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Nouvelles d'Irak
Al-Maliki,
Premier ministre? Une victoire iranienne à l'arrachée
Gilles Munier
Gilles Munier
Lundi 4 octobre 2010
En Irak, les occupants – Etats-Unis/Iran - ont le
dernier mot, du moins au Parlement. La plupart des courant
politiques issus des élections législatives du 7 mars ne
voulaient plus de Nouri al-Maliki… Après sept mois de
chicaneries – record mondial - sur fond de terrorisme
et de sectarisme, l’Iran a sifflé la fin de la récréation et l’a
imposé à nouveau. Mais, les Américains qui préféraient Al-Maliki
pour demeurer en terrain de connaissance, font tout de même
grise mine. L’Iran est de plus en plus seul maître du jeu, et
l’influence grandissante de Moqtada al-Sadr, à l’origine de la
dernière redistribution des cartes, est une épée de Damoclès
suspendue au-dessus des bases militaires qu’ils entendent
maintenir.
Une couleuvre difficile à avaler
Comment en est-on arrivé là ? Moqtada qui, il y a une dizaine de
jours, soutenait Iyad Allaoui et le vice-Président chiite Adel
Abdel-Mahdi, a justifié son nouveau choix dans une sorte de
fatwa où il donne l’impression d’avoir subi des pressions
extérieures. La politique, y lit-on, est « un jeu cruel »,
« on prend et on donne, selon ses intérêts ». Avec lui,
l’Iran, pas cité, n’y est sans doute pas allé par quatre
chemins. Il aurait mieux valu que le Sayyed quitte la
ville sainte de Qom pour le Liban, comme on lui en prêtait
l’intention. Aussi, pour que la couleuvre soit plus facile à
avaler, Nouri al-Maliki l’a informé qu’il réservait au courant
sadriste le Secrétariat général du Conseil des ministres, la
direction de l’anti-terrorisme, cinq ministères importants ;
tous les détenus de l’Armée du Mahdi seraient libérés
et des éléments de cette dernière intégrés dans les forces de
sécurité.
Les Irakiens ne se font pas d’illusions
sur la suite des événements
Ammar al-Hakim, chef du Conseil Suprême Islamique d’Irak,
qui avait approuvé l’éventuelle candidature d’Iyad Allaoui à la
présidence de la République, se retrouve provisoirement sur la
touche, supplanté par l’ultra pro-iranien Hadi al-Amiri, chef de
la Brigade al-Badr. Selon le quotidien égyptien El-Osboa
(1), Ahmad Chalabi, un des intermédiaires ayant fait
changer Moqtada d’avis, se verrait confier un rôle important
dans la sécurité nationale, et « Haras Habib », un de
ses proches, Kurde fayli (chiite) jouissant de
la confiance des Gardiens de la révolution iranienne,
serait nommé à la direction des services secrets.
Le gouvernement irakien est loin d’être formé. Nouri al-Maliki
attend la décision du bloc kurde sans lequel il n’a pas la
majorité au Parlement. Sauf rebondissement, un nouveau round de
marchandages s’ensuivra. A Bagdad, où les Irakiens ne se font
pas d’illusions sur la suite désastreuse des évènements, les
paris sont ouverts sur le nombre de semaines à attendre avant
que Moqtada al-Sadr change de position et ordonne à ses
partisans – comme il l’a fait en 2007 – de quitter le
gouvernement.
Note :
(1) El-Osboa on line (30/9/10)
http://www.elaosboa.com/elosboaonline/news/show.asp?fesal_hussien=add&id=15080&vnum=fesal&page=internationalnews
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 5 octobre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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