La Voix de la
Russie
Entretien par Mikhaïl Gamandiy-Egorov
« Les habitants de Novorossia attendent
notre victoire ! »
Alan Mamiev
Samedi 30 août 2014
Novorossia résiste. Elle ne
tombe pas. Depuis que la junte de Kiev
ait décidé d’éliminer la population du
Sud-Est d’un Etat qui jadis s’appelait
l’Ukraine, la résistance y a joué un
rôle clé et ce malgré le fait que les
troupes fascistes envoyés par Kiev ont
tout de même « réussi » à commettre un
très grand nombre de crimes contre les
civils du Donbass. Entretien aujourd’hui
avec l’un de ces résistants, Alan Mamiev,
volontaire au sein du bataillon « Vostok
» (l’Est), originaire d’Ossétie.
Mikhail
Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie :
Alan, bonjour ! Pourriez-vous si
possible brièvement vous présenter à nos
lecteurs francophones ?
Alan Mamiev : Je
m’appelle Alan (surnom « Koba »), je
fais partie des volontaires du bataillon
« Vostok ». Je suis originaire d’Ossétie
et je suis arrivé ici en tant que
volontaire pour combattre le
néofascisme. Car je considère que les
banderovtsy (partisans du
collabo nazi Stepan Bandera et membres
d’organisations néonazies et
ultra-nationalistes, ndlr) qui ont pris
le pouvoir à Kiev doivent être
combattus. J’insisterai sur un fait, je
ne parle aucunement du peuple ukrainien
car la junte qui a pris le pouvoir à
Kiev ne représente pas tout le peuple
ukrainien. Il s’agit d’un groupe de
personnages minoritaire. Lorsqu’on parle
par exemple du nazisme en Allemagne,
fait-on allusion à tout le peuple
allemand ? Jamais. Donc ceux qui
représentent nos ennemis sont ces
groupes de néofascistes contre lesquels
moi et mes camarades sommes venus
lutter. Mais j’insiste : aucunement
contre le peuple ukrainien. Nous luttons
contre cette peste néonazie des
partisans de Bandera.
LVdlR : Cela
fait combien de temps que vous êtes à
Novorossia ?
Alan Mamiev : En
ce qui me concerne, cela fait deux mois.
Depuis que les combats d’envergure aient
commencé.
LVdlR :
Comment décririez-vous la situation
actuelle ?
Alan Mamiev : Il
y a une guerre de positions. Sur
certains endroits du front, nous avons
dû reculer, sur d’autres nous avons
avancé. Mais j’aimerai porter votre
attention sur un point très important.
Nous représentons à la base des unités
d’auto-défense, l’armée
insurrectionnelle, et nous devons faire
face aussi bien à l’armée régulière
ukrainienne qu’aux différents groupes
d’extrémistes. En face de nous, nous
avons affaire à une armée importante et
avec tous les moyens qui en découlent.
Donc évidemment nous nous trouvons dans
des conditions totalement inégales. Que
ce soit sur le plan quantitatif des
effectifs armés, qu’en termes de
matériel militaire, ainsi que dans les
autres domaines. Mais nous résistons
malgré tout.
LVdlR : A ma
connaissance le bataillon « Vostok » est
très international. Quelles nationalités
sont représentées parmi les volontaires
?
Alan Mamiev
: En effet. Une vraie
brigade internationale. Au sein de «
Vostok », nous avons des représentants
de pratiquement tous les peuples de
l’ex-URSS. Du Caucase notamment car nous
avons des combattants nord et
sud-ossètes, arméniens, géorgiens, ainsi
que d’autres régions comme par exemple
de Bouriatie. En ce qui concerne les
volontaires venus en dehors de
l’ex-URSS, nous avons des citoyens
français, britanniques, un citoyen
allemand, des volontaires antifascistes
espagnols… Un vrai groupe international.
LVdlR : Si je
comprends bien, toutes ces personnes
sont unies par l’antifascisme ?
Alan Mamiev
: Oui, exactement. Nous
luttons tous contre le néofascisme.
J’imagine que certaines personnes en
Occident et notamment en Europe, ne
connaissent pas ou ne comprennent pas ce
qui se passe vraiment ici. Car ce qui se
passe ici c’est justement la renaissance
du fascisme, dans les pires formes qui
soient. D’une certaine manière, cela
ressemble à ce qui s’est passé en
Espagne avant la Seconde guerre mondiale
(Guerre civile espagnole qui opposa de
1936 à 1939 les profascistes aux
républicains, ndlr).
LVdlR :
Savez-vous que les médias occidentaux
décrivent le tout d’une manière trop
souvent différente ?
Alan Mamiev
: Oui et cela n’est
guère surprenant. Lors de la montée au
pouvoir d’Hitler, les médias occidentaux
avaient longtemps donné une image de lui
fort positive.
LVdlR : Il y
a par ailleurs un mythe souvent propagé
par ces mêmes médias du mainstream, qui
affirme qu’au Donbass ce ne sont
majoritairement pas des habitants locaux
qui combattent contre la junte
kiévienne, mais des citoyens russes et
autres. Qu’en est-il vraiment ?
Alan Mamiev
: Si on parle en termes
de pourcentage, au sein des forces de
résistance les habitants locaux
constituent 95-96% du nombre total des
combattants. Le reste étant des
volontaires comme moi et mes camarades.
LVdlR :
Comme vous l’avez noté précédemment, mis
à part le fait que devez faire face aux
différents groupes néonazis et
ultra-nationalistes issus
majoritairement d’Ukraine de l’ouest,
vous devez également résister à l’armée
régulière. Quelles sont les perspectives
de la résistance ? Etes-vous optimiste
quant à la victoire ?
Alan Mamiev
: Vous savez le temps
travaille en notre faveur. Mis à part
les problèmes militaires, le fait que la
junte de Kiev ne réussit pas à écraser
la résistance de Novorossia, d’ici très
peu de temps, la junte aura d’autres
très grands problèmes. En premier lieu
économiques. Chute de la production
industrielle qui se trouve très
majoritairement au Donbass. Chute de la
production agricole. Et
vraisemblablement de très sérieux
problèmes avec la réception du gaz. Donc
tous ces problèmes économiques feront
exploser la junte de l’intérieur. D’ici
probablement l’automne, la junte sera
confrontée à énormément de problèmes
internes, au sein même des territoires
occupés ukrainiens qu’elle contrôle pour
le moment. La très grave crise
économique qui est déjà en cours sera
encore plus aggravée d’ici l’automne.
Nous, notre objectif est de tenir
jusque-là.
LVdlR :
Pensez-vous qu’alors la junte sera
forcée de reconnaitre le fait que
Novorossia est une réalité qui ne peut
être remise en question ?
Alan Mamiev
: Après tous les crimes
qui ont été commis par la junte
néofasciste contre la population de
Novorossia, leur « reconnaissance » ne
vaudrait pratiquement rien. Ce n’est
aucunement suffisant. Ils vont devoir
répondre pour tous les crimes et
massacres commis. On se souvient tous de
la tragédie d’Odessa. Chaque jour je
vois des civils qui se font tuer par les
troupes de la junte kiévienne. Ils
bombardent la population civile avec des
systèmes de lance-roquettes Grad, Smerch,
Ouragan. Des utilisations complètement
inadmissibles lorsqu’elles sont
utilisées dans des conditions urbaines
et contre la population civile. Eux, ils
l’utilisent. Fort heureusement encore
que l’Ukraine durant les années 1990
s’était débarrassée de l’arme nucléaire.
Sinon, je n’ai pratiquement aucun doute
qu’ils auraient utilisé contre les
habitants du Donbass. D’autant plus
qu’on se souvient tous des déclarations
de Ioulia Timochenko qui avait exprimé
un vif désir d’éradiquer toute la
population du Donbass avec des armes
nucléaires. Très fort heureusement ils
ne les ont pas. Mais cela ne les empêche
nullement de perpétrer des massacres
massifs contre la population civile.
Leurs cibles préférées étant les
hôpitaux, les écoles, les bâtiments
résidentiels. Devant nos yeux, des
bâtiments de neufs étages ont été
entièrement détruits après des
bombardements par l’artillerie lourde.
LVdlR : La
situation humanitaire est donc très
difficile pour les habitants du Donbass
?
Alan Mamiev
: Extrêmement difficile.
Ici, à Iassinovataïa où je me trouve, la
ville est coupée en eau et en
électricité. Le gaz est resté présent
seulement dans quelques foyers. Il n’y a
plus de produits alimentaires de base,
tel que le pain. Les résistants font en
sorte de préparer avec les moyens du
bord le pain afin de le distribuer
gratuitement aux habitants. La ville de
Donetsk se trouve également dans une
situation humanitaire très difficile.
Personnellement, j’ai vraiment
l’impression que la junte de Kiev combat
ouvertement la population civile du
Donbass. Pas autant la résistance que la
population civile. A chaque fois qu’ils
ont des affrontements directs avec nous,
ils subissent de bien grosses pertes.
Evidemment, il est donc beaucoup plus
facile de viser les civils de loin comme
cibles avec de l’armement lourd.
LVdlR :
Abordons un autre thème que le
mainstream occidental préfère éviter.
Selon vous, en cas d’absence d’une
résistance féroce à Donbass contre la
junte kiévienne, l’option du génocide
contre la population de Novorossia
serait d’actualité ?
Alan Mamiev
: Je pense que oui. Car
l’idéologie de ceux qui ont pris le
pouvoir à Kiev est justement celle qui
se base sur l’idée de création d’un Etat
mononational. Une seule langue, une
seule version admise de l’histoire, un
seul peuple ethnique. Tous ceux qui
refusent cette idéologie dans ce que la
junte appelle « l’espace culturel
ukrainien », devront soit quitter leur
territoire, soit être exterminés.
C’était l’objectif de Stepan Bandera.
C’est l’objectif des nouveaux
banderovsty aujourd’hui. «
L’Ukraine pour les Ukrainiens ethniques
! », voici leur slogan. Les
autres doivent être selon eux écrasés et
supprimés.
LVdlR : Y
compris les habitants ethniquement
ukrainiens qui refusent cette idéologie
?
Alan Mamiev : Exactement
! Les mêmes idées de base et objectifs
que ceux de l’Allemagne nazie. Dans un
pays multiethnique et de plusieurs
langues courantes, ce genre d’idéologie
amène inévitablement la guerre civile.
C’est le cas aujourd’hui. Comme c’était
d’ailleurs le cas lorsque les nazis
ukrainiens de Stepan Bandera avaient
durant la Seconde guerre mondiale
massivement massacré les Russes,
Polonais, Juifs, ainsi que d’autres
Ukrainiens qui ne partageaient pas leur
vision. L’histoire se répète. Et dans
cette situation, soit il faut se
soumettre, soit résister et combattre.
Novorossia a fait le choix de la seconde
option.
LVdlR :
Autre question pour le futur plus ou
moins proche. Comment Novorossia pourra
coexister avec un Etat ukrainien dirigé
par la junte actuelle et avec
l’idéologie qui en ressort ?
Alan Mamiev
: Selon moi, cette
coexistence est impossible. Mais je
pense que la junte ne pourra pas rester
bien longtemps au pouvoir. Surtout avec
les énormes problèmes économiques qui
sont déjà d’actualité et qui le sauront
encore beaucoup plus d’ici peu de temps.
Les mêmes personnes qui avaient soutenu
ce qu’il appelle la « révolution du
Maïdan » se retourneront contre ceux
qu’ils ont portés au pouvoir. La junte
le comprend parfaitement et se prépare
déjà à cela. Les représentants de la
junte qui travaillent pour des intérêts
extra-ukrainiens et dont les familles
majoritairement vivent déjà en Occident,
leurs comptes bancaires et intérêts y
sont également, partiront le moment venu
aussi. Ils laisseront leur pays dans le
chaos qu’ils ont eux-mêmes créé. Les USA
qui sont les principaux instigateurs de
ce chaos comprennent aujourd’hui
parfaitement qu’ils n’ont pas les moyens
d’établir durablement leur nouvel ordre
mondial, y compris les moyens
économiques. Leur objectif est donc
désormais de créer le nouvel désordre
mondial, ou en d’autres termes la
stratégie du chaos contrôlé. Qu’est-ce
que cela signifie ? Lorsque tout le
monde fait la guerre à tout le monde,
sauf les instigateurs de ce chaos qui
gardent le contrôle. Ainsi, les
ressources financières continueront à
venir massivement aux USA, puisque de
nouveau ils représenteront le signe de
la « paix et la prospérité ». C’est
l’objectif de ladite stratégie. Ils ont
créé ce chaos au Moyen-Orient. Ils
veulent maintenant le créer ici, aux
frontières russes. Ils veulent
certainement faire de même en Asie
centrale.
LVdlR : Et
lorsque le chaos cesse d’être contrôlé,
il devient incontrôlable ?
Alan Mamiev
: Les USA ne s’en
soucient guère. Ils se trouvent de
l’autre côté de l’Atlantique. Ils savent
parfaitement que les hordes de criminels
de guerre très mal éduqués auront de
toute façon beaucoup de mal à traverser
l’Atlantique pour débarquer chez eux, et
que ces groupes extrémistes continueront
de semer le chaos ailleurs. En Europe,
ces hordes peuvent débarquer à tout
moment. D’ailleurs elle n’est aucunement
à l’abri d’un tel scénario. Les USA,
eux, se trouvent pour le moment bien
épargnés. Je ne sais pas si les
Européens ont besoin d’un tel scénario
de guerre et de chaos total chez eux,
j’espère qu’il y a suffisamment de gens
qui comprennent ce qui se passe vraiment
dans le monde aujourd’hui. Le seul
intérêt de l’Europe est en coordonnant
les mesures avec la Russie, tenter de
mettre fin à ce chaos.
LVdlR : De
plus en plus de citoyens européens
comprennent la réalité des choses. Mais
les élites politiques, financières et
médiatiques participent activement au
jeu des USA.
Alan Mamiev
: Les élites d’Europe
occidentale sont autant américanisés que
celle de l’Ukraine actuelle. Il faut
être aveugle pour ne pas voir et
comprendre que toutes les décisions sont
prises à Washington. Mis à part le
Moyen-Orient, les USA continueront de
semer le chaos partout ailleurs. L’un de
leurs objectifs étant évidemment de
stopper la Russie et la Chine.
D’ailleurs les provocations à l’encontre
de la Chine se poursuivront également,
comme contre la Russie. Les USA
n’oseront pas affronter directement la
Chine et la Russie. Alors ils
continueront de les attaquer
différemment, par diverses tentatives de
déstabilisation.
LVdlR : Cela
signifie que tous les pays des BRICS
sont visés ?
Alan Mamiev
: Bien sûr ! L’objectif
des USA est d’éliminer tout pôle de
résistance et de tenter de nous faire
revenir à l’ère unipolaire. Sinon, cela
viendrait à dire qu’ils ont perdu et
cela ils ne peuvent pas l’accepter. En
tout cas, ils ne sont pas prêts pour le
moment.
LVdlR :
Novorossia constitue donc aujourd’hui
l’un des principaux pôles de résistance
?
Alan Mamiev
: Oui ! Il faut savoir
que l’objectif étasunien est de créer
une multitude d’autres zones chaudes de
conflit, aux quatre coins du monde. Mais
si nous réussissons à les stopper ici à
Novorossia, alors nous pouvons espérer
stopper l’hémorragie pour le reste du
monde.
LVdlR : La
population de Novorossia est-elle
globalement optimiste quant à l’avenir ?
Sentez-vous le soutien de cette
population ?
Alan Mamiev
: Bien sûr que nous la
sentons ! Les habitants nous soutiennent
et nous aident beaucoup, autant qu’ils
peuvent. Ils comprennent également
parfaitement les répercussions pour eux
et leurs familles si la résistance
n’aurait pas stoppé les forces
néofascistes. On sait ce qui s’est passé
à Slaviansk après sa prise par les
forces de la junte, où des civils
étaient massivement fusillés pour leur
soutien à la résistance. Les mères des
combattants étaient humiliées d’une
façon totalement inhumaine et immorale,
y compris conduits en laisse. Vous
imaginez ne serait-ce qu’un moment ? Et
ça pourrait être pareil ici.
LVdlR : On a
noté une approche dans le traitement des
prisonniers totalement différente de
votre côté et celle de vos ennemis.
Alan Mamiev
: Lorsque des résistants
étaient aux mains des troupes de la
junte néofasciste, ils subissaient des
tortures inhumaines. On leur arrachait
les doigts, les ongles. Les tortures
étaient d’ailleurs souvent filmées.
Nous, on ne peut pas tolérer ce genre
d’approche. Lors de la Seconde guerre
mondiale, les pertes de l’URSS étaient
énormes aussi bien en termes de pertes
militaires mais également énormes en
termes de civils. Car les troupes nazis,
parmi lesquels il n’y avait pas que des
Allemands d’ailleurs mais bon nombre
d’autres nationalités, massacraient la
population civile de l’URSS. Lors de la
libération de l’Europe de la peste brune
nazie par les troupes de l’Armée rouge,
il n’en n’était rien. Aucun massacre
perpétré par notre armée à l’encontre de
la population civile d’Europe.
Aujourd’hui pareil. Car si on commençait
à appliquer les mêmes méthodes que nos
ennemis néofascistes, qu’est ce qui nous
rendrait différents d’eux, de ces
néofascistes contre lesquels on lutte ?
LVdlR : Ces
derniers jours, les forces armées de
Novorossia sont passés à la
contre-offensive et ont repoussé
massivement les forces de la junte. Des
combats sont maintenant menés pour la
sortie vers la Mer d’Azov. Qu’en est-il
? La coordination des résistants
est-elle totale ?
Alan Mamiev
: Oui. Au départ, la
résistance n’était représentée que par
des groupes de partisans. Cela
signifiait que nous ne pouvions que nous
défendre. Aujourd’hui, les groupes de
résistants de Novorossia prennent la
forme et la structure de véritables
forces armées. Tout est coordonné.
Beaucoup de nos combattants n’avaient
absolument aucune expérience armée au
départ mais avec un peu de temps ont
appris les compétences nécessaires. Et
ces acquis on les voit aujourd’hui.
C’est ce qui permet de passer du stade
de la défense pure et simple à
l’offensive.
LVdlR : Un
dernier mot pour résumer les attentes de
la population de Novorossia ?
Alan Mamiev
: Que dire d’autre que
les habitants attendent notre victoire.
LVdlR :
Merci Alan d’avoir répondu aux
questions. Succès à vous !
Alan Mamiev
: Merci !
© 2005—2014 La
Voix de la Russie
Publié le 30 août 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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