Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (57)
Photo CPI
Lundi 7 décembre 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
L’idéologie de libération du
Hamas (6)
Les attaques suicides : stratégie ou désespoir ?
Il y eut de nombreux débats pour savoir si la tactique de
l’attaque suicide provenait des conditions économiques terribles
subies par les Palestiniens, ou si cela faisait simplement
partie d’une stratégie visant à accomplir des objectifs
politiques particuliers. Il serait erroné de suggérer que l’une
ou l’autre explication exclurait nécessairement l’autre. De
nombreuses personnes en visite dans les territoires occupées
exprimèrent en privé ou en public un degré de compréhension
quant à la raison pour laquelle les Palestiniens ont recours à
ces opérations. Cependant, la majorité des “martyrs” ne viennent
pas d’origines pauvres ou désespérées, alors que nombre d’entre
eux sont bien éduqués et ont une bonne situation dans la
communauté. Il est vrai qu’en général, la condition du désespoir
et de la frustration contribue à la motivation. Mais il est
simplement faux de dire que de telles opérations sont une
réaction à la crise économique grave causée par l’occupation,
bien qu’elles soient parfois présentées comme tel. Elles ont un
objectif stratégique, et sont considérées comme le seul moyen
pour mettre la pression sur les Israéliens, sur le gouvernement
comme sur les individus, pour qu’ils reconnaissent les droits
des Palestiniens et qu’ils finissent par accepter un accord de
cessez-le-feu qui épargnerait au moins les civils à l’avenir.
Le Hamas est explicite dans ses objectifs. Dans le document
intitulé “C’est pourquoi nous nous battons”, cité plus tôt, le
mouvement déclare que les opérations martyres « sont en principe
dirigées contre des cibles militaires ». Il explique que
« prendre en cible des civils est considéré comme une aberration
pour ce qui est de la position fondamentale du Hamas en lutte
contre les cibles militaires seulement. Ils représentent une
exception rendue nécessaire par l’insistance d’Israël à prendre
en cible des civils palestiniens et par le refus d’Israël à
accepter un accord interdisant la mise à mort des civils des
deux côtés, comparable à l’accord conclu entre Israël et le
Hezbollah au sud du Liban ». Cela fait référence à l’accord
conclu entre le Hezbollah et Israël le 26 avril 1996 à la suite
du massacre de Qana perpétré par l’armée israélienne le 18 avril
1996. Sheikh Ahmad Yassine proposa à plusieurs reprises une
trêve aux Israéliens. Il est ainsi cité, dans ce même document :
« Le Hamas n’approuve pas la mort de civils, mais c’est parfois
la seule option qu’il a pour répondre à la mort de civils
palestiniens et à l’assassinat d’activistes palestiniens
accompli de sang-froid ».
Dans une interview enregistrée pour une société de production
télévisée canadienne, Khaled Meshaal résuma son opinion sur les
opérations martyres comme suit :
« Les opérations martyres sont des actes de légitime défense
qui nous sont imposés, car le combat entre nous et Israël ne se
fait pas entre deux parties égales, et parce que l’occupation
israélienne n’a pas quitté notre terre et personne ne nous a
rendu justice. Nous savons que, comme vous l’avez dit, de
nombreux sympathisants [avec les Palestiniens] à travers le
monde ne comprennent pas la question des opérations martyres qui
peuvent les pousser à reconsidérer leur sympathie. Toutefois,
nous posons cette question : “Quelle est l’alternative ?” Il n’y
a pas d’alternative. Si le peuple palestinien avait trouvé
l’alternative, ils auraient agi sans la résistance et sans les
opérations martyres. Ils ont été forcés à y avoir recours.
Néanmoins, nous avons pris l’initiative plus de dix ans
auparavant de proposer d’épargner les civils des deux côtés du
conflit. Nous avons dit que nous étions prêts à arrêter les
opérations martyres, à condition qu’Israël arrête aussi de tuer
des civils palestiniens dont des femmes, des enfants et des
personnes âgées, et d’arrêter de détruire les maisons. Si Israël
arrêtait, nous serions prêts à arrêter. Mais Israël a refusé.
Israël souhaite que le peuple palestinien observe l’agression et
l’occupation, mais qu’il ne fasse rien et qu’il s’abstienne
d’avoir recours à l’auto-défense. Entre-temps, elle souhaite
préserver le droit à continuer l’agression, l’occupation et le
meurtre de la façon qu’elle désire. Quelle loi dans le monde
permettrait la continuation de cette condition dans laquelle
Israël est libre de commettre des agressions, une occupation et
des assassinats alors que les Palestiniens se voient refusés le
droit à l’auto-défense ? Si le monde veut arrêter le bain de
sang à l’intérieur de la Palestine occupée, il devrait
s’adresser aux deux parties en disant : “Israël doit arrêter
l’agression et les Palestiniens doivent arrêter leurs opérations
militaires”. Le monde devrait forcer Israël à se retirer de
notre territoire occupé, servir la justice pour notre peuple et
lui rendre ses droits. Lorsqu’il agira ainsi, nous ne serons
alors pas contraints d’exécuter des opérations martyres ou des
opérations de résistance. N’exigez pas des Palestiniens qu’ils
abandonnent leur droit à l’auto-défense alors que les Israéliens
continuent leurs agressions et leurs crimes et continuent
d’occuper leur terre et leurs lieux saints ».
Hamas: son histoire de
l'intérieur (56)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (58)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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