Journée riche et remplie d’émotions
contradictoires. Après la réunion quotidienne
de briefing et la nouvelle réservation de chambres pour
les 60 belgo-luxembourgeois (l’hôtel
était réservé jusqu’au 28), nous sommes partis vers
11h30 pour les deux activités programmées pour cette
journée du 29.
La première activité était une manifestation pacifique
et non violente(non autorisée) ; elle avait pour
objectif d’aller soutenir les marcheurs qui avaient
commencé une grève de de la faim : des marcheurs de
divers pays, dont Madame Epstein, vieille dame
juive de 85 ans, rescapée du judéocide et membre de
CodePink vieille dame en rose, sur les photos,
et en coopération avec le syndicat des journalistes.
Nous nous sommes rendus par petits groupes vers le
centre ville (1h de taxe chauqe fois !) pour le
rendez-vous derrière la Cour Suprême, au bâtiment du
sybndicat des journalistes (voir photo) fixé à 14h. Le
chemin pour y arriver nous a permis de traverser des
souks aux antiquités (dont de vieilles 2 VC ! et aux
légumes variés et colorés, tels que vous les connaissez
dans les pays de l’Afrique du Nord). Nous avons aussi pu
acheter des journaux égyptiens dont plusieurs rendaient
largement compte des manifestations de la veille en
première page … De même, les TV égyptiennes ont présenté
des nouvelles et des reportages sur ces événements. Le
rendez-vous était fixé à 14h.
Lorsque nous sommes arrivés, il y avait déjà plusieurs
centaines de marcheurs regroupés sur les marches du
syndicat de la presse, avec des bandrolles, des t-shirts
de tous genres, tous centrés sur les thèmes centraux de
la marche : « free Gaza, free Palestine, ce que nous
voulons, c’est aller à Gaza … ». Il y avait évidemment
un service d’ordre impressionnant : une cinquantaine de
policiers en uniformes et de nombreux membres de la
sécurité en civil. Les manifestants étaient encadrés par
la police qui avait placé des barrières pour faire la
séparation entre l’avenue et son intense trafic, et les
manifestants regroupés sur les escaliers et le trottoir.
Nous étions ceinturés sur un espace restreint facilement
maîtrisable par les forces de l’ordre, mais nous
pouvions entrer et sortir relativement librement de
cette enceinte. Une partie des policiers se trouvait sur
le trottoir d’en face pour empêcher de faire des photos
de face et pour faire circuler les marcheursd qu’ils y
repéraient : « déguerpissez ou rejoignez les autres ».
Les media éggyptiens, Al-Jazeera, et d’autres média
étaient présents en nombre. Entre 14h et 17h30, sans
interruption, avec de très bons animateurs, nous avons
scandé des slogans, tournant autour des objectifs de la
marche, des chants, la revendication de pouvoir aller à
Gaza, le soutien à Gaza (Free Gaza), la Palestine… et
aussi l’exigence de pouvoir aller à Gaza. Ce furent de
longues heures intenses et hautes en couleurs. Intenses
aussi en contacts avec des marcheurs de tous les coins
du monde. Au cours de l’après-midi, nous avons été entre
800 et 900 à nous trouver là, face aux forces de l’ordre
et au public égyptien de plus en plus intéressé. Il y
eut des interventions de représentants des 42 pays
participants, de nombreuses interviews, des films, des
photos … Beaucoup de délégations avaient des t-shirts et
des banderolles, bien visibles, toutes dans l’esprit et
le cadre de la Gaza Freedom March.
La seconde manifestation était fixée à 18h au même
endroit, avec la participation du syndicat des juristes
égyptiens. Elle avait pour objectifs, d’une part, les
objectifs de la marche et, d’autre part, une
revendication à l’égard de Netanyaou (présent en Egypte)
pour l’ouverture des frontières et la levée du siège de
Gaza (rejoignant ainsi l’un des objectifs de la marche).
A peu près le même nombre de personnes se sont
retrouvées là pendant plus de deux heures, avec un
doublement des effectifs de police, cette fois casqués,
et des effectifs de réserve sur le côté. La
manifestation était donc à nouveau bien cerclée et sous
contrôle, mais avec liberté d’entrer et de sortir du
rassemblement. Amira Haas ; la journaliste israélienne
de Ha’aretz, nous avait rejoints et était venue soutenir
la marche et ses objectifs. Son intervention a permis de
recadrer les objectifs lorsque quelques slogans hostiles
à Moubarak et au gouvernement égyptien ont été scandés
par certains. Il se fait que – comme nous l’avions prévu
– la manifestation a été infiltrée par un certain nombre
de Frères Musulmans, qui sont la bête noire des
autorités. Nous nous sommes démarqués clairement de
cette déviation de nos objectifs.
Pendant tout ce temps, nous avons longuement échangé
avec un jeune ingénieur égyptien, appelé par ses
collègues, à rejoindre la manifestation. Il a
immédiatement quitté son travail pour nous rejoindre. Il
nous a fait part de la grande satisfaction de lui-même,
de ses amis et connaissances, de beaucoup d’Egyptiens,
qu’une telle marche ait lieu, qu’une telle manifestation
se déroule au Caire, sans violence, au vu et au su du
public (très bon relai médiatique). Il nous a encouragés
à continuer. Nous lui avons aussi exprimé notre soutien
et nos encouragements à continuer son action avec ses
réseaux de connaissances.
Nous avons évalué ces deux manifestations comme des
réussites, dans le cadre des limites qui nous étaient
imposées : couverture médiatique, esprit de la démarche,
étape possible, quoique dangeureuse (puisque non
autorisée), dans notre volonté de rejoindre Gaza. Cette
volonté, à la veille du jour J (la marche du 31 décembre
avec les Gazaouis), reste intacte. De nombreux contacts
ont eu lieu à des niv aux élevés pour que lapression
continue, surtout la rencontre avec le représentant de
l’Autorité Palestinienne, qui s’est engagé à intervenir
auprès du Président Moubarak. L’acceuil de la Consule et
de l’Ambassadeyur de Belgique a été, par contre, froid,
distant, officiel, décevant et négatif …, nous répétant
seulement que le Président M. avait été clair dans son
interdiction, et qu’ils nepouvaient donc rien faire : «
rentrez ou soyez de cimples touristes ».
Pendant que je vous écris ce mail, les autres sont en
réunion pour préparer l’action collective et globale de
demain, si notre départ pour Gaza reste interdit.
A suivre …
Toute notre amitié,
Michel L