers
de Palestiniens furent expulsés du Koweït à la fin de la guerre
du Golfe en 1991. Dans cet émirat riche en pétrole, Sheikh
Yassine tint des discussions avec le dirigeant Sheikh Jabir
Al-Ahmad Al-Sabah et le prince héritier Sheikh Sa’d Al-Abdallah
Al-Sabah. Le sheikh proposa de servir d’intermédiaire avec
l’Irak pour assurer la libération de détenus koweïtiens en Irak,
mais les Irakiens refusèrent sa proposition.
Au Yémen, l’étape suivante du tour de Sheikh Yassine, la
situation était plus délicate. Le 17 mai 1998, il fut reçu par
le président Ali Abdullah Salih, qui était un bon ami de Yasser
Arafat. Le leader yéménite appela à l’unité au sein des
Palestiniens, ajoutant que les disputes entre factions ne
servaient qu’Israël. Le président Ali Abdullah Salih était bien
conscient de la tension entre le Hamas et l’autorité
palestinienne sur le tour du sheikh. Sheikh Yassine saisit
l’occasion pour réitérer la détermination du Hamas à continuer
sa lutte jusqu’à ce que le peuple palestinien reprenne ses
droits légitimes. De nombreux Yéménites et Palestiniens vivant
au Yémen assistèrent à un rassemblement en l’honneur de Sheikh
Yassine. Le sheikh reçut aussi une délégation de la section des
femmes du mouvement islamique yéménite, qui vint pour présenter
son hommage et exprimer son soutien. Jeudi 21 mai 1998, Sheikh
Yassine arriva à Damas, où les autorités syriennes le reçurent
aimablement. Il parla devant un rassemblement comportant des
centaines de réfugiés palestiniens, leur disant que tous les
pays qu’il avait visités jusque-là avaient exprimé leur soutien
pour le combat du Hamas pour libérer la Palestine.
La dernière étape du tour de quatre mois de Sheikh Yassine était
au Soudan, où il arriva le 30 mai. Le porte-parole du parlement
soudanais, Hassan Al-Turabi, le loua, disant qu’il représentait
« la pulsation du djihad islamique pour la restauration des
droits du peuple palestinien ». Durant sa visite officielle
d’une semaine, il fut reçut par la direction soudanaise et eut
aussi largement le temps de rencontrer des collègues d’entre les
leaders du Hamas, qui venaient de Jordanie et d’ailleurs à
l’extérieur de la Palestine pour tenir des discussions avec lui
sur des questions d’organisation. Sa visite au Soudan fut
prolongée de deux semaines pour lui donner suffisamment de temps
pour ces discussions.
Une fois son tour dans le monde arabe achevé, des problèmes
commencèrent à émerger lorsque Sheikh Yassine souhaita retourner
en Palestine comme il lui avait été promis. Les autorités
égyptiennes refusèrent de lui accorder une visa d’entrée en
Egypte, car ils n’étaient pas sûrs que les Israéliens allaient
lui permettre de retourner à Gaza. Les Egyptiens ne souhaitaient
pas le voir devenir un résident permanent en tant que déporté
sur leur sol. Le gouvernement israélien, entre-temps, tentait de
décider s’il était plus dangereux pour Israël de permettre au
sheikh de retourner ou de lui interdire le retour. En fin de
compte, la dernière option fut considérée comme la plus
dangereuse ; le tour de relations publiques extrêmement réussi
de Sheikh Yassine n’avait fait qu’accroître était son prestige
déjà immense. Le premier ministre Netanyahu décida qu’il était
préférable de restreindre le sheikh à la bande de Gaza, où il
serait moins capable d’augmenter l’influence générale du Hamas
que s’il continuait son tour dans les pays arabes et islamiques.
Lundi 22 juin 1998, Sheikh Yassine fut autorisé à entrer en
Egypte, où il fut admis une fois de plus à l’hôpital Al-Galaa du
Caire pour des tests médicaux. Comme auparavant, les autorités
le surveillèrent avec rigueur, n’autorisant aucun visiteur ou
appel téléphonique. Le 24 juin 1998, quatre mois et cinq jours
après sa date de départ en février, il retourna finalement à
Gaza à travers le passage de Rafah.
Les dirigeants d’Israël ainsi que nombre d’observateurs à
l’extérieur pensèrent que le principal objectif du tour de
Sheikh Yassine avait été de lever des fonds. Les assistants du
sheikh et d’autres figures du Hamas à Gaza et en Jordanie
soutinrent que ce n’était pas le cas. Dr. Mahmoud Al-Zahhar
décrivit les allégations de « propagande israélienne ». Parlant
à des journalistes suite à son arrivée à Gaza, Sheikh Yassine
dit qu’il était consternée par cette spéculation. Il dit que les
pays qu’il avait visités l’avaient invité, et que l’objectif de
départ de son séjour en Egypte était de recevoir un traitement
médical. Il ajouta qu’il s’était servi de son tour pour exposer
l’infortune du peuple palestinien et pour demander un soutien
pour lui. Il nia avec force qu’il levait des fonds, ajoutant :
« Je n’ai demandé aucune somme ; je n’ai demandé qu’un soutien
solide à ceux que j’ai rencontrés ». La plupart des pays qui le
reçurent auraient été embarrassés s’il avait tenté de lever des
fonds, étant donné le statut sensible du Hamas dans le contexte
du consensus général contre le terrorisme. Un an plus tôt
seulement, les dirigeants de la plupart des pays visités par
Sheikh Yassine avaient été à Sharm Al-Sheikh, écoutant le
président Clinton dicter les nouvelles règles d’engagement au
Moyen-Orient. Lors de cette rencontre, le Hamas avait été en
tête de liste des organisations terroristes illégales.
Bien que Sheikh Yassine soutînt que son tour n’était pas
délibérément destiné à lever des fonds, il libéra en réalité un
torrent de soutien financier pour le Hamas. C’est de la sorte
que la famille royale en Arabie Saoudite, les sheikhs du Qatar
et du Koweït, les dirigeants des Emirats Arabes Unis et les
dirigeants d’Iran exprimèrent leur sympathie et leur soutien à
un mouvement qu’ils admiraient et respectaient. L’image du Hamas
avait été très rehaussée par la loyauté du mouvement dans les
récentes années devant une campagne générale contre lui dirigée
par les Américains. Devant des coups qui se voulaient être
fatals, le Hamas avait totalement refusé de modifier sa position
et de se soumettre. Des premières arrestations massives de ses
membres en 1998 jusqu’à la tentative d’assassinat de Khaled
Meshaal neuf ans plus tard, le Hamas continua d’incarner cette
renaissance de la gloire arabe que le prince héritier Abdullah
Ibn Abd Al-Aziz vit dans le visage de Sheikh Yassine. En parlant
en privé, où leurs propos n’étaient pas rapportés à
l’administration américaine, la plupart des dirigeants arabes et
musulmans, bien qu’ils ne pussent faire que peu de choses,
exprimèrent des sentiments de très grand respect pour le Hamas.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (38)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (40)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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