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Irak :
Fallujah face au chaos
Dahr Jamail & Ali Al-Fadhily
Forces
américaines en pleine action "civilisatrice" dans la
ville martyre de Fallujah
Les attaques de la résistance contre les forces
américaines se sont poursuivies dans Fallujah en dépit des opérations
militaires et des fortes mesures de sécurité.
Deux asssauts militaires américains en 2004 ont
laissé la ville en ruines et ont fait fuir environ 250 000 des
350 000 habitants que comptait la ville.
Ces deux opérations militaires, comme celles qui
ont suivi, n’ont pas réussi à réduire la résistance dans et
autour de la ville de Fallujah dans la province d’Al-Anbar à
l’ouest de Bagdad.
Le mois dernier les forces des Etats-Unis ont lancé
une nouvelle opération dite de « sécurité » aux côtés
de la police irakienne locale et soutenue par quelques milices
sunnites locales.
Les groupes de la résistance ont attaqué les
forces de sécurité. Dans une opération de résistance
exemplaire les combattants ont attaqué à partir de quatre
voitures un des plus grands commissariats de police de la ville,
utilisant des grenades propulsées et des mitrailleuses.
Le chef du conseil municipal Abbas Ali Hussein a
été tué par des inconnus. Il est le quatrième chef du conseil
municipal a être tué dans la ville durant ces 12 derniers mois.
« Le grand échec des troupes des Etats-Unis
dans Fallujah a commencé quand ils ont voulu introduire la police
secrète sunnite dans la ville, » a déclaré un membre du
conseil municipal à l’IPS(*). « La situation dans Ramadi,
Hit, Haditha et partout dans la province d’Al-Anbar est
aujourd’hui catastrophique. »
L’IPS a rapporté précédemment que la
coalition réunie autour des Etats-Unis avait soutenu les milices
locales des environs de Fallujah afin que celles-ci combattent la
résistance qui est de plus en plus forte dans le secteur.
Beaucoup d’habitants de Fallujah pensent que les militaires américains
continuent également de soutenir des milices chiites.
Au milieu du chaos et de la violence, les
habitants rendent les forces d’occupation responsables de leurs
problèmes.
Les « Américains payent notre peuple pour
qu’il s’entretue, » déclare à l’IPS un chef tribal
local. « C’est une vengeance extrêmement cruelle. »
Ce chef tribal affirme que les américains ont
provoqué la résistance armée dans Fallujah tout au début de
l’occupation lorsqu’ils ont assassiné 17 manifestants désarmés
les 28 et 30 avril [2003].
Khattab, un habitant de Fallujah qui auparavant
n’avait jamais cru à la violence, a changé d’avis après
avoir été mis en détention par les forces américaines et être
resté pendant plus d’une année dans la prison d’Abu Ghraib
et le camp Bucca près de Bassora.
« Les Américains se cachent maintenant
derrière leurs mercenaires, » dit-il à l’IPS. « J’ai
alors souhaité rejoindre ces hommes braves qu’auparavant je
considérais mal. Les geôliers américains m’ont fait une
faveur parce qu’ils m’ont rendu conscient et m’ont fait
croire aux mujahideen (les combattants de la résistance). »
La police locale a déclaré à l’IPS que cinq
attaques par jour se produisaient en moyenne dans Fallujah contre
les patrouilles militaires américaines, et cinq attaques également
contre les forces irakiennes de sécurité.
Lors d’une récente attaque, le 17 février
dernier, un tank américain a été brûlé lorsque des
combatta,nts armés ont attaqué un convoi près du pont Al-Wahda
juste à l’ouest de Fallujah, selon un policier irakien qui
s’exprimait sous le couvert de l’anonymat devant les VOI
(nouvelles agences indépendantes en Irak : Voices of Irak).
Il ajoutait : « les hommes armés ont utilisé des RPG
(les grenades à fusée propulsée) lors de l’attaque. »
Le 20 février une patrouille irakienne des forces
de sécurité a été attaquée par des hommes armés et un Humvee
(véhicule américain) a été détruit en plein centre de
Fallujah, là encore avec des RPG.
Les forces multinationales en Irak annoncent régulièrement
la mort de soldats américains « lors d’une opération
dans la province Al-Anbar. » L’endroit exact n’est en général
pas indiqué.
Jusqu’à aujourd’hui, 1172 soldats de la
coalition ont été tués dans la province Al-Anbar, selon le décompte
des morts et blessés de la coalition en l’Irak sur le site Web
« [Irak casualties- http://www.icasualties.org/oif/] ».
C’est plus que dans n’importe quelle autre province du pays, y
compris la capitale Badgdad si explosive. Et c’est une partie
substantielle des plus de 3100 soldats américains tués jusqu’à
aujourd’hui en Irak.
Les forces américaines continuent à vouloir
afficher des succès dans les massacres « d’insurgés ».
Pour exemple c’est par le moyen d’attaques aériennes du type
de celle déclenché sur des maisons suspectées de servir
d’abri pour des combattants de la résistance dans la ville d’Amiriya
près de Fallujah. Les forces des Etats-Unis se sont vanté
d’avoir fait treize morts dans cette attaque.
Ahmed al-Ami, un médecin de hôpital de Fallujah
où les morts et les blessés de l’attaque aérienne ont été
rassemblés, a dit aux journalistes que ce sont plus de 30 corps,
y compris ceux de sept enfants, qui leur ont été amenés.
La ville résiste
« Nous ne pouvons pas laisser en vain couler
le sang de nos fils que les américains ont répandu dans cette
ville sainte, » déclare à l’IPS un professeur de
Fallujah, âgé de 35 ans.. Comme la plupart des autres interviewés,
il n’a pas voulu donner son nom.
« A présent nous faisons tous partie de la
résistance contre les Américains car ce qu’ils veulent de façon
évidente c’est en finir avec nous et nous arracher à nos
racines, » a-t-il ajouté.
Les incursions armées et les arrestations
provoquent toujours plus de colère.
Récemment la police irakienne, que beaucoup
d’habitants du pays considèrent être des membres d’une
milice chiite, a arrêté un grand nombre de personnes dont le
directeur du service de distribution locale d’huile et Khalid
Abdullah Hameed, secrétaire général de l’ONG (Organisation
Non-Gouvernementale) de défense des droits humains Al-Raya.
Le responsable de la distribution d’huile a été
relâché après quatre jours tandis que Hameed est toujours en détention.
Plusieurs réfugiés venant de Bagdad ont manifesté pour qu’il
soit mis fin à sa détention.
« Khalid nous a aidés à nous installer
dans un bâtiment et nous a fourni tout ce dont nous avons eu
besoin. Mais la police l’a arrêté et avec lui deux d’entre
nous qui ont été libérés un peu plus tard, » indique un
réfugié à l’IPS.
Beaucoup d’habitants de Fallujah refusent de
s’exprimer, même sous la condition de l’anonymat.
« Nous vous conseillons de quitter la ville
dès maintenant parce que nous ne pouvons jamais dire quand la
situation va exploser, » dit un des habitants au
correspondant d’IPS. « Cette fois-ci ce sera sérieux et
les hommes de la police secrète n’aiment pas les gens de la
presse. »
(*) IPS : Inter Press Service
23 février 2007 - Electronic Iraq - Vous pouvez
consulter cet article à :
http://electroniciraq.net/news/prin...
Traduction : Claude Zurbach
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