Entretien
Entretien avec Gilad Atzmon
sur la politique israélienne et les
États-Unis

Photo:
D.R.
Lundi 25 août 2014
La guerre
menée par Israël contre la population de
Gaza dure depuis le 8 juillet dernier.
C’est l’occasion de faire le point sur
la situation avec Gilad Atzmon mais
aussi de lui demander son avis sur la
Gaza Firm.
Alimuddin Usmani :
À l’heure où je vous écris, le
cessez-le-feu vient une fois de plus de
s’effondrer. Dans une énième tentative
d’assassinat du leader militaire du
Hamas, Mohammed Deif, Israël a notamment
tué sa femme et deux de ses enfants âgés
de 3 ans et de 7 mois [1].
Il paraît de plus en plus limpide
qu’Israël est embourbé dans ce conflit
et ne sait pas comment y mettre fin.
Vous étiez le premier à dire qu’Israël
cherchait désespérément à mettre fin aux
combats [2].
Comment êtes-vous parvenu à prédire
cette issue alors que la plupart des
analystes ont échoué à le faire ?
Gilad Atzmon : Contrairement
aux commentateurs « progressistes »
juifs qui ont dominé le discours de
solidarité palestinienne depuis à peu
près 20 ans, je suis un essentialiste
réactionnaire. Je crois que les
événements dans l’histoire et dans la
politique ne deviennent significatifs
que lorsqu’ils sont analysés au sein
d’un contexte essentialiste rigoureux.
Les moralisateurs progressistes juifs
asphyxient le discours avec des tonnes
de détails anecdotiques dans le but de
dissimuler l’idéologie juive qui est au
cœur des crimes commis par l’État juif
et par le Lobby. Je crois fermement que
chaque activité politique collective
juive et israélienne, qui va de l’C à
Mondoweiss [3],
peut être comprise au sein de la
structure culturelle, idéologique et
d’héritage, juive.
Actuellement, je ne
suis plus une voix isolée. De nombreux
intellectuels et commentateurs détectent
le baratin évident au cœur du discours
progressiste juif. L’État juif proclame
ouvertement son engagement en faveur de
la judéité, des valeurs juives et de
l’héritage juif, rendant presque
amusants la tentative progressiste juive
pour empêcher la compréhension des
crimes israéliens et le lobbying juif au
sein d’un contexte de culture,
d’idéologie et d’héritage juifs.
En tant qu’essentialiste, il est clair
que la barbarie israélienne, la Nakba,
le Holodomor, le mouvement
néoconservateur piloté par le sionisme,
et même les crimes commis par la brigade
internationale de langue yiddish au
temps de la guerre civile espagnole,
doivent être examinés sous l’angle de la
haine du goy, du suprémacisme juif et de
cet unique sens de la vertu juive
entremêlé de manière inextricable avec
l’amour-propre juif.
Une fois que la
politique israélienne est vue dans le
cadre de la judéité, chaque crime de
guerre israélien et chaque décision
ministérielle est prévisible. En
outre, si l’autodestruction et la Shoah
sont incrustées au sein de l’ADN
culturel juif, il est impossible
d’éviter la conclusion dévastatrice
selon laquelle Israël, qui vise de
manière publique une population sans
défense, ne fait que répéter la manière
dont les juifs ont réussi à apporter à
eux-mêmes des désastres totaux.
Il y a deux mois,
le théologien juif Marc Ellis a publié
un livre sur les prophéties juives.
Voici ce qu’il écrit :
« À l’instar des
anciens prophètes, Atzmon dévoile les
juifs. En même temps, Atzmon croit que
la Bible, source des prophètes, est
factice… Atzmon n’envisage aucun refuge
pour les juifs où que ce soit. » (Future
of the Prophetic, Marc H. Ellis, p.
332).
J’étais évidemment
flatté qu’Ellis m’assimile à Moïse ou à
Ézéchiel et me présente comme le
prophète juif contemporain. Mais il m’a
semblé nécessaire de corriger Ellis –
c’est mon essentialisme et mon approche
philosophique qui m’aident à comprendre
et à prédire le comportement et la
conduite politique d’Israël.
Malheureusement je n’ai pas d’aptitudes
prophétiques surnaturelles.
Le message à
retenir est clair. Si Israël se définit
comme un État juif, nous devons accepter
sa propre définition. Une fois que nous
l’avons fait, l’entièreté de l’action de
la machinerie collective juive apparaît
au grand jour. Israël et son lobby juif
sont transparents, prévisibles, et en
accord avec le Livre d’Esther. De
manière moins évidente mais tout aussi
fiable, la gauche juive, y compris
George Soros et les gens de son acabit,
se révèle être intentionnellement
trompeuse mais également une forme
transparente d’opposition contrôlée.
Tout récemment
les USA ont reporté la livraison de
missiles Hellfire à Israël [4].
Est-ce que la puissance américaine est
en train de repenser sa relation avec
Israël et comprend que l’État juif n’est
plus un atout stratégique à sa
disposition ?
L’Amérique a
réalisé depuis longtemps qu’Israël n’est
plus un atout stratégique. La dépendance
envers le pétrole du Moyen-Orient est en
train de décliner et le Pentagone est
parfaitement conscient que les chances
pour que l’Amérique utilise Israël comme
piste de décollage pour sa force
aérienne sont inexistantes. Pourtant le
lobby juif est encore le pouvoir
politique le plus influent à Washington
et, d’une certaine manière, domine
toujours la politique étrangère
américaine. Depuis au moins quarante
ans, Israël et le lobby juif ont investi
des efforts énormes dans le but de
dominer la politique américaine. Jusqu’à
présent, ils ont réussi leur domination
tout en découvrant qu’une fois de plus
ils ont gagné une bataille mais perdu la
guerre. Au moment même où Washington est
devenu une colonie israélienne,
l’Amérique a perdu sa position
privilégiée visant à faciliter la paix.
Une fois de plus la perspective
essentialiste permet d’apporter un
éclairage sur le rôle de l’élite juive
et de son entreprise.
L’Amérique n’est
pas la première ou la deuxième puissance
à avoir été renversée par le pouvoir
juif. C’est juste la dernière d’une
longue série. L’Amérique aimerait
s’émanciper mais pour faire cela, elle
doit tout d’abord boucher le trou dans
son système qui permet à un lobby
étranger de s’infiltrer et de dominer sa
politique.
Durant les
manifestations à Paris contre la guerre
israélienne à Gaza, nous avons assisté à
l’émergence d’un nouveau collectif : la
Gaza Firm [5].
Certains pensent qu’il s’agit d’une
forme de « Ligue de défense goy ». Quel
est votre analyse sur ce nouveau
phénomène ?
Je crois que la
« Ligue de défense goy » représente un
développement nécessaire. J’en suis
arrivé à croire que la résistance à la
politique juive et à son pouvoir est la
seule chose qui peut sauver autant la
paix mondiale que les juifs. La
répression des sentiments antijuifs par
les moyens du politiquement correct a
mené d’une part à l’impunité juive et
d’autre part à un ressentiment violent
et explosif à l’encontre des juifs.
L’opposition naturelle à l’égard de la
politique juive et des attitudes
suprémacistes n’aurait jamais dû être
étouffée. L’opposition doit être
adressée de manière ouverte afin que les
juifs et leur État comprennent que leurs
libertés ne sont pas sans limites.
Propos recueillis par Alimuddin Usmani
le 21 août 2014.
Notes
[1] http://www.europe1.fr/international/gaza-mohammed-deif-l-homme-a-abattre-pour-israel-2207649
[2] http://www.gilad.co.uk/writings/once-again-israel-is-defeated.html
[3] http://mondoweiss.net/
[4] http://www.huffpostmaghreb.com/2014/08/15/tension-israel-etats-unis-gaza_n_5682066.html
[5] http://www.egaliteetreconciliation.fr/Gaza-Firm-enfin-une-Ligue-de-defense-goy-26782.html

Source: http://www.egaliteetreconciliation.fr/Entretien-avec-Gilad-Atzmon-sur-la-politique-israelienne-et-les-Etats-Unis-27394.html
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