Marche internationale pour Gaza
Le Pharaon de pacotille n'a
encore rien vu...
George Galloway
George Galloway
11 janvier 2010
Je me suis déjà trouvé, dans la
vie, à des endroits particulièrement dangereux : à la fin des
années 1980, alors que j’accompagnais une équipe de tournage de
la chaîne ITN, nous avions été bombardés par l’aviation
éthiopienne…
Face contre boue, sans aucune
couverture autour de nous, j’ai vu les shrapnels déchirer et
tuer des petits enfants et j’en ai vu d’autres mourir sur une
table en bois, dans une hutte couverte de chaume, une fois les
bombardiers partis.
J’ai été bombardé par les
Israéliens dans Beyrouth et je me suis retrouvé avec le canon
d’une mitraillette israélienne entre les côtelettes, à Naplouse,
durant la première guerre d’Irak.
Involontairement, j’avais levé les
mains. L’« Israélien » blond comme les blés et aux yeux bleus
fleur-de-lin m’avait dit que si je ne l’avais pas fait, il
m’aurait « descendu ».
Mais jamais je ne m’étais retrouvé
en situation aussi périlleuse que la semaine passée dans le
petit port sinaïtique d’Al-Arish, vers lequel la dictature
égyptienne avait détourné notre convoi.
Cinq cents étrangers de dix-sept
nationalités différentes, à bord de deux-cents véhicules, ont
été confinés dans un immeuble dépourvu de l’hygiène élémentaire,
sans eau et sans nourriture. Parmi eux, dix parlementaires
turcs, dont le président de la Commission de la politique
étrangère.
Nous avons filmé depuis un bureau
du troisième étage les cognes des ‘mukhâbarât’ (services secrets
égyptiens) cassant des pierres et aiguisant leurs gourdins
derrière le dos de plusieurs rangées de policiers antiémeutes
casqués, munis de matraques et de boucliers. Puis ce fut le
chaos.
Nous avons certes de quoi nous
plaindre de nos flics, mais permettez-moi de vous dire que
lorsque vous voyez des policiers en train de balancer des
demi-briques sur un rassemblement de femmes et d’hommes venus
apporter des médicaments à des civils soumis à un état de siège
militaire et totalement à bout, vous remerciez votre bonne
étoile de pas vivre dans un pays comme celui-là. Cinquante-cinq,
sur les cinq-cents que nous étions furent blessés, et sans
l’effet de choc que notre couverture vidéo clandestine en
live (tout est sur
Youtube, désormais) a provoqué dans l’opinion publique arabe
(nos médias occidentaux n’ont pas levé la langue…), nous serions
sans doute encore là-bas.
Le lendemain, la dictature
égyptienne voulait nous voir quitter les lieux : nous avons
refusé de partir sans que nos camarades blessés et les sept des
nôtres qui avaient été jetés en prison fussent avec nous. Après
un nouveau sit-in, nos exigences furent satisfaites et nous
reprîmes notre chemin vers un accueil formidable à Gaza : nous
étions tous là !
La tyrannie égyptienne a fait
courir le bruit que je me serais trouvé parmi les personnes en
état d’arrestation lorsque nous sommes sortis d’Egypte. Si cela
avait été le cas, étant donné que j’étais entouré par cinq-cents
membres du convoi gonflés à bloc, je pense que cela aurait
sérieusement chauffé !
Aussi ai-je envoyé à ces connards
le message que je ferais mon apparition au beau milieu de la
nuit précédant notre départ et que je ferais face à leur
jazz-band seul (ou, plus exactement, accompagné de mon vieil ami, le journaliste écossais Ron McKay).
McKay n’est plus journaliste :
aujourd’hui, il se consacre à l’écriture de romans policiers.
Mais ce qui s’est passé ensuite aurait défié jusqu’à son
imagination (qu’il a pourtant fertile).
Nous nous sommes retrouvés entre
les pattes d’une phalange glauque de flics de la secrète, pour
la plupart habillés en civils, dont aucun n’était capable
d’aligner deux mots en anglais. Ils ont tenté de nous chouraver
nos passeports, mais nous avons refusé de faire un seul pas sans
qu’on nous les rende – même s’il y avait de la menace dans l’air
(ou, au contraire, peut-être bien grâce à ça…).
Ils nous ont entassés dans une
camionnette sans plaque d’immatriculation, dont ils nous ont
empêchés de redescendre, y compris, à un moment donné,
physiquement.
Un détective privé, soi-disant
journaliste égyptien du Daily New,s a bien tenté de nous
interviewer, mais il a été tenu à distance à coups de poings.
On nous a emmenés à la vitesse
grand V. Je savais qu’ils n’allaient pas nous refroidir, car
nous avions pu passer les coups de fil indispensables – bon,
tout au moins à l’Association des Journalistes ; c’est le genre
de truc qui fait toute la différence, dans des situations telle
celle-là…
Nous avions pris la peine
d’appeler officiellement le
Foreign Office britannique, mais ça ne valait même
pas le prix du jeton… Durant notre voyage de cinq jours vers le
Caire, les diplomates britanniques n’avaient rien trouvé de
mieux que nous objurguer de nous montrer coopératifs.
Cette coopération était bien
difficile, dès lors que les flics égyptiens ne parlaient pas un
mot d’anglais et que, d’ailleurs, ils étaient muets comme des
carpes…
La rumeur parvint, de Londres,
selon laquelle Nile News, porte-voix de la dictature égyptienne,
faisait état, au matin, du fait que les sept prisonniers parmi
les membres de notre convoi, que nous avions réussi à faire
libérer à Al-Arish, allaient être arrêtés à nouveau dès que nous
serions ressortis de la bande de Gaza…
Aussi le bain de sang que nous
nous étions ingéniés à éviter semblait-il désormais inévitable.
Nous avons demandé à retourner à la frontière entre l’Egypte et
la bande de Gaza, mais cela nous fut refusé. A l’aéroport du
Caire, nous avons refusé d’entrer dans le bâtiment du terminal,
et nous avons essayé de héler un taxi, qui nous aurait ramené là
d’où nous venions.
Des gorilles des forces de
sécurité égyptiennes nous ont physiquement poussés dans le
bâtiment de l’aéroport et ils nous ont surveillés de près,
jusque dans les toilettes. Ils nous ont tous suivis, partout, et
lorsque McKay a pris une photo, il a failli y avoir un incident
sérieux. Ils nous ont accompagnés jusqu’à l’entrée de l’avion de
British Airways, et le premier anglophone de cette interminable
nuit se pointa pour venir me déclarer
persona non grata en
Egypte.
Je lui ai alors fait ma propre
déclaration, dans laquelle je lui ai fait savoir que lui-même et
ses amis tortionnaires auraient un jour à affronter la colère
des Egyptiens, qui avaient fait la queue, à l’aéroport, sous les
yeux des gorilles, pour venir nous serrer la main.
Plus tard, son administration a
fait savoir que je venais d’être interdit de territoire égyptien
au motif que je serais un « fomentateur de troubles ».
Laisse-moi te dire, M. le
Pharaon-de-Pacotille, que malgré tes 99,99 % de votes Moubarak,
tu n’es pas sorti de l’auberge !
Traduit de l’anglais par Marcel
Charbonnier
Source:
http://blogs.dailyrecord.co.uk/...
Dossier marche internationale pour Gaza
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