Algérie1
Il faut remettre l’être humain au centre
de nos préoccupations, dans tous ses
droits
et dans toute sa dignité
Gabriel Hagaï
Lundi 13 janvier 2020
Entretien réalisé
par Amine Bouali
Le rabbin Gabriel
Hagaï est né en 1967. Juif orthodoxe de
tradition séfarade, il a acquis sa
formation religieuse et intellectuelle à
Jérusalem et à Boston (USA). Il est
actuellement enseignant-chercheur et
chargé de cours dans plusieurs
universités et instituts supérieurs
parisiens. Linguiste, philologue,
paléographe-codicologue, poète,
calligraphe, il est très investi dans le
dialogue interreligieux et membre actif
de plusieurs associations françaises et
internationales promouvant la paix.
Depuis une dizaine d’années, il
co-dirige un ensemble judéo-musulman de
musique arabo-andalouse appelé La Rose
et l’Olivier, et co-anime (avec le poète
Khaled Roumo et la pasteure Mireille
Akaouala) un trio interspirituel de
conférenciers appelé Le Temps de la
Miséricorde. Il est le lauréat 2019 de
la Médaille d’Honneur Samaritaine pour
des Réalisations Humanitaires. Gabriel
Hagaï est co-auteur de plusieurs
ouvrages : « Rites – Fêtes et
Célébrations de l’Humanité », éditions
Bayard, 2012; « L’Aventure de la
Calligraphie », Bayard, 2014; « Espérer
l’Inespéré – 15 Témoins pour Retrouver
la Confiance », Saint-Léger Éditions,
2016; « La Laïcité aux Éclats » (avec
Ghaleb Bencheikh, Emmanuel Pisani et
Catherine Kintzler, éditions Les
Unpertinents, 2018 et « Il Padre Nostro
e i Rotoli di Qumran nel Lavoro
Scientifico di Jean Carmignac » (avec
Roberta Collu et Hervé-Élie Bokobza),
éditions LEF, Florence, 2019. D’un point
de vue religieux et politique, Gabriel
Hagaï se revendique « anti-sioniste ».
Il a soutenu la Marche contre
l’islamophobie, qui a eu lieu le
dimanche 10 novembre 2019 à Paris.
Algérie1 lui a posé trois questions, en
lui laissant l’opportunité de s’exprimer
en toute liberté.
Algérie1: M. le
rabbin Gabriel Hagaï, vous vous
définissez comme juif orthodoxe
anti-sioniste et vous soutenez que les
prétendues « valeurs » sur lesquelles a
été créé le sionisme sont contraires à
la Torah. Pourriez-vous préciser, pour
nos lecteurs, votre point de vue sur ce
sujet, en même temps que votre position
à propos du conflit
israélo-palestinien ?
Gabriel Hagaï :
Tout d’abord, je voudrais souhaiter à
tous vos lecteurs : hash-shalôm ‘alêkhem weraḥmê
Adônây wuvirkatô (que la paix, la
miséricorde du Seigneur et Sa
bénédiction soit sur vous). Le
Proche-Orient fait toujours parler de
lui dans l’actualité. Pour le simple
citoyen français, il existe toujours une
certaine confusion quant à ce qui se
passe véritablement là-bas, en
Israël-Palestine. Qui est à l’origine de
quoi ? Quel camp serait celui des
méchants ? Des gentils ? Différents sons
de cloche se font entendre selon les
communautés qui les relaient, tous plus
empreints d’émotion que
d’objectivité. La situation
proche-orientale est complexe – mais pas
exactement de la manière dont elle est
présentée ici, par les médias
occidentaux, acquis à telle ou telle
cause, et répondant à des agendas qui
leurs sont propres. Trop souvent, sous
la plume des journalistes, le conflit
israélo-palestinien devient l’objet de
généralisations réductrices et
approximatives, fruits d’un manichéisme
dichotomique primaire, qui ne fait
qu’ajouter de l’huile sur feu. Or, rien
n’est là-bas ni tout noir ni tout blanc
– mais tout est gris de plusieurs
nuances. Depuis des années, les
populations locales sont les otages de
politiques toxiques fondées sur des
propagandes idéologiques haineuses et
exclusivistes. Le nationalisme et la
religion deviennent des outils de
manipulation des masses. La mauvaise foi
règne, partagée des deux côtés de
l’échiquier conflictuel. Non, tous les
Israéliens ne sont pas des tueurs
d’enfants arabes, comme le proclament
certains Arabes. Non, tous les
Palestiniens ne sont pas des meurtriers
assoiffés de sang juif, comme le
proclament certains Israéliens. Par
contre, tous souffrent de cette
situation qui n’en finit plus. C’est
notre rôle, à nous qui cherchons la
paix, de ne pas choisir de camp. Une
paix authentique en Terre Sainte ne sera
possible que fondée sur la justice
pour tous les protagonistes, et non sur
la simple absence de violence ou sur le
remplacement d’une injustice par une
autre. La paix ne se fera pas au
détriment des Palestiniens et au
bénéfice des Israéliens, ou
réciproquement, mais au bénéfice des
deux, ensemble.
C’est pourquoi
soutenir la paix, c’est soutenir les
deux camps – pas les discours
politiques, bien sûr, ni les
gouvernements, mais les populations
elles-mêmes –, et servir de médiateur
afin qu’ils trouvent d’eux-mêmes leur
propres solutions à tous leurs
problèmes. Soutenir la paix, c’est aussi
dénoncer les représentations partiales
et malveillantes, quelle que soit la
partie qui en est à l’origine. Non au
racisme ! Non aux exclusions
déshumanisantes et aux simplifications
meurtrières ! L’arme de la justice est
la vérité. Oui, l’armée israélienne est
une armée d’occupation. Oui, le
terrorisme aveugle est du meurtre pur et
simple. Oui, le Gouvernement israélien
viole les droits de l’Homme. Oui,
contester la présence historique des
juifs en Terre Sainte est un mensonge.
Oui, un racisme anti-arabe existe chez
certains juifs. Oui, un discours
antisémite arabe s’entend dans certains
cercles. Etc. – la liste est encore
longue, malheureusement. De nombreuses
initiatives associatives locales
existent, tant israéliennes que
palestiniennes – et même souvent
conjointes –, qui luttent pour une
véritable justice et pour
l’établissement d’une société apaisée et
fraternelle. Innombrables sont les liens
d’amitié qui ont pu être ainsi tressés
par-delà les idéologies belliqueuses. La
violence vengeresse n’est jamais une
réponse légitime – le sang versé
n’arrangera jamais la situation. La
politique a été à l’origine du problème,
les citoyens seront à l’origine de la
solution.
Pour revenir à la
polémique récente en France autour de la
définition du « sionisme » – et donc de
la nature de l’opposition à cette
idéologie –, je pense qu’il est
important d’apporter ici quelques
éclaircissements. Le sionisme est un
projet politique séculaire d’origine
européenne qui usurpe l’identité juive
pour la transformer en nationalisme
primaire. C’est donc, par définition, un
mouvement raciste, exclusiviste et
hégémoniste, de facto
faiseur d’apartheid. C’est cette
idéologie toxique qui a donné naissance
à l’État d’Israël. Or, avant cela, les
juifs n’ont jamais été nationalistes, ni
par leur histoire, ni par leur
religion. L’amalgame entre « sionisme »
et « judaïsme » est souvent dû au fait
que ce premier est un mouvement
nationaliste juif, s’adressant aux
juifs, et dont le but est
l’établissement d’un pays juif souverain
(l’État d’Israël) parlant une langue
juive (l’hébreu en l’occurrence). Du
coup, le qualifier de « judaïsme »
devient séduisant pour certains. Mais
c’est complètement méconnaître
l’idéologie même du sionisme dont le but
est de remplacer la Torah (c’est-à-dire
l’observance des préceptes bibliques
mosaïques) par du nationalisme. Être
juif, pour le sionisme, c’est être un
citoyen de l’État sioniste, pour lequel
toute pratique religieuse est superflue,
voire à combattre.
Le sionisme est
donc l’adversaire idéologique de la
Torah (de la religion juive). Certes, il
existe un mouvement sioniste religieux,
centré autour de la pensée du rabbin Tsevî-Yehûda
Kook (1891-1982), mais nombreuses y sont
les incohérences, les réductions et les
contradictions vis-à-vis des sources
religieuses juives authentiques. Il faut
bien comprendre qu’il n’existe pas plus
de lien entre le sionisme (l’État
d’Israël) et la Torah – malgré la
judaïté des sionistes – qu’entre, par
exemple, le Ku Klux Klan et l’Église
catholique (bien que les klanistes
soient chrétiens). Donc, on ne peut pas
plus affirmer que l’État israélien
représenterait LES juifs (tous les
juifs, et le judaïsme en plus) que le
Texas les chrétiens. Malgré tout cela,
l’État d’Israël utilise plusieurs
sophismes afin de s’établir en
représentant légitime et exclusif du
Peuple d’Israël. La liste est longue et
fallacieuse, et je n’en aborderai ici
que quelques-uns de ses éléments. Le
point le plus important de la propagande
sioniste est de « favoriser le “retour”
du Peuple juif en Terre d’Israël » ! Or,
à ma connaissance, des juifs ont de tout
temps vécu en Terre Sainte. De quel
« retour » parle-t-on alors, vu que les
juifs n’ont jamais rompu leur lien à
cette Terre ? Donc cette propagande
sioniste insinue le pouvoir politique
? De plus, ce « Peuple juif » cité ici,
qui est-il ? Il me semble que la
majorité du Peuple juif ne vit justement
pas en Terre Sainte. Qui donc peut
s’établir là-bas en représentant
exclusif de ce peuple (et délégitimer
ainsi les autres juifs vivant
ailleurs) ? Et puis, « en Terre
d’Israël » – selon quelles frontières ?
Le Royaume d’Israël biblique à l’époque
du Roi David comprenait aussi l’autre
rive du Jourdain (la Jordanie actuelle)
jusqu’à Damas (en Syrie actuelle).
Devrait-on entendre par là, d’après les
sionistes, qu’il faudrait également que
les juifs conquièrent ces territoires
afin d’y assoir leur gouvernance ? Un
autre élément de propagande est
l’utilisation ad nauseam de l’argument
sécuritaire. Exactement comme en Afrique
du Sud lors de l’Apartheid – où les
Blancs étaient convaincus par la
propagande de maintenir cet état de
fait, sinon les Noirs allaient tous les
égorger –, ainsi les Israéliens sont
manipulés à croire que tous les Arabes
veulent leur extermination. Pour
accentuer cette démagogie, le souvenir
de la Shoah est agité sans vergogne afin
de distiller la peur de
l’anéantissement. L’État sioniste
garantirait la sécurité des juifs dans
le monde. Or, c’est tout le contraire
qui se passe ! Le raccourci est aisé :
identification entre l’État d’Israël et
les citoyens israéliens, puis entre les
Israéliens et tous les juifs. Comment
empêcher cet amalgame toxique ? Les
institutions juives françaises n’aident
pas à calmer la situation, au contraire.
Leur soutien inconditionnel à l’État
d’Israël – et leur fait d’assimiler
l’antisionisme à l’antisémitisme –,
ouvre le bal de tous les amalgames. La
communauté juive se retrouve prise en
otage par l’idéologie sioniste. Les
discours s’enflamment de tous les
côtés.
Il est important de
souligner ici que l’identité juive ne
s’établit pas vis-à-vis des aléas des
persécutions (qui sont des épiphénomènes
ne nous définissant pas), mais vis-à-vis
de la Torah. C’est elle qui légitime
notre histoire et notre identité en tant
que peuple (ou plutôt en tant que
famille) – du coup, selon moi, un juif
sans Torah, même si cela existe de
facto, n’a pas beaucoup de sens. Car
nous les juifs sommes une famille, pas
une nation au sens politique du terme.
Nous sommes la « Famille de Jacob (Bêt-Ya‘aqov) »,
celle de ses descendants – à qui Dieu a
donné Sa Torah par Moïse –, et à
laquelle on peut appartenir par trois
moyens : 1. la filiation, 2. l’adoption
(ce qu’on appelle abusivement la
« conversion ») et 3. le mariage. C’est
pour cela qu’il existe des juifs de
toutes les ethnies, fruits des mélanges
entre nos populations originelles du
Moyen-Orient et les peuples qui nous ont
accueillis tout au long de notre
histoire. Ainsi nos gènes sont communs
avec nos sœurs et frères les
Palestiniens, qui partagent la même
origine que nous. Notre Torah est
justement basée sur la justice, l’amour,
l’humilité et l’inclusion – vertus
incarnées par nos Prophètes et nos
Saints, tels Moïse, Aaron et Hillel
l’Ancien. Tout le contraire des
« valeurs » du sionisme, construit sur
l’orgueil, l’oppression, la haine et
l’exclusion – celles de Théodore Herzl,
de Joseph Trumpeldor ou de Ben Gourion. Selon
notre Torah, on ne saurait donc établir
une société saine sur l’injustice envers
ne fût-ce qu’une seule personne
(fût-elle non-juive) – a fortiori envers
un peuple tout entier (les
Palestiniens). Il est dit (Deut.
XVI:20) : « Ṣedeq ṣedeq tirdof (justice,
tu poursuivras la justice) ! ». Et (Deut.
XXX:15-19) : « Wuvaḥarta ba-ḥayyîm (tu
choisiras la vie) ». De même, la Torah
doit être « [notre] sagesse et [notre]
intelligence aux yeux des nations » (Deut.
IV:6), plutôt qu’un manuel d’oppression
nationaliste. La Rédemption finale ne se
fera que sur l’Amour inconditionnel (Ahavat
ḥinnam), et pas sur autre chose.
Certes, il existe
un « amour de Sion » d’origine
religieuse, où chaque juif désire vivre
en Terre Sainte pour y recueillir ses
fruits spirituels – à l’image de Moïse (Môshè)
lui-même (cf. Deut. III:25). Et surtout
y être enterré afin d’être aux premières
loges lors de la Résurrection des morts.
Ceci dit, cela n’a rien à voir avec
prendre là-bas la gouvernance ou le
pouvoir politique, surtout au prix d’une
injustice. Les juifs sont donc les
premières victimes de l’arnaque sioniste
(la liste est longue). Les seconds en
sont les Palestiniens qui subissent une
occupation violente et un apartheid en
règle – quand ils ne sont pas purement
et simplement massacrés. L’expression
« antisionisme » peut prêter, chez
certains, à confusion, car elle est
aussi utilisée par des extrémistes qui
veulent purifier la Terre Sainte de
toute présence juive par un massacre pur
et simple de la population
israélienne. Cette opposition armée et
violente à l’existence d’un État
israélien dégénérant en antisémitisme
(c.-à-d. en haine générale du juif)
avait été crainte par l’ancien président
tunisien Habib Bourguiba dès 1965 :
« Dans le cas de la Palestine, cette
haine conduit à confondre l’antisionisme
avec l’antisémitisme, ce qui engendre
[…] un fanatisme qui sera dangereux le
jour où il faudra négocier». Ce
fanatisme n’est évidemment pas mon cas,
ni le cas de mes amis Palestiniens, ni
celui de l’écrasante majorité des gens
sains d’esprit. Surtout que je suis
plutôt un partisan de la non-violence,
un adepte de la paix et de la
justice. Je pense, dès la reconnaissance
par le Gouvernement israélien de ses
erreurs, l’abandon de l’occupation armée
et l’octroi de leur droits aux
Palestiniens, qu’il n’y aura alors plus
de problèmes (car plus
d’idéologie sioniste). Donc, en tant
qu’opposant à l’idéologie sioniste pour
toutes les raisons suscitées, j’accepte
d’être qualifié d’« antisioniste »
à défaut d’un meilleur terme. À cause
des dirigeants de l’entité politique
nationaliste juive en Terre Sainte, les
nobles mots « Israël » et « Sion » sont
désormais jetés dans la boue, voués à
l’opprobre du monde entier. Les
sionistes ont réussi à profaner ces noms
sacrés en les associant à leurs
entreprises honteuses, indignes du
judaïsme et de la Torah. C’est une faute
impardonnable ! Cela fait d’ailleurs
saigner mon cœur d’avoir à utiliser des
fois ces saints noms dans leur sens
profané, quand il n’y a pas d’autre
alternative ou afin de pouvoir me faire
comprendre plus facilement de mes
interlocuteurs, comme dans cette
interview ici. Que Dieu nous sauve des
faussaires et des arnaqueurs. Ne soyons
pas idolâtres de concepts impersonnels
et inhumains comme l’État, la Nation,
les Frontières ou le Gouvernement, qui
n’entraînent que conflits et souffrances
individuelles. Il faut remettre l’être
humain au centre de nos préoccupations,
dans tous ses droits et dans toute sa
dignité.
Algérie1 : M. le
rabbin, on assiste actuellement
en France – pays où vous vivez – à une
montée de l’hostilité xénophobe
vis-à-vis de l’Islam et des Musulmans. À
maintes occasions, vous avez exprimé
votre solidarité avec vos compatriotes
musulmans qui sont pointés du doigt par
une partie de l’opinion publique et des
médias français et assimilés à des
sous-citoyens ou des citoyens-à-part ou,
pire, à de potentiels terroristes.
Lorsque vous agissez ainsi, vous dites
que vous ne suivez que les prescriptions
de votre conscience et celles de votre
religion.
Gabriel Hagaï :
J’ai été effaré dernièrement par les
réactions de certains membres de la
communauté juive, mes propres
coreligionnaires, concernant la Marche
contre l’Islamophobie du 10
novembre 2019. Que de haine gratuite !
Comment nous, qui avons vécu dans notre
chair le racisme, la stigmatisation,
l’humiliation, l’exclusion, la haine et
le discours mensonger, pouvons-nous être
insensibles à ce que la communauté
musulmane subit en France ? Où sont
passées nos belles valeurs humanistes,
celles de la Torah, qui ont fait notre
notoriété ? Alors on se permet de
soutenir les caricatures de Mohammed au
nom de la sacro-sainte liberté
d’expression, mais on empêche ceux qui
dénoncent l’islamophobie d’utiliser une
étoile jaune symbolique ?!! On agite des
drapeaux israéliens à des manifestations
contre l’antisémitisme, mais on
s’offusque de voir quelques drapeaux
palestiniens !! Cette liberté
serait-elle à plusieurs vitesses ?
Serait-elle refusée dès qu’il s’agit des
musulmans ? Ces juifs aux idées
extrémistes produisent eux-mêmes la
haine islamophobe qu’ils nient et dont
ils refusent aux musulmans l’existence !
J’ai honte pour eux. Se rendent-ils
compte, ces semeurs de trouble, que leur
discours nauséabond est le même que
celui tenu par les antisémites envers
les juifs dans les années 30-40 du
siècle dernier ? Comment peut-on faire
subir à d’autres ce que nous avons
subi ? C’est le contraire même de la
Règle d’Or professée par la Torah – « Ne
fais pas à autrui ce que tu ne veux pas
qu’on te fasse ! ». Ces gens-là ignorent
sérieusement l’Histoire et la tradition
juive. On entend chez certains d’entre
eux l’argument fallacieux que seuls les
musulmans produiraient des terroristes,
mais pas les juifs. Or, ne leur en
déplaise, c’est faux ! Si, si, des juifs
tuent bien au nom d’une idéologie : ça
s’appelle le sionisme ! Le terrorisme
d’Etat reste du terrorisme – et celui de
l’armée israélienne tue des
Palestiniens, et encore maintenant à
Gaza.
Toute forme de
terrorisme est toujours à condamner.
Tuer aveuglément des innocents ne peut
jamais être légitimé par aucune cause,
fut-elle la plus juste qu’il soit. Non
seulement cela ne résout rien, mais cela
envenime la situation. Les assassins
devront répondre un jour de leurs crimes
devant un tribunal humain ou devant
Dieu. Pour en revenir à la France, il
existe une tradition malheureuse
d’appliquer certains principes
démocratiques de manière différente
selon à qui on a affaire – en
contradiction totale avec la déontologie
républicaine de justice et d’égalité.
C’est le cas de la liberté d’expression
dès qu’il s’agit de l’islam ou des
musulmans. L’exercice de la liberté est
un chemin ardu souvent mal compris.
Cette liberté doit s’appliquer pour tous
également, même pour ceux avec lesquels
on n’est pas d’accord ou qui sortent du
cadre du socialement correct (je pense à
Dieudonné, par exemple). Il en va de
même pour la justice, elle doit
s’appliquer pour tous de manière égale,
indépendamment du fait que la personne
soit un salaud ou un saint. Rien ne
justifie (dans un cas équivalent, bien
sûr) que quelqu’un subisse de plein
fouet l’application la plus rigoureuse
du droit – à cause de ses origines,
croyances, opinions, etc. –, alors qu’un
autre profite d’une indulgence
bienveillante – grâce à son appartenance
à la caste dominante. Appliquer deux
poids deux mesures à nos principes
républicains est une faute. Tant que son
contenu ne cause pas de dommage anormal
à un tiers, la liberté d’expression est
un droit essentiel – même lorsqu’elle
nous dérange. Cela participe de la bonne
éducation civique que d’être respectueux
de ceux avec qui on est en désaccord.
C’est un fondement de toute civilisation
démocratique – surtout si elle veut le
rester. Le droit de s’indigner est
également primordial, et je le
préfèrerai toujours à la censure.
Lorsque l’expression est libre,
utilisons-la ! Laissons-les dire ce
qu’ils ont à dire, les Sorel, les
Dieudonné, les Ryssen et les Le Pen, les
Charlie et les Filoche – mais exerçons
notre droit de réponse. À nous de
caricaturer les caricaturistes ! Au nom
de la sacro-sainte liberté, je lutterai
toujours pour que tous puissent
s’exprimer, même ceux qui tiennent des
propos racistes, blasphémateurs et
haineux, totalement en opposition avec
mes principes (je m’étais d’ailleurs
insurgé à l’époque, en 2013, contre la
campagne de censure menée par l’ancien
Premier ministre Emmanuel Valls à
l’encontre de l’humoriste (au goût
douteux, selon moi) Dieudonné M’Bala
M’Bala). Mais je ne me tairai pas non
plus, et dénoncerai tout discours
néfaste, mensonger, réducteur,
exclusiviste et intolérant – toujours au
nom de cette même liberté.
Trop souvent en
France, on empêche les idiots d’exprimer
leurs opinions (« la terre est plate »,
« la Shoah n’a jamais existé », « la
colonisation a été bénéfique », « les
Blancs sont la race supérieure », « les
extra-terrestres contrôlent le
monde », etc.). Commencer par limiter
sélectivement la liberté d’expression
est la porte ouverte à l’arbitraire
soumis aux aléas du politiquement
correct. Il n’y a qu’un pas d’ici vers
le totalitarisme intellectuel et la
dictature de la pensée unique.
Enseignons à nos politiciens (trop
souvent girouettes opportunistes et
démagogues) qu’au niveau de la liberté
d’expression, ils se doivent d’embrasser
le célèbre paradoxe « il est interdit
d’interdire ». Nous qui sommes pour la
justice et pour la paix, que Dieu nous
aide à purifier notre cœur de toute
haine. Ô Seigneur, quand Tes enfants
cesseront-ils leurs divisions ?
Algérie1: M. le
rabbin, avez-vous un message à adresser
aux musulmans du monde entier ?
Gabriel Hagaï :
Merci pour cette excellente
question. Pour commencer à y répondre,
j’aimerais partager ici une petite
anecdote personnelle : vers l’âge de 12
ans et demi, en préparation à ma bar-miṣwa (fête
de la majorité religieuse à 13 ans), mes
parents m’ont fait prendre des cours
chez le rabbin Makhlûf Ad-Dahân. C’était
un vieux rabbin d’origine marocaine,
d’une grande piété, d’une profonde
humilité et d’une véritable érudition.
Un jour, en passant Rue de Tanger (à
Paris, dans le 19ème arrondissement)
devant la mosquée, en entendant le adhân (l’appel
à la prière) – « Allâhu akbar ! » – ribbî Makhlûf a
dit « bârûkh Hû wu-vârûkh shemô (littéralement
“bénit soit-Il et bénit soit Son
nom”) ». Or, c’est une phrase d’eulogie
que l’on dit à la synagogue quand on
entend le nom de Dieu, et donc
exclusivement dans un contexte
liturgique juif, et en hébreu. Étonné,
je lui demandais « Ribbî, pourquoi as-tu
dit ça ? » « Et pourquoi pas ? »
répondit-il par une autre question à la
manière des rabbins, « Les Musulmans ne
croient-ils pas au même Dieu que
nous ? ». Cet épisode m’a marqué pour la
vie : on pouvait donc adorer le même
Dieu tout en étant d’une religion
différente, et on devait même témoigner
du respect envers cette autre religion !
C’était ma première ouverture à
l’interreligieux. Ribbî Makhlûf Ad-Dahân
m’avait étonné par le respect qu’il
portait envers l’islam. Bien que Juif
très pieux, il était capable de citer
par cœur des passages entiers du Coran
en arabe. Il avait fait partie du cercle
des qabbalistes d’Erfoud (Maroc), auquel
ont appartenu de célèbres rabbins, dont
le fameux rabbin Yisrâ’él Abîḥṣéra
(1889-1984) – dit Baba Salé – sur la
tombe duquel se rassemblent plus d’un
demi-million de personnes lors de
l’anniversaire de sa disparition chaque
année à Netivot (Israël). Tout ça, je ne
l’ai su que bien plus tard et j’ai eu
l’impression d’avoir « raté le coche »
avec ribbî Makhlûf – si seulement
j’avais eu dix ans de plus ! Mais je
n’étais alors qu’un jeune adolescent, et
donc attiré par d’autres sujets plus
terrestres.
Je voudrais
continuer en évoquant rapidement les
rapports historiques entre l’islam et le
judaïsme. Toute religion, à un moment ou
à un autre de son histoire, s’est posée
la question de la légitimité par rapport
à elle-même de celles qui l’ont
précédée, ainsi que de celles qui
apparaissent après elle. Les
reconnaît-elle, les accepte-t-elle, les
renie-t-elle, les supplante-telle, les
détruit-elle ? Coexistera-t-elle avec
elles de manière parallèle, en les
englobant dans ses propres concepts ? Ce
fut le cas, par exemple, de la religion
romaine vis-à-vis des autres cultes
méditerranéens (grecs, sémites,
égyptiens). Refusera-t-elle la
légitimité des autres confessions ?
Conduite qu’a adoptée, entre autres, le
christianisme au Concile de Nicée (325),
se substituant au judaïsme et jetant
l’anathème sur les branches dissidentes
récusant son credo. Ainsi l’islam, dès
ses premières révélations coraniques,
s’est trouvé devant les
questions : Quid des
idolâtres ? Quid des juifs et des
chrétiens ? Questions dont les réponses
ont fait la différence pour des milliers
de personnes entre la vie et la mort, la
liberté et l’esclavage, la dignité et la
soumission. Le verset 48 de la sourate V
(Al-Mâ’ida) participe de ce mouvement
inclusif du Coran, invitant au
vivre-ensemble fraternel avec les autres
confessions monothéistes dans le respect
de leurs croyances et de leurs
pratiques. Bien sûr, cette lecture
excluant les velléités de prosélytisme
(ou plutôt de « prosélytifaction »)
envers elles, peut être plus ou moins
tempérée selon l’idéologie religieuse,
prônant un islam ouvert ou exclusif,
respectueux de la diversité ou takfîrî.
Ceci est pertinent
pour un Juif vivant en terre d’islam,
d’être légitimé ou non par le Coran dans
sa pratique religieuse. Pouvons-nous
continuer à y vivre selon les préceptes
millénaires de la Torah révélée à
Moïse ? Durant sa longue histoire, le
judaïsme a subi de la part de diverses
religions (surtout du zoroastrisme et du
christianisme) des aspirations plus ou
moins fortes à sa disparition. Allait-il
en être de même ici ? Les chroniques
humaines consignent que malgré quelques
aléas anecdotiques circonstanciels –
allant de la conversion forcée au
massacre –, la cohabitation
judéo-musulmane s’est faite sans heurts,
et même dans un auto-enrichissement
réciproque (cf. l’ouvrage encyclopédique
« L’Histoire des relations entre juifs
et musulmans », éditions Albin Michel,
2013, sous la direction de Benjamin
Stora et Abdelwahab Meddeb). Pour
illustrer cela succinctement, je
prendrai l’exemple de l’influence du
soufisme sur la pratique mystique juive.
Vivant à Saragosse (Espagne) dans la
première moitié du XIe siècle, le rabbin
Baḥyâ (Abû Yiṣḥâq) ben Yôséf Ibn-Paqûda
rédige vers 1040 Al-Hidâyat ilâ Farâ’iḍ
al-Qulûb (“Le Guide des Devoirs des
Cœurs”, en hébreu Ḥôvôt hal-Levâvôt).
Dans cet ouvrage, inspiré des
encyclopédistes musulmans connus sous le
nom de « Frères de la Pureté (Ikhwân aṣ-Ṣafâ) »,
Baḥyâ Ibn-Paqûda compile les
enseignements éthiques juifs en un
système cohérent, citant anonymement
pour confirmer son propos de nombreux
auteurs soufis et poètes arabes. Parmi
ses sources utilisées, on peut trouver
Al-Muḥâsibî, Abû-l-Ṭayyib al-Mutanabbî,
Abû Ṭâlib al-Makkî (Qût al-Qulûb), Al-Junayd,
Al-Ḥasan al-Baṣrî et Dhû-n-Nûn al-Miṣrî. On
peut évoquer également le rabbin Abraham
Maïmonide (Fostat, 1186-1237), fils du
célèbre Moïse du même nom (surnommé le Rambâm selon
son acronyme), chef des piétistes juifs
en Égypte, qui rédige le Kitâb Kifâyat
al-‘Âbidîn (“Guide Compréhensif pour les
Serviteurs [de Dieu]”). Les citations
du taṣawwuf y sont tellement
importantes, que Paul Fenton (1951-), le
spécialiste universitaire français de
cette littérature, l’appelle le « soufi
juif ».
Pour clore cette
courte illustration, je mentionnerai le
témoignage des Maîtres de ma lignée. À
cause de la taille souvent réduite des
communautés israélites en terre d’islam,
il n’était pas rare pour les confréries
mystiques juives d’utiliser les
structures de leurs consœurs soufies –
surtout pour les retraites (khalwât) –
faute d’en posséder d’adéquates en leur
sein. Fort de cette fraternité
spirituelle, on pouvait voir encore
récemment (jusqu’à l’exode massif des
Juifs des pays musulmans) un rabbin
faire la retraite spirituelle dans une zâwiyya à
côté des autres fuqarâ’. Ce fait est
dûment documenté dans la Genîza du
Caire, par la pétition (datée d’entre
1355 et 1367) d’une femme juive (mère de
3 enfants) devant le tribunal rabbinique
de ribbî David II Maïmonide (investi en
1355). Cette dernière demande que l’on
adresse une requête à son mari, Baṣîr al-Jalâjilî (le
“faiseur de cloches”) – alors en khalwa chez
(Jamâl-ud-Dîn) Yûsuf (b. ‘Alî) al-Kûrânî
(mort en 1367) –, car la somme d’argent
qu’il lui a laissée avant de commencer
sa retraite a été complètement dépensée
(voir l’article publié : « A Jewish
Addict to Sufism: In the Time of the
Nagid David II Maimonides », S. D.
Goitein, The Jewish Quarterly Review,
New Series, Vol. 44, No. 1 (Jul., 1953),
pp. 37-49). Ce qu’il faut noter, c’est
l’acceptation des pratiques de ce genre,
car ici ni l’épouse ni le tribunal
rabbinique ne cherchent à condamner le
mari juif parce qu’il serait parti chez
des soufis musulmans pour faire sa
retraite spirituelle, mais juste parce
qu’il n’a pas laissé de ressources
suffisantes à sa famille.
Quand l’islam est
arrivé au Maghreb, une partie des
autochtones berbères à l’époque étaient
de confession juive. Au cours des
siècles qui ont suivi, certains ont
embrassé la religion musulmane, alors
que d’autres sont restés juifs. Du coup,
les gens avaient conscience d’être de la
même famille par-delà les différences
religieuses. C’est pour cette raison que
dans toute l’Afrique du Nord, on trouve
ce que les anthropologues appellent « le
culte syncrétique des Saints », où les
juifs célèbrent avec leurs voisins
musulmans le mûsam du Walî local,
et ces derniers avec les juifs la hillûlâ du Ṣaddîq
du coin. Car dans l’esprit des natifs,
les miracles attribués au Saint qui
marchent pour la branche de la famille
de telle religion, marchent évidemment
pour ceux de l’autre religion. Cette
conscience profonde des musulmans et des
juifs maghrébins d’appartenir à une même
famille a perduré pendant des siècles
jusqu’à très récemment dans l’Histoire.
La séparation entre les deux communautés
a été exacerbée par un double phénomène
moderne : 1. La colonisation française,
qui a proposé l’émancipation aux
indigènes juifs (avec le Décret
Crémieux) mais pas aux musulmans, nous
mettant du coup du mauvais côté lors des
luttes pour l’indépendance. Et 2. le
sionisme, qui a achevé la déchirure,
jetant les juifs dans les griffes du
nationalisme israélien, et les musulmans
dans celles du panarabisme ou de
l’islamisme politique. Alors que moi qui
ai été éduqué encore dans cette
conscience d’une filiation commune, je
me sens plus proche d’un musulman
maghrébin que d’un juif ashkénaze.
Surtout qu’au-delà de la différence
religieuse, ne partageons-nous pas la
même culture, ne cuisinons-nous pas les
mêmes couscous, ne préparons-nous pas
les mêmes pâtisseries orientales,
n’écoutons-nous pas la même musique
arabo-andalouse, n’avons-nous pas la
même gestuelle non-verbale, etc. ? Ce
qui n’est pas mon cas avec un
Ashkénaze.
Finissant sur une
note plus générale, pour moi, une
religion – quelle qu’elle soit– est un
chemin de transformation personnelle
permettant à l’être humain de réaliser
sa nature divine. En tous cas, c’est ce
qu’elle devrait être, avant sa
récupération malheureuse (et presque
inévitable) par les littéralistes, la
changeant en un tas de coutumes
archaïques et dévalorisantes. D’où la
nécessité d’une réactualisation
occasionnelle (mais constante) du
message divin tout au long de
l’Histoire. Ce que j’ai reçu de mes
rabbins, c’est que toutes les religions
sont égales – aucune n’est supérieure à
une autre, juste différente. Il est donc
important de ne pas attribuer un
jugement de valeur à celles-ci ; la
vérité de l’une n’entraîne pas la
non-vérité de l’autre. Au niveau de
Dieu, toutes les Vérités révélées sont
vraies et toutes coexistent en Lui et
par Lui. Pour paraphraser le Père
Christian de Chergé (1937-1996) : servir
Dieu autrement ne signifie pas servir un
autre Dieu. La face de l’Éternel ne se
dévoile-t-elle pas dans l’humanité,
justement parce qu’elle est multiple ?
N’est-il pas dangereux de réduire
l’accès à Dieu à un seul
chemin ? Certes, chaque système
religieux est en lui-même exclusif – car
légitime dans sa cohérence propre – mais
par rapport aux autres, et surtout par
rapport à Dieu, il perd son caractère
absolu. L’important c’est l’être humain
lui-même ; c’est-à-dire la réalisation
de son projet divin, quel que soit le
chemin qu’il emprunte. Reprenant
une métaphore utilisée par ribbî Naḥmân
de Bracław (1772-1810), on peut dire que
chaque religion serait comme un musicien
jouant d’un instrument spécifique selon
une partition particulière. Le but est
que toutes jouent harmonieusement
ensemble la grande Symphonie divine,
appelée en hébreu « han-Niggûn hâ-‘elyôn (la
Mélodie transcendante) ». La beauté
orchestrale de ce morceau divin provient
justement de la diversité de ses
interprètes musicaux. Il nous faut tout
simplement jouer ensemble, sans jugement
– aucun instrument n’est plus important
que l’autre, aucune partition n’est
meilleure que l’autre. Nul besoin de
forcer les autres à jouer de son
instrument ou de sa mélodie – ce serait
une telle perte de beauté. Le sublime ne
naît-il pas de cette union harmonique ?
Vouloir que tous ne jouent que d’un seul
instrument, ou ne suivent qu’une seule
partition, n’est qu’un appauvrissement
de la Volonté divine. Que serait la 5ème
symphonie de Beethoven exécutée
uniquement au piano, et avec une seule
main ? De plus, une religion se doit
d’être en avance sur son temps, d’être
sur le front de la défense des droits de
tous les opprimés, comme elle l’a été à
sa naissance. Deux exemples : De
nombreuses lois de la Torah ont été
données en réaction aux pratiques
magiques et superstitieuses de
l’idolâtrie (à ne pas confondre avec le
polythéisme) afin d’éloigner les gens de
celles-ci – comme l’explique
magistralement Maïmonide dans son Guide
des Égarés. Également, le Coran a donné
des droits aux femmes qui étaient
impensables dans l’Arabie antéislamique.
De nos jours, la religion doit continuer
de faire évoluer l’humanité dans le bon
sens, au lieu de renier les acquis du
monde moderne. Les mystiques de chaque
religion sont les gardiens de l’esprit
authentique de celle-ci. Ils s’assurent
que la Révélation divine reste incarnée
et vivante. Ils portent sur eux le poids
du monde; grâce à leur engagement, ils
élèvent, générations après générations,
un peu plus la conscience humaine
globale. Devant le défi de la modernité,
prions que les mystiques aient toujours
les moyens de transmettre le
chemin divin de l’autoréalisation. Et
pour revenir à votre question,
j’aimerais juste que s’accomplisse en
nous tous, ici-bas, le verset des
Psaumes de David (133:1) : « Qu’il est
bon et qu’il est agréable le séjour des
frères ensemble. »
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