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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (34)


Photo CPI

Dimanche 21 juin 2009

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

L’affaire Meshaal (3)

L’aventure ratée du Mossad

            Dans les premières heures du jeudi 25 septembre 1997, deux berlines Hyundai quittèrent l’enceinte de l’ambassade israélienne dans le quartier Rabiyah d’Amman. Leur destination était la résidence de Khaled Meshaal à Shumaysani. La première voiture, avec une plaque d’immatriculation verte signifiant que le véhicule était une voiture louée, transportait une équipe de quatre membres de l’unité israélienne Kidon. L’équipe se composait d’un chauffeur, un garde et deux tueurs à gages, John Kendall, âgé de 28 ans, et Barry Beads, 36 ans. Les deux assassins étaient entrés en Jordanie un jour plus tôt, voyageant avec des passeports canadiens. La seconde voiture, avec une plaque d’immatriculation diplomatique, conduisait une équipe de quatre agents du Mossad, dont un médecin. Les deux voitures attendirent que Meshaal quitte sa résident à environ dix heures du matin, dans sa voiture conduite par un chauffeur, avec son garde du corps Muhammad Abu Sayf et trois de ses enfants. Le jeudi était le premier jour du répit du week-end en Jordanie, alors les enfants n’étaient pas à l’école. Les enfants de Meshaal accompagnaient leur père à son bureau dans le bâtiment Shamiyah dans la rue Wasfi al-Tal, et devaient être emmenés de là au coiffeur, pour se faire couper les cheveux.

            La voiture louée suivit Meshaal jusqu’à son bureau, alors que l’autre voiture se dirigea vers la rue proche Makkah. Alors que Meshaal quitta la voiture et marcha vers l’entrée du bâtiment, Kendall et Beads se précipitèrent derrière lui. L’un d’entre eux portait un appareil masqué pour faire croire à un bandage à la main, et apparemment, il ne remarqua pas le garde du corps de Meshaal, qui était toujours dans la voiture. L’agent portant l’appareil bondit sur Meshaal, le pointant sur son oreille gauche. Meshaal rapporta plus tard qu’il sentit comme un choc électrique. Sur le moment, il était difficile de savoir ce que l’appareil était. Meshaal survécut à l’attaque, et Abu Sayf poursuivit les deux agents du Mossad. Entre-temps, le chauffeur de Meshaal l’emmena rapidement à son bureau.

            Abu Sayf réussit à arrêter les agents israéliens, après une dure lutte et avec l’aide de passants. Il fut assisté par Sa’d Na’im al-Khatib, un officier dans l’Armée de Libération de la Palestine située en Jordanie, qui se trouvait être dans les parages lorsque les deux agents israéliens essayèrent de s’enfuir. Abu Sayf saignait gravement, ayant été frappé à la tête par un object en métal par l’un des agents. Les deux agents furent remis à la police jordanienne. Abu Sayf dit à l’officier en charge qu’ils étaient des agents israéliens qui avaient tenté d’assassiner Khaled Meshaal, le chef du bureau politique du Hamas. L’officier envoya Abu Sayf avec une ambulance au centre de traitement médical Al-Hussein. En y allant, il appela le bureau de Khaled Meshaal avec son téléphone mobile, confirmant avoir arrêté les deux agents et qu’ils étaient maintenant détenus par la police.

            Entre-temps, Khaled Meshaal envoya ses enfants à la maison avec le chauffeur et demanda à un employé de le conduire à la maison de Muhammad Nazzal, le représentant du Hamas en Jordanie, qui avait déjà été alerté et qui s’était immédiatement précipité de retourner chez lui. Nazzal convoqua immédiatement les autres membres du bureau politique à un meeting d’urgence chez lui. Nazzal décida de publier un communiqué de presse et appela Randa Habib, un correspondant de l’Agence France Presse (AFP), qui à son tour contacta le ministre de l’information jordanien Samir Mutawi’. Mutawi’ déclara ne rien savoir de l’incident mais promit de faire des enquêtes. Il appela Habib peu de temps après, et nia qu’un tel incident eut lieu, déclarant qu’une discussion entre Khaled Meshaal et deux touristes canadiens qui faisaient du shopping s’était développée en dispute lorsque le garde du corps de Meshaal, Abu Sayf, avait commencé à les gêner. Cependant, l’AFP soutint une déclaration faite par Muhammad Nazzal confirmant la tentative d’assassinat. Ce rapport parvint bientôt au directeur du DRG, Samih al-Battikhi, qui clamait être enragé par ce qu’il insistait à dire être de fausses allégations du Hamas. Al-Battikhi contacta immédiatement Moussa Abu Marzouq pour protester contre ce que Nazzal avait dit, qualifiant Nazzal de menteur. Il insista que selon ses propres sources, ce qui s’était passé n’était rien qu’une dispute entre le personnel de Meshaal et les supposés touristes canadiens.

            Chez Muhammad Nazzal, Meshaal décrivit à ses collègues ce qui lui était arrivé. Il dit que les deux hommes l’attaquèrent de derrière, utilisant ce qui semblait lui être une sorte d’appareil sophistiqué. L’enfin ne le toucha pas mais fit un son fort et retentissant dans son oreille, qui commença à sonner. Alors qu’il décrivait à ses collègues du Hamas comment tout son corps s’était mis à trembler, comme s’il avait été sujet à un choc électrique, il commença à se sentir étourdi et malade. Réalisant que quelque chose n’allait vraiment pas, ses collègues se hâtèrent de l’emmener de suite à l’Hôpital Islamique à Amman. Il arriva à l’hôpital à environ une heure vingt de l’après-midi, où il commença à perdre conscience. Les tests conduits sur lui ne montrèrent que peu de chose, à part que le niveau d’oxygène dans son sang continuait à tomber, bien qu’il ne cessât de lui être donné de l’oxygène. Les nouvelles de l’attaque sur lui s’était déjà répandu à travers le pays, et des figures-clés de différents groupes politiques dont les Ikhwan jordaniens commencèrent à arriver à l’hôpital pour le voir. Le leader des Ikhwan Dr. Abdullah Al-‘Akaylah, qui était aussi un membre du parlement jordanien, commença à appeler de hauts officiels du gouvernement, les appelant à informer le roi.

            Alors que ces événements dramatiques se succédaient rapidement, les tueurs professionnels en détention policière continuaient à prétendre être des touristes canadiens qui ne s’occupaient que de leur propre affaire lorsqu’Abu Sayf les attaqua sans qu’il n’y ait eu de provocation. L’officier de police en charge, suite à la procédure normale, téléphona la légation canadienne à Amman pour reporter l’incident, demandant la présence immédiate d’un représentant consulaire canadien. Lorsque le diplomate arriva à la station de police, lui et l’officier de police furent tous deux étonnés par l’insolence des deux détenus. Ils ne montrèrent aucune courtoisie au représentant canadien et refusèrent d’accepter sa proposition d’assistance, bien qu’ils continuassent d’affirmer qu’ils étaient des citoyens canadiens. Au vu de la déclaration d’Abu Sayf, qu’il avait à nouveau confirmé lorsqu’il était retourné de l’hôpital à la station de police, l’officier de police avait ses propres soupçons à l’égard de ces deux hommes. Il reporta donc l’incident à ses supérieurs au ministère e l’intérieur, qui placèrent les deux hommes en détention au DRG pour plus d’investigation.

Hamas: son histoire de l'intérieur (33)
Hamas: son histoire de l'intérieur (35)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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