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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (24)
Photo CPI
Dimanche 5 avril 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
En Jordanie (4)
Le roi Hussein souhaitait vraiment maintenir la présence du
Hamas en Jordanie, car il continuait à penser qu’il pouvait lui
être utile en termes de politique régionale. Apparemment, il
était confiant que le Hamas ne posait de menace à la loi et
l’ordre dans son pays, et il souhaita donc saisir l’opportunité
d’être vu comme étant en train d’effectuer une contribution
remarquable au processus de paix en cours en contenant le Hamas
et en le “domestiquant”. Il allait vite découvrir, toutefois,
que c’était mission impossible. La pression exercée sur la
Jordanie par Israël et les Etats-Unis atteignirent un pic
lorsque, le 11 octobre 1994, les brigades d’Ezzeddine Al-Qassam
déclarèrent leur responsabilité dans le kidnapping, deux jours
plus tôt, de Nachshon Vaxman, un soldat israélien de la brigade
d’infanterie Golani. Les kidnappers, dirigés par Salah Jadallah,
un résident de la ville de Gaza, se barricadèrent avec leur
otage à l’intérieur d’une maison dans le village de Bir Nabala,
près de la ville cisjordanienne de Ramallah, exigeant la
libération de prisonniers palestiniens en échange du retour du
soldat, sain et sauf. La liste de prisonniers dont la libération
était souhaitée incluait Sheikh Ahmad Yassine et deux otages du
Hezbollah en détention israélienne, Abd Al-Karim Ubayd et
Mustapha Al-Dirani. Le roi Hussein crut qu’il put persuader les
leaders du Hamas à Amman à assurer la libération du soldat. A sa
grande surprise, ils n’avaient ni la volonté ni la capacité
d’intervenir.
En tout cas, il y avait peu de temps pour des négociations. Sur
la base des renseignements qui leur furent communiqués par
l’autorité palestinienne concernant le lieu de refuge, les
Israéliens commencèrent immédiatement à planifier une opération
de sauvetage. Les kidnappeurs avaient effectué une vidéo
montrant Vaxman dans son uniforme militaire avec son arme et sa
carte d’identité, qu’ils envoyèrent à un journaliste local via
leurs contacts à Gaza. Lorsque la bande fut transmise,
l’autorité palestinienne arrêta le journaliste et l’interrogea,
lui arrachant des informations qui les amenèrent à la maison à
Bir Nabala. Le gouvernement israéliens donna délibérément
l’impression qu’il se préparait pour satisfaire les exigences
des otages, déclarant même que les détenus avaient déjà été
placés dans des bus et qu’ils se dirigeaient vers le point de
contrôle d’Erez à Gaza. Selon Sheikh Yassine, les Israéliens
avaient envisagé de l’emmener au refuge dans l’espoir qu’il
puisse persuader les kidnappeurs de libérer leur otage.
Cependant, le plan fut abandonné, de crainte que les kidnappeurs
décident d’exécuter l’otage à la vue du sheikh. Il était prévu
dès le début que l’opération d’Al-Qassam soit transformée, si
nécessaire et au moment approprié, en une opération martyre. Les
combattants d’Al-Qassam étaient déterminés à réussir dans leur
mission ou à mourir. En réalité, les Israéliens avaient déjà
décidé d’employer la force pour libérer leur otage, et le 14
octobre, une unité des forces spéciales israéliennes fut envoyée
pour le secourir. Le raid se termina avec la mort de l’otage,
des kidnappeurs et du commandant de l’unité spéciale
israélienne.
On pense que l’autorité palestinienne, qu’Israël attendait
qu’elle prenne l’entière responsabilité après l’arrivée à Gaza
en juillet 1994 de son président Yasser Arafat, joua un rôle
crucial dans l’encouragement d’Israël et des Etats-Unis pour
viser le Hamas en Jordanie. En réponse à la censure pour leur
échec à remplir l’obligation d’Oslo de retenir les “terroristes”
et d’empêcher les attaques contre Israël, des officiels de
l’autorité palestinienne tentèrent de détourner les reproches
vers la Jordanie. La ligne de l’autorité palestinienne était
qu’elle faisait de son mieux pour arrêter la violence contre
Israël, mais que ses efforts étaient frappés par l’hospitalité
continue donnée par la Jordanie à la haute direction du Hamas,
qui, prétendaient-ils, exerçaient un contrôle sur les opérations
militaires à partir de leur asile à l’abri à Amman. L’autorité
palestinienne et son président Yasser Arafat allèrent si loin
qu’ils accusèrent la Jordanie d’avoir autorité le Hamas à
effectuer des opérations militaires contre des cibles
israéliennes. Ils déclarèrent que ceci formait une partie d’un
accord entre la Jordanie et le Hamas pour s’opposer à l’autorité
palestinienne, en prélude à la reprise par la Jordanie du
contrôle de la Cisjordanie, à laquelle la Jordanie pouvait
penser ajouter la bande de Gaza comme un bonus. Les Américains
et les Israéliens trouvèrent qu’il était difficile d’accepter
que la Jordanie puisse rester fidèle à son traité de paix avec
Israël tout en hébergeant encore le Hamas.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (23)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (25)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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