Nouvelles d'Irak
Nouri al-Maliki:
dernière ligne droite avant second mandat ?
Gilles Munier
Gilles Munier
Mercredi 20 octobre 2010
Nouri al-Maliki, Premier ministre irakien sortant, est allé, le
18 octobre, à Téhéran demander à Ali Khameneï, Guide suprême du
régime des mollahs, de soutenir sa réélection. Opération
réussie, bien que personne ne sache ce qu’il a cédé pour y
parvenir. Comme l’a dit Raouf Sheibani, vice-ministre iranien
des Affaires étrangère, Al-Maliki « semble être un des choix
appropriés pour l'Irak », en raison de « sa longue
expérience à la direction du pays » (1). La
Maison-Blanche et le Pentagone en disent officieusement autant,
à cette différence près qu’aux Etats-Unis l’influence dont
disposerait Moqtada al-Sadr dans le prochain gouvernement pose
plus de problèmes qu’à l’Iran.
Pour James F. Jeffrey, ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad
(2), Moqtada est une menace pour le « processus
démocratique », car il ne fait « pas de distinction
entre les moyens politiques pacifiques et l'intimidation
violente » (3). Rick Francona, ancien agent de
renseignement qui a bourlingué pour la DIA et la
CIA au Liban, en Irak et en Syrie depuis la fin des années
70, va plus loin en conseillant, sur son blog (4), de
se méfier de Nouri al-Maliki.
Le Guide suprême iranien devrait donc ordonner à ses troupes
d’occupation – Gardiens de la révolution et milices –
de reconfigurer leurs activités terroristes, et à Adel
Abdel-Mahdi – candidat Premier ministre du bloc chiite INA
- de rentrer dans le rang. Un rappel disciplinaire devrait être
transmis à Ammar al-Hakim, jeune chef du Conseil Suprême
Islamique d’Irak (SCRI) qui se sent pousser des ailes, pour
lui faire comprendre qu’un accident est vite arrivé… qu’il a un
frère pour le remplacer.
Les Kurdes exigent toujours des engagements écrits d’Iyad
Allaoui, de Nouri al-Maliki et d’Adel Abdel-Mahdi aux 19
demandes qu’ils ont formulés, comprenant notamment l’annexion à
terme de Kirkouk et de territoires dits contestés. Ils craignent
que leurs interlocuteurs ne les respectent pas. Comment le
pourraient-ils ? Au nord, les Arabes et les Turcomans ont votés
majoritairement pour les candidats d’Iraqiya (Iyad
Allaoui) ou des listes sadristes (membres de l’Alliance
Irakienne Unifiée - INA). Pour Jawher Namiq Salim,
Président du parlement kurde élu en 1992 (après le
soulèvement organisé en collaboration avec la CIA),
l’avenir du Kurdistan irakien s’annonce sombre. Il a vu Al-Maliki
à l’œuvre et Iraqiya, dit-il, est « une base
du chauvinisme arabe, de racistes, tous anciens baasistes »
(5)…
A suivre…
Note :
(1)
Maliki en Iran pour rallier des soutiens à
sa candidature (L’Orient-Le Jour
-19/10/10)
(2)
James F.Jeffrey a été n° 2 à l'ambassade des Etats-Unis à
Bagdad de juin 2004 à mars 2005, puis chargé d'affaires de mars
à juin 2005.
(3)
Iraq’s leader gain crucial ally, but his constituents are wary,
par Leila Fadhel (Washington
Post - 11/10/10)
(4) Iraq – the concequence of anather term for al-Maliki,
par Rick Francona
(5)
Prominent Kurdish Figure Says Kurdish Future is Not Optimistic
in Iraq
http://www.rudaw.net/english/kurds/3225.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 20 octobre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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