Élections législatives en Palestine occupée :
une victoire pour la démocratie palestinienne
La
GUPS se félicite du bon déroulement des élections législatives
en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Malgré les
entraves de l'occupation israélienne, notamment à
Al-Qods (Jérusalem), les électeurs palestiniens ont
voté en masse, signifiant au monde l'attachement de
notre peuple à la démocratie. La Palestine confirme
ainsi son statut, acquis il y a 10 ans, de démocratie
sans Etat. Elle s'offre même la première alternance
démocratique et pacifique de la région. Le
Fatah, Mouvement National de Libération de la
Palestine, cède la main dans la dignité. L'unilatéralisme
israélien, soutenu par les Etats-Unis et l'Europe ont
discrédité la ligne du compromis prônée par le président
Mahmoud Abbas. Le Hamas, Mouvement de la Résistance
Islamique, conclut ainsi par une victoire son entrée
dans le jeu démocratique, élu sur le programme de
« la réforme et du changement », après
avoir observé près d'un an une trêve qu'Israël n'a
jamais respectée. Il propose maintenant une
coexistence pacifique de deux Etats si Israël met fin
à l'occupation de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza
et d'Al Qods.
L'Europe,
les Etats-Unis et Israël face à leurs contradictions
Malgré
cela, les Etats-Unis, l'Europe et Israël, qui se
posent comme promoteurs de la démocratie à travers
le monde, ont immédiatement déploré en des termes
tantôt paternalistes, tantôt agressifs, la victoire
du Hamas. Ainsi, ces puissances coloniales présentes
et passées montrent qu'elles préfèrent leurs
traditionnels alliés stratégiques de la région,
régimes autoritaires et monarchies, au détriment
d'une Autorité Nationale Palestinienne intégrant le
Hamas démocratiquement élu. Ce faisant, elles
renforcent la théorie guerrière du choc des
civilisations, validant l'idée que tout mouvement
politique contestataire se revendiquant de l'Islam est
une menace, alors que le Hamas a immédiatement invité
la communauté internationale au dialogue et à la
coopération.
Renoncer
à la violence et reconnaître l'Etat d'Israël…
En
chœur derrière le gouvernement israélien, les
chancelleries occidentales exigent du Hamas qu'il
renonce à la violence et reconnaisse Israël,
conditions préliminaires à toute coopération avec
ce mouvement et à toute aide au peuple palestinien en
général. Le Hamas, et les Palestiniens dans leur
ensemble, ne sauraient accepter ces diktats hypocrites
qui montrent encore une fois la duplicité des poids
et des mesures en Europe et aux Etats-Unis. La même
rigueur n'a jamais été appliquée à Israël. Sharon
enterre le processus d'Oslo ? On lui propose la
Feuille de Route. Celle-ci demande des contreparties
israéliennes aux réformes et à la trêve des
Palestiniens ? On chante les louanges de l'unilatéralisme
israélien après le retrait de Gaza. Quand le
Parlement européen vote la suspension de l'accord
d'association UE / Israël à cause des violations répétées
des droits de l'Homme par cet Etat, il ne se trouve
aucun Etat européen pour faire appliquer cette
prescription issue d'une instance européenne démocratiquement
élue.
…
Alors qu'Israël poursuit la violence et ne reconnaît
pas les droits des Palestiniens ?
Aujourd'hui,
c'est Israël qui est à l'origine de la première des
violences, l'occupation militaire de la Palestine et
l'exil forcé de millions de Palestiniens. Aujourd'hui
c'est Israël qui, malgré les compromis consentis par
les dirigeants palestiniens successifs, refuse de
reconnaître le droit inconditionnel des Palestiniens
à un Etat viable et souverain. Aujourd'hui, c'est
Israël qui, avec l'extension des colonies et la
construction du Mur de l'apartheid, raye la Palestine
de la carte.
De leurs souffrances quotidiennes, les Palestiniens
ont retenu qu'Israël n'avait pas attendu l'élection
du Hamas pour mettre fin au « processus de
paix ». Suspendre l'aide à l'Autorité
Nationale Palestinienne ne permettra certainement
pas de faire renaître ce processus. Ce qui manque,
c'est le courage politique d'une Europe consciente
que la paix entre Palestiniens et Israéliens passe
par l'application du droit international, et par des
sanctions contre Israël tant qu'Israël ne respecte
pas le droit. Ce qui manque, c'est un gouvernement
français qui reconnaisse et fasse reconnaître que
ses valeurs affichées de liberté, d'égalité et
de fraternité s'appliquent aussi à la nation arabe
palestinienne. Mais surtout, ce qu'il y a
aujourd'hui, c'est la détermination d'un peuple
palestinien soutenu par ceux pour qui le mot justice
a un sens, un peuple palestinien qui continue, avec
vous, sa résistance.