Le 15 mai
nous commémorons le 57ème anniversaire du jour de la Nakba qui est
survenu à notre peuple palestinien.
Walid al-Awad*
www.arabs48.com
10 mai 2005
En ces jours du mois de mai, la mémoire de notre peuple
s'ouvre sur la blessure saignante représentée par le jour de la
Nakba qui est, surtout pour les réfugiés, le souvenir de la
maison, du champ, du figuier, de l'amandier, des cours d'eau, du
four à pain, des pâturages, de la saison de la cueillette, tout
ce qui touche à la terre dont ils ont été expulsés sous les
coups des massacres et de l'agression sioniste. Il signifie aussi
la marche de l'exil, le refuge, les tentes, les tôles et les
rangs où ils s'alignaient, les ailes cassées, pour recevoir les
aides internationales.
Au même moment, la mémoire s'ouvre sur les actes héroïques de
notre peuple, ses martyrs, ses prisonniers, sa résistance, ses
sacrifices, sa fierté, sa détermination à rester attaché à
ses justes droits, y compris le droit au retour des réfugiés à
leur terres et leurs propriétés.
En cette date douloureuse, il y a 57 ans, les épisodes du complot
auquel devait faire face notre peuple palestinien ont atteint un
tournant décisif qui a laissé ses traces sur l'ensemble de la
vie du peuple palestinien, sur son infrastructure économique,
sociale et politique.
Au regard de la profondeur de son impact, il a communément été
admis de décrire ce qui s'est passé par la Grande Nakba. Sinon,
comment qualifier le massacre le plus vil que l'histoire humaine
contemporaine a connu et dont les épisodes douloureux se
poursuivent jusqu'à nos jours, depuis que les bandes sionistes
ont réussi, soutenues directement par l'impérialisme mondial,
Grande-Bretagne en tête (qui exerçait à l'époque le mandat sur
la Palestine) à accomplir leur projet visant à déraciner le
peuple palestinien de sa terre, à l'expulser pour y installer les
Juifs venant de toutes parts à sa place, dans toutes les villes
et les villages dont les propriétaires ont été expulsés, selon
la théorie sioniste connue une terre sans peuple pour un
peuple sans terre".
Cette théorie raciste et malheureuse contredit le plus évident
des droits de l'homme, les principes du droit international, et
dont tous les documents et cartes, toujours prisonniers des
cartons des archives britanniques et turques, auxquels la
Palestine a été soumise pendant une période très longue,
affirment cela. Ces documents affirment, sans aucune contestation
possible, que la Palestine n'a jamais été, comme ils le prétendent,
un désert mais elle était peuplée par une population qui l'a
cultivée tout au long de siècles. Les Palestiniens, ses
habitants, n'ont été expulsés que par de terribles massacres,
des meurtres, des destructions, commis par les bandes sionistes,
telles que la Haganah, l'Irgoun et le Stern, ce qui a eu pour conséquence
la destruction de 532 villages et villes, l'exécution de 52
massacres à l'encontre de ses habitants pacifiques, dont les
maisons et les champs ont été incendiés, les habitants aussi,
alors qu'ils étaient vivants, comme cela s'est passé pour les
habitants de Tira Haïfa. Les bandes sionistes ne se sont pas
privées de commettre les crimes les plus monstrueux, en éventrant
les femmes enceintes, en tuant les femmes, les vieillards et les
enfants, en violant toutes les sacralités, rejetant tous les
traités et les coutumes internationales. Suite à ces monstrueux
massacres, elles ont expulsé plus de 850.000 Palestiniens qui
sont devenus des réfugiés, et dont le nombre atteint aujourd'hui
plus de 5 millions, répartis sur toute la terre, la plupart
vivant dans des camps que l'UNRWA a installés.
Ce crime dont notre peuple palestinien est toujours la victime a
laissé des traces, non seulement sur cette période, mais jusqu'à
l'heure actuelle. Les réfugiés vivent toujours dans des
conditions économiques et sociales difficiles, après avoir été
dispersés loin de leurs propriétés et de leurs maisons, dont
ils ont été expulsés il y a plus d'un demi-siècle.
Malgré cela et d'autres choses encore, leur détermination n'est
pas retombée, leur attachement au droit du retour ne s'est pas ébranlé,
et à cause des luttes et des sacrifices de notre peuple, la cause
des réfugiés et le droit de leur retour gardent encore leur
flamme vivante alimentée par sa justice, et brûlant tous ceux
qui cherchent à s'en rapprocher de façon malsaine. De longues
années ont montré que tous les complots visant la cause des réfugiés
ont échoué, cette question étant devenue le pivot essentiel de
la paix et de la stabilité dans la région.
Il est devenu clair pour tous que tout règlement qui ne prend pas
en compte la résolution de la question des réfugiés de façon
juste, selon la résolution 194, échouera. Le fait de l'affirmer
n'est pas un luxe politique ni un désir d'extrémisme, comme
certains se plaisent à le dire, mais comme le crime est toujours
visible, le criminel connu ainsi que les victimes, et que toute
solution juste doit être équitable envers les victimes et doit
châtier le criminel, un minimum au moins. C'est ce qui me
fait mettre en avant la juste solution que l'assemblée générale
des Nations-Unies a proposée à l'époque, en considération de
son rôle qui fut de rechercher une solution pouvant être équitable
envers les victimes.
Elle envoya à cette époque un médiateur suédois, le Comte de
Bernadotte, afin qu'il présente une solution au conflit en
Palestine. Il remit son rapport le 28 juin 1948 dans lequel il
affirmait qu'il ne peut y avoir de solution juste et globale au
conflit si le droit des réfugiés arabes au retour à leurs
maisons dont ils ont été chassés n'était pas respecté, et il
a poursuivi, disant : C'est de l'effronterie et du mépris de tous
les principes de justice humaine que de priver ces réfugiés
innocents, qui sont victimes d'un conflit, de leur droit au retour
à leurs maisons, alors que les Juifs continuent à émigrer de
toutes les parties du monde vers la Palestine.
Nous savons que le Comte Bernadotte a payé de sa vie une telle
position, moins de quelques mois plus tard, lorsque les bandes
sionistes l'ont assassiné à al-Quds. A partir de cette
recommandation écrite par le sang du médiateur international
Bernadotte, l'assemblée générale des Nations-Unies a essayé de
trouver une solution juste à la question des réfugiés, en émettant
le 12 décembre 1948 une résolution portant le numéro 194 dont
le onzième paragraphe stipule : " qu’il y a lieu de
permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs
foyers le plus tôt
possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des
indemnités doivent être payées à titre de compensation pour
les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs
foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des
principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce
dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités
responsables" et "Donne pour instructions à la
Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation
et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que
le paiement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite
avec le Directeur de l’Aide des Nations unies aux réfugiés de
Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les
organes et institutions appropriés de l’Organisation des
Nations unies.
Quant au troisième paragraphe, il stipule la création d'une
commission de conciliation qui aura la responsabilité de
faciliter le retour des réfugiés à leurs terres, ce qu'a refusé
le gouvernement israélien qui continue à le refuser jusqu'à présent.
Face au refus et à cet entêtement israéliens, l'assemblée générale
continue à affirmer sa position en votant annuellement la décision
citée, en tant que solution juste de la question des réfugiés
et la plus conforme aux principes des droits de l'homme, du droit
international et le plus proche de la réalisation de la légalité
internationale.
De plus, les décisions internationales favorables au droit de
retour des réfugiés se sont suivies, l'assemblée générale
vote la décision 394 le 14 décembre 1950, favorable au droit au
retour, qui est soutenu par l'accord de Genève sur les droits des
réfugiés en 1951, et il est réaffirmé dans la
résolution 1191 émis le 13 décembre 1957, la résolution 535 de
l'année 1965 ainsi que les résolutions 3628 et 2672 de l'année
1970, mais aussi la résolution 3236 qui stipule dans son
paragraphe 2 que le droit de retour des Palestiniens à leurs
terres dont ils ont été expulsés et déracinés est inaliénable
le considérant indispensable pour l'établissement de la paix et
la sécurité dans la région.
De façon très rapide, la juste solution de la question des réfugiés
est le retour des réfugiés palestiniens à leurs terres, il
s'agit d'un droit garanti et déclaré par toutes les résolutions,
les traités, les accords internationaux et notamment la décision
194 qui est considérée comme une
des résolutions légales internationales le plus favorables à la
légalité de la réclamation du droit au retour.
Pour cela, il est nécessaire de s'attacher fermement à cette résolution
et à s'éloigner de toutes les explications qui peuvent
l'affaiblir ou détruire son fondement, qui représente la légalité,
la légitimité et la possibilité d'appliquer le droit au retour.
Cela est important en ce moment où de temps à autre apparaissent
de multiples attitudes ou initiatives essayant de trouver une
solution à la question des réfugiés en passant par-dessus cette
résolution ou en la contournant en la vidant de son contenu, dans
le meilleur des cas.
Certains vont encore plus loin en affirmant l'impossibilité de réaliser
ce droit, en allant même jusqu'à le proposer en troc au bazar
des initiatives, dont le plafond s'abaisse continuellement, sans
compte ni contrôle, suscitant crainte et inquiétude, et même
les doutes du fait de l'insistance israélienne à refuser
absolument le droit au retour, en accord avec la position américaine
exprimée par le président américain George Bush, qui a donné
des garanties au premier ministre israélien
Sharon lors de la visite de ce dernier à la Maison Blanche, en
2004, et qu'il a de nouveau affirmé lorsqu'il a reçu le même au
Texas, il y a un mois.
A partir de là, une grande précaution doit être exigée sur le
plan palestinien pour ne pas tomber dans le piège visant le droit
au retour et le remplacement du droit des réfugiés à retourner
sur leurs terres par le retour partiel à l'Etat indépendant,
dont la formation sur l'ensemble des terres occupées en 1967
reste cependant douteuse si elle est en accord avec Israël et les
Etats-Unis, étant donné l'attitude israélienne, les
tergiversations et les ajournements successifs, le refus
d'appliquer les ententes de Sharm el-sheikh, avec un soutien américain
clair au maintien des grands blocs de colonies, et le non-retour
aux frontières de 1967 confirmant le choix auquel s'accroche le
gouvernement israélien. Il s'agit du choix de poursuivre
l'agression et de nier les justes droits de notre peuple.
Que personne ne se leurre à propos des informations diffusées
par l'occupation au sujet du retrait prochain de la bande de Gaza,
car ce soi-disant retrait, si jamais il se réalise, le sera selon
la vision israélienne, transformant la bande de Gaza en une
grande prison, où ses habitants vont plonger, économiquement et
socialement, au moment où Israël va poursuivre son siège. Au même
moment, il continuera à avaler ce qui reste des territoires
palestiniens en Cisjordanie, car il poursuit l'agrandissement des
colonies, la construction du mur de l'apartheid et les mesures
d'isolement de la ville d'al-Quds, ainsi que les campagnes
d'arrestation et le refus de libérer les prisonniers. Tout ceci
se déroule avec l'accord américain dans le cadre d'un silence de
plomb de la part du comité quadripartite, de la communauté
internationale et une dérobade honteuse des pays arabes.
Le souvenir de la Nakba et les traces plus ou moins douloureuses
qu'elle a laissées, ont été une leçon pour notre peuple. Elles
exigent une affirmation claire que notre peuple palestinien, qui a
refusé tous les plans de liquidation de la question des réfugiés,
qui a insisté à s'attacher à ses droits légitimes, qui a
offert des milliers de martyrs, de blessés et de prisonniers,
pour les défendre, qui a vécu réfugié dans les conditions les
plus difficiles, notre peuple restera attaché à ses droits,
restera fermement attaché à son droit au retour comme il a été
défini dans la résolution 194, qui confirme avec précision que
le retour se fera à partir du choix personnel de chaque réfugié,
ce qui signifie que le droit au retour est un droit personnel pour
chaque réfugié, et personne ne peut le concéder ou le négocier.
En cette commémoration de la 57ème année de la Nakba, il est nécessaire
de renouveler notre attachement au droit au retour, de rassembler
les énergies populaires palestiniennes pour mener une campagne
populaire la plus large possible, avec des manifestations, des
festivals et des congrès populaires pour l'exprimer. Nous devons
activer le rôle du département des affaires des réfugiés dans
l'OLP en lui assurant toutes les ressources nécessaires afin d'en
finir avec le traitement bureaucratique de cette question. Il
faudrait en même temps, activer tous les comités et
institutions populaires agissant dans le domaine des réfugiés,
prendre l'initiative de former des comités de défense du droit
au retour dans toutes les villes, villages et camps dans le pays
et dans l'exil, tout en suscitant les actions officielles sur les
plans arabe et international pour activer la question des réfugiés
et du droit au retour, surtout au niveau de l'assemblée générale
des Nations-Unies, en lui demandant l'application de ses résolutions,
en affirmant la nécessité de donner vie à la Commission
internationale de conciliation, lui réclamant l'exécution de ses
responsabilités attendues depuis 57 ans, et en même temps
s'attacher à la résolution 194, affirmant sa légalité, la
force de sa légitimité qui a toujours cours malgré le refus
israélien à la respecter, tout comme il refuse d'autres résolutions
internationales. Le refus israélien n'affaiblit pas la force de
la légitimité ni de la légalité de ces résolutions mais au
contraire, il affaiblit la place et la crédibilité
internationale d'Israël, en augmentant son isolement.
*Membre du conseil national palestinien et secrétaire du comité
des réfugiés
Traduit par Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
Source
: Palestine en marche
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