|
Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (18)
Photo CPI
Dimanche 22 février 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Une guerre
totale (3)
Les détentions en masses décapitèrent le Hamas : tous ses
officiels de premier et de deuxième rang étaient détenus. La
campagne israélienne réussit presque à anéantir le mouvement.
Toutefois, la prise de mesures d’Israël révéla pour la première
fois la capacité militaire du Hamas, indiquant que le mouvement
s’était préparé pendant des années. L’action d’Israël causa de
l’inquiétude au sein de ces Palestiniens qui dirigeaient le
Jihaz à l’extérieur de la Palestine. L’année précédente avait vu
la transformation du Jihaz en la structure organisationnelle
hiérarchique qu’elle a maintenant. Au sommet de cela se trouve
un conseil représentatif, appelé en arabe l’Istishari (le
conseil consultatif). En dessous se trouve un comité exécutif
élu, le Tanfidhi (le comité exécutif) en arabe, qui à son tour
supervisait plusieurs comités spécialisés dont la charge était
de fournir le soutien logistique requis par Le Hamas. En dépit
de sa capacité représentative, les membres de l’Istishari ne
sont pas directement élus. L’idée est pour les Ikhwan
palestiniens à l’intérieur de la Cisjordanie et de la bande de
Gaza d’être représentés, ainsi que ceux dans les divers endroits
où ils se trouvent en nombres considérables dans la diaspora.
A la suite de ce coupe porté au mouvement en 1989, le Tanfidhi
se tourna vers Moussa Abu Marzouq, qui étudiait pour son
doctorat aux Etats-Unis, lui demandant de retourner de suite à
Gaza, où il était déjà un visiteur habitué. Sa tâche était de
récupérer ce qu’il pouvait de l’organisation sévèrement touchée.
C’était un proche associé de Sheikh Ahmed Yassine et il était
donc considéré par les membres du Hamas non pas comme un intrus,
mais comme un des loyaux fils de l’organisation. Une fois de
retour à Gaza, Abu Marzouq, connu sous le nom de Abu Omar,
trouva quelques personnes avec qui travailler. La plupart des
anciens membres sur qui il aurait pu compter, ou qu’il avait
connus personnellement, avaient été arrêtés. Sayyid Abu Musamih
était une des quelques anciennes figures laissées en liberté et
Abu Marzouq était obligé de compter sur lui. La plupart des
autres qu’il put contacter n’avaient pas joué plus qu’un rôle
marginal dans le mouvement avant que la crise n’ait frappé.
Néanmoins, il devait réussir ce qu’il pouvait avec ce qui lui
était disponible, avec la disette d’anciennes figures membres
laissées en liberté. S’attendant à ce que la plupart de ceux
actuellement détenus soient libérés dans quelques mois, Abu
Marzouq mit n place une nouvelle structure provisoire pour le
mouvement et s’en alla. En effet, la plupart des 1.500 personnes
arrêtées en mai furent libérées six mois plus tard ou environ,
car les Israéliens les crurent sans danger.
Ce fut un tournant important dans l’histoire du Hamas. Une
nouvelle caractéristique était que, sous la nouvelle structure,
l’“intérieur” s’était maintenant retrouvé sous le contrôle de
l’“extérieur”, dont le rôle n’était plus restreint à fournir un
soutien. Jusqu’à la mi-1989, l’“extérieur” fournissait un
financement, de la logistique et des conseils. Dorénavant,
toutefois, il devint le commandement central et le point de
référence. En plus d’avoir reconstruit l’organisation, un
élément supplémentaire dans la mission d’Abu Marzouq était
d’imaginer une formuler pour s’assurer que le mouvement ne
s’effondre par totalement s’il est sujet à une future attaque
similaire à celle par laquelle il venait juste d’être dévasté.
Si la direction du mouvement avait continué à être à l’intérieur
de la Palestine, Israël aurait pu facilement briser son dos,
effectuant des arrestations massives et prenant d’autres mesures
répressives pour infliger des dommages irréparables sur sa
capacité à opérer. Travaillant dans une relative sécurité dans
les capitales du monde où se situaient maintenant divers centres
de décisions du Hamas, comme Koweït, Amman, Londres et
Washington, la direction avait le temps et l’espace pour
répondre calmement à toutes éventualités. La présence d’anciens
leaders du Hamas à l’extérieur de la Palestine protégea le
mouvement, non seulement contre des mesures potentiellement
fatales de la part des Israéliens, mais aussi contre des mesures
de l’OLP. L’OLP tentait constamment de compromettre des membres
de bas rangs du Hamas, à travers l’intimidation ou en présentant
des stimulants, lorsque les anciens leaders du Hamas étaient en
détention, comme cela était souvent le cas.
A la suite de la mission d’Abu Marzouq et du système qui
établit, la restructuration du mouvement après chaque revers
devint une question de routine. Les Israéliens lancèrent des
compagnes d’arrestations en masse quasiment annuellement. Les
campagnes de 1990, 1991 et 1992 se firent à grande échelle, mais
les effets ne furent pas aussi dévastateurs qu’elles auraient pu
l’être, et la reconstruction pas aussi difficile, en raison de
l’efficacité de la stratégie conçue par Abu Marzouq. Avec une
nouvelle structure plus flexible et avec un approvisionnement
apparemment intarissable en recrues, le Hamas était capable de
récupérer facilement après chaque coup qui semblait terminal.
Les Israéliens ne voyaient pas que chaque fois qu’ils frappaient
le Hamas, quelle que soit la force du coup porté, ils ne lui
faisaient que gagner plus de sympathie et de soutien populaires.
Ils ne réussirent apparemment pas à remarquer que leurs actions
contribuèrent à l’émergence du Hamas en tant qu’alternative
crédible à l’OLP. Les campagnes les plus intenses contre le
mouvement eurent lieu juste au moment où l’OLP faisait
l’histoire en rejetant sa propre Charte et en abandonnant son
corps représentatif. En décembre 1988, Yasser Arafat déclara au
monde que « l’OLP a accepté le droit d’Israël à exister, il
participera dans une conférence de paix internationale sur la
base des résolutions 242 et 338 de l’OLP, et il rejette le
terrorisme dans toutes ses formes ». L’implication explicite de
cette concession de la part de la direction de l’OLP était la
confiscation du retour au retour des réfugiés palestiniens. En
confisquant ce droit, l’OLP remporta immédiatement la
reconnaissance des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux,
mais il perdit sa crédibilité aux yeux de millions de réfugiés
palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, qui
attendaient de rentrer chez eux depuis une moitié de siècle. La
perte de l’OLP fut clairement au profit du Hamas.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (17)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (19)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
|