Palestine - Solidarité

   


 

DOSSIER 
DROIT AU RETOUR

 

 
Sans le droit au retour, 
il ne peut y avoir de solution (Palestine)
Sari Hanafi

 

Le droit au retour des Palestiniens dans leur lieu d’origine est garanti par quatre ensembles distincts du droit international : ...

...

-  droit humanitaire,
-  droits humains,
-  droit de la nationalité relatif à l’ordre de succession des états et
-  droit des refugiés.

Au-delà de ces droits, qui s’appliquent à tous les réfugiés du monde, l’Assemblée Générale des Nations Unies a spécifié le cas palestinien dans le paragraphe 11 de la Résolution 194.

Il expose le cadre d’une solution au problème des réfugiés palestiniens, incluant le droit au retour : " Les réfugiés désirant retourner dans leurs foyers et vivre en paix avec leur voisins devraient y être autorisés le plus rapidement possible, et des indemnités devraient être versées pour les biens de ceux qui choisiraient de ne pas rentrer ainsi que pour la perte et les dommages que leurs biens auraient subi ce qui, d’après les principes du droit international et de l’équité, devrait être compensé par les gouvernements et les autorités responsables. "

Pour comprendre l’importance que représente le problème des réfugiés pour les Palestiniens, nous devons en outre comprendre que la nation palestinienne et le nationalisme palestinien tel qu’il existe aujourd’hui proviennent de l’expulsion de leur terre en 1948 de plus de la moitié du peuple palestinien et que l’un des aspects fondamentaux de l’identité palestinienne est " la notion de réfugié ". Une telle compréhension nous oblige à aborder le problème des réfugiés palestiniens comme problème fondamental pour toute solution du conflit israélo-palestinien.

Il en existe cinq raisons :

D’abord, aussi longtemps que les Israéliens ne tiendront pas compte de ce qui est arrivé aux Palestiniens en 1948 ni de l’expulsion de la population indigène de 78% de la terre de la Palestine historique, ils continueront de marchander le reste des 22% (la Cisjordanie incluant Jérusalem-est et la Bande de Gaza). Il n’y a pas de solution au problème de la terre s’il n’est pas associé à celui du problème des réfugiés. Ce peut être la raison de l’échec d’Oslo.

Deuxièmement, résoudre le problème des réfugiés ne se réduit pas à une simple question technique d’absorption pas plus qu’à une question consistant à réciter le droit international comme on réciterait le Coran.

Il s’agit plutôt de déconstruire jusqu’à ses prémisses la totalité du conflit israélo-palestinien, de comprendre comment ses causes ont conduit à une sorte de pratique coloniale, et de reconnaître le besoin d’un débat. Il ne s’agit pas simplement de comprendre mais aussi d’admettre et d’accepter la responsabilité historique. C’est la condition préalable à toute vraie réconciliation et au pardon mutuel, comme le suggérait Edward Said.

Troisièmement, sans se préoccuper de savoir si la résolution finale du conflit prendra la forme de deux états ou d’un état bi-national, le problème des réfugiés ne peut être considéré comme secondaire.

L’actuelle Intifada a révélé l’importance des réfugiés ; ce sont les acteurs sociaux et politiques les moins aptes à supporter l’impasse du processus d’Oslo.

Quatrièmement, par-delà la valeur morale et symbolique qui consiste à réaliser le droit au retour, le droit est utile pour créer le cadre procurant aux réfugiés un choix entre rester dans les pays d’accueil, retourner dans leurs villages d’origine ou venir dans le futur état palestinien (ou des pays tiers).

Le droit de choisir est une nécessité pour ceux qui, pendant un demi-siècle, ont été forcés de vivre comme des étrangers dépourvus des droit les plus élémentaires dans des camps misérables et dans des états qui ne les ont pas toujours accueillis à bras ouverts.

Finalement, si le droit au retour et le droit de choisir sont acceptés, il se peut que se présentent ainsi de nombreuses possibilités aux réfugiés. Le mouvement des réfugiés dépend de plusieurs facteurs liés aux sphères sociale, économique, culturelle et identitaire. Le retour des réfugiés ne signifie pas que la communauté entière des réfugiés va se déplacer. Dans presque tous les cas, l’expérience des réfugiés dans le monde démontre que le nombre de ceux qui rentrent est moindre que celui de ceux qui choisissent d’autres solutions. La phobie israélienne du retour n’est pas justifiée.

Hannah Arendt, dans son étude du totalitarisme, nous remet en mémoire "la décision des hommes d’état de résoudre le problème de la condition des apatrides en l’ignorant ." Elle insistait sur la nécessité d’examiner le problème du déplacement à travers le prisme d’états-nations souvent xénophobes, et elle a décrit la logique politique et symbolique qui a eu pour conséquence de criminaliser les réfugiés et de les pathologiser.

Le lien contemporain qui a été forgé entre le retour des Palestiniens et les troubles de l’ordre régional, tout spécialement en Israël, atteste de la pertinence jamais démentie du point de vue de Arendt.

-  Sari Hanafi est directeur du centre d’études de la diaspora et des réfugiés palestinien (Shaml).

Transmis par AFPS 44


Source : AFPS
http://www.france-palestine.org/article665.html

 
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