Communiqué du Parti Ouvrier Socialiste POS,
Belgique
Les élections en Palestine, tenues sous
occupation sioniste, ont suscité une très forte
mobilisation populaire avec plus de 75% d'électeurs
qui se sont rendus aux urnes. Les Palestiniens et
les Palestiniennes ont donné ainsi une leçon de démocratie,
dans une région où elle est largement bafouée.
Le peuple palestinien a émis un vote de résistance,
à la fois contre l'occupation, la colonisation mais
aussi contre la direction de l'Autorité
palestinienne qui, sans se soucier du bien-être du
peuple, le vend, le troque et le marchande en échange
de privilèges personnels comme lorsque la police,
par exemple, a dispersé violemment une
manifestation de chômeurs à Gaza. Quant à l'intégration
de Marwan Barghouti sur la liste du Fatah, elle est
survenue trop tard pour chasser la vieille garde.
C'est le même peuple qui a élu Abbas aux élections
présidentielles, il y a un an, et qui a voté
majoritairement pour le Hamas lors de ces élections
législatives. Les Palestiniens ne marquent pas nécessairement
ainsi leur adhésion à l'idéologie du Hamas, mais
plutôt leur méfiance vis-à-vis d'un processus de
paix inexistant. Sharon, qui affirmait que Yasser
Arafat constituait un obstacle à la paix, n'a rien
offert à son nouvel interlocuteur Abbas. Il a tout
fait pour détruire l'Autorité palestinienne, ce
qui a également favorisé le renforcement du Hamas.
Le retrait unilatéral de Gaza s'est accompagné de
l'accélération de la colonisation et de la
construction du mur de l'apartheid, du maintien des
barrages qui rendent impossible la vie quotidienne
des Palestiniens, de l'augmentation du nombre de
prisonniers et de l'éloignement des perspectives de
retour des réfugiés.
Il est scandaleux que les dirigeants des
Etats-Unis, de l'Union européenne et de Belgique
veuillent conditionner l'aide aux Palestiniens. Il
faut conditionner l'aide à l'occupant (sioniste),
pas à l'occupé. Nous appelons à multiplier l'aide
aux Palestiniens et à sanctionner Israël.
Le raz-de-marée en faveur du Hamas mérite
une explication. La percée électorale du Hamas était
annoncée depuis longtemps. C'est la taille de la
victoire qui étonne, en premier lieu, le Hamas
lui-même. Le programme de cette organisation est économiquement
à droite - pour le libéralisme - et socialement très
conservateur. Mais loin de l'image raciste, véhiculée
par les médias, le Hamas n'est pas un parti
fanatique irrationnel. Le vote en faveur du Hamas
s'explique par sa participation à la résistance
contre l'occupation, son réseau d'aide sociale et
le dévouement incontestable de ses militants. Il
est probable que le Hamas suivra l'exemple du
Hezbollah au Liban, et donc participera à un
gouvernement d'unité nationale.
Le score obtenu par l'organisation de la
gauche révolutionnaire, FPLP, n'est pas du
tout dérisoire: plus de 5% et 3 sièges. Les autres
listes par contre (Mustapha Barghouti et Hannah
Ashrawi), qui se sont prononcées contre l'Intifada
armée, ont subi une défaite flagrante.
Une nouvelle période commence pour les
Palestiniens. La recomposition de la vie politique
palestinienne permet d'espérer une stratégie plus
efficace contre l'occupation. L'Autorité
palestinienne est un produit des accords d'Oslo, qui
sont morts sans être enterrés. Cette porte est
pratiquement fermée. La lutte pour deux Etats
aussi. Une autre porte s'ouvre à nouveau : la lutte
pour un Etat, démocratique et laïc, éventuellement
binational. Les résultats des élections peuvent
mener à une résistance palestinienne unifiée avec
un gouvernement d'unité nationale qui respecte la
diversité des ses composantes.
La solidarité avec le peuple
palestinien doit continuer. Elle est plus que jamais
nécessaire!