Nouvelles d'Irak
Tarek Aziz
demande qu'on l'enterre en Jordanie
Gilles Munier
Gilles Munier
Jeudi 4 novembre 2010
Alors que la Russie et le Vatican ont demandé au régime de
Bagdad de surseoir à l’exécution de Tarek Aziz, la France
sarkoziste n’a pas réagi, préoccupée uniquement par le bon
déroulement de la Foire internationale de Bagdad où
Anne-Marie Idrac, ministre d’Etat au Commerce extérieur,
conduisait une délégation d’hommes d’affaires français. Depuis
2009, a-t-elle affirmée, la France « a multiplié par 2,5 son
commerce avec l’Irak ». Ignoble !
Condamnations illégales
La France passait jadis pour un pays qui « disait le droit »,
ou tout du moins qui s’en targuait. Concernant les nouvelles
condamnations à mort prononcées à Bagda (1), le
ministère des Affaires étrangères français aurait pu rappeler,
au moins, que la peine de mort, suspendue par l’Autorité
provisoire de la Coalition (Décret n°1 du 9 juin 2003),
ne s’appliquait pas à Tarek Aziz ni à ses compagnons. En effet,
comme l’a rappelé Maître Jacques Vergès lors du procès du
Président Saddam Hussein, ces condamnations sont illégales. En
droit international, lorsqu’une loi change après qu’une
infraction soit commise – la peine de mort a été rétablie en
Irak, le 8 août 2004 -, les tribunaux appliquent la loi la
plus clémente prévue en la circonstance par le Code Pénal.
Par ailleurs, selon Hassan Chaaban, expert judiciaire et
directeur de l’organisation des droits de l’homme et de la
démocratie en Irak : « Il appartient au tribunal pénal de
prendre en compte le grand âge de Tarek Aziz... la loi irakienne
relative aux châtiments précise que celui dont l’âge est
supérieur à 70 ans doit être dispensé de toute exécution ou
gracié après sa condamnation » (Al Qods al-Arabi –
28/10/10).
La « Haute cour pénale » a rejeté les appels à annuler
les jugements, se bornant à réaffirmer «que l’ensemble des
condamnations prononcées se fondaient sur des preuves et des
vérités qui prouvaient la responsabilité des accusés ».
Facile à dire, car les accusés n’ont que des avocats désignés
d’office, favorables au régime. Maître Badie Aref, avocat
irakien de Tarek Aziz, n’a pas pu assurer la défense de son
client. Menacé de mort, il vit à Amman …. Bagdad n’a jamais
voulu accorder de visa à Jacques Vergès.
Profanations de sépultures
Tarek Aziz, 74 ans, déjà condamné à 15 ans de prison en 2009, a
entamé une grève de la faim. Il a demandé à être inhumé
temporairement en Jordanie, son corps devant être rapatrié en
Irak « après la libération ». Son fils Ziad craint que
si la demande est refusée, la sépulture de son père ne soit
profanée comme l’ont été celles de Hamza al-Zubaidi (ancien
Premier ministre) et, en octobre 2003, de Michel Aflak
(fondateur du parti Baas), en pleine Zone verte, avec la
complicité des autorités d’occupation (2).
(1)
Tarek Aziz, Saadoun Chaker
(ministre de l’Intérieur de 1979 à 1987),
Abed Hammoud (secrétaire du
Président Saddam Hussein),
Sabawi Ibrahim (demi-frère du
Président Saddam Hussein),
Abdel Ghani Abdel Ghaffour (haut
dirigeant du parti Baas).
(2)
Lire aussi : La profanation de la tombe de Michel Aflak
(Archives 2003)
http://www.france-irak-actualite.com/pages/la-profanation-de-la-tombe-de-michel-aflak-fondateur-du-parti-baas-3997622.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 5 novembre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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