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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (25)
Photo CPI
Samedi 11 avril 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
En Jordanie (5)
L’affaire Abu Marzouq
Au début du mois de mai 1995, le ministre de l’intérieur
jordanien Salamah Hammad convoqua les membres du bureau
politique du Hamas pour des discussions urgents. Un meeting eut
lieu entre Khaled Meshaal, chef adjoint du bureau politique, et
trois autres membres du bureaux : Muhammad Nazzal, Ibrahim
Ghosheh et Imam Al-Ilami. Pour une raison ou pour une autre, Abu
Marzouq saisit par intuition l’objectif de la rencontre avec les
Jordaniens, et déclina donc d’y assister. Ce fut le premier
meeting officiel de Meshaal avec les Jordaniens. Jusqu’à ce
moment, il avait gardé un profil très bras, accomplissant ses
devoirs discrètement tout en restant à l’écart des yeux du
public. Le ministre reçut ses invités cordialement, mais les
informa que les deux membres non-jordaniens du bureau politique
du Hamas, Abu Marzouq et Al-Alami, allaient devoir quitter la
Jordanie d’ici la fin du mois. La décision d’expulser Abu
Marzouq et Al-Alami était liée à la visite à Amman deux semaines
plus tôt d’un haut envoyé de Yasser Arafat, Abd Al-Razaq Al-Yahya.
A la mi-avril 1995, Arafat avait envoyé Al-Yahya de Ramallah
pour qu’il rencontre la direction du Hamas à Amman. Sa mission
était de demander au Hamas qu’il ordonne une fin de toutes
formes de violence en Palestine, étant donné que la continuation
de la violence retenait le progrès et frappait les efforts de
l’autorité palestinienne à effectuer des profits territoriaux.
Les leaders du Hamas dirent qu’ils ne pouvaient accepter. Par la
suite, le Hamas demanda à plusieurs figures influentes de la
hiérarchie jordanienne d’intercéder auprès des autorités, mais
personne ne put influencer la décision d’expulsion des deux
leaders du Hamas. L’opinion du gouvernement jordanien était
qu’avec la prise de cette décision drastique seulement, il
pouvait remporter un soulagement de la pression croissante qu’il
subissait des Etats-Unis et d’Israël. Il aurait été impensable,
d’autre part, que la Jordanie demande à certains de ses
ressortissants à l’intérieur du Hamas de quitter le pays. Ceci
aurait été la source d’une grande honte, que le roi Hussein
aurait trouvé inacceptable.
Un certain nombre d’incidents irritants pour le Hamas avaient eu
lieu depuis le début de l’année, commençant moins de deux mois
après que la Jordanie signa son traité de paix avec Israël. Le
plus sinistre de ces incidents fut un désaccord avec le DRG sur
le traitement d’un employé du Hamas qui avait été arrêté alors
qu’il arrivait de l’étranger. Il est à noter que certains
officiels du Hamas concédèrent que le mouvement s’était mis à ne
pas informer les autorités de l’arrivée d’une nouvelle recrue
pour leur opération en Jordanie. L’employé empira lui-même les
choses en niant lors d’une interrogation qu’il était un membre
du Hamas, insistant qu’il n’avait rien à faire avec le
mouvement. Isam Al-Najjar, l’officier de liaison du Hamas avec
le DRG, qui informait maintenant Moussa Abu Marzouq plutôt que
Muhammad Nazzal, fut envoyé au DRG pour qu’il parle à l’employé
détenu du Hamas. Son contact du DRG, Amjad Al-Hadid, lui dit
qu’il serait autorisé à rencontrer son collègue détenu du Hamas
s’il lui demandait de coopérer avec ses interrogateurs du DRG.
Al-Najjar accepta et fut ainsi autorisé à voir le nouvel arrivé.
A la terrifiante surprise de l’officier des renseignements, et
devant ses yeux, Al-Najjar fit exactement le contraire de ce
qu’il avait promis de faire : il dit à l’employé du Hamas
qu’« Abu Marzouq t’envoie ses salutations et te dit de ne pas
coopérer avec ces gars ». La rencontre fut immédiatement
terminée, ainsi que les futurs contacts entre le DRG et le
bureau politique du Hamas. Suite à la décision d’expulser Abu
Marzouq d’Amman, le DRG chercha à punir Al-Najjar pour ce qu’il
considérait être un acte de trahison. Ils lui ordonnèrent de
rendre son passeport et sa carte de famille, et le menacèrent de
le destituer de son statut de citoyen jordanien à part entière à
celui d’un résident temporaire avec un permis limité de deux
ans. Il refusa de remettre ses documents et fut emprisonné
pendant deux nuits. La crise fut résolue après l’intervention de
hauts officiels du gouvernement et des Ikhwan, mais
temporairement seulement. Clairement, les attitudes des membres
du Hamas impliqués dans cette affaire ne furent autres que
sages. Si les autorités jordaniennes avaient besoin d’un
prétexte pour expulser Abu Marzouq, cet incident en aurait
fourni un.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (24)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (26)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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