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L'EXPRESSIONDZ.COM
L'opposante birmane
condamnée Suu Kyi
privée de liberté pour 18 mois
R.I.
Aung San Suu Kyi
Mercredi 12 août 2009
Un tribunal spécial a reconnu Mme Suu Kyi coupable d’avoir violé
les termes régissant depuis 2003 son assignation à résidence et
l’a condamnée à trois ans de prison et de travaux forcés.
L’opposante birmane Aung San Suu Kyi a été condamnée hier à 18
mois supplémentaires de privation de liberté pour avoir enfreint
les règles de son assignation à résidence, provoquant une vive
indignation à travers le monde. La sentence, prononcée dans
l’enceinte de la prison d’Insein, au nord de Rangoon, a entraîné
des menaces de nouvelles sanctions de la part de l’Union
européenne, car elle signifie que Mme Suu Kyi sera
vraisemblablement écartée d’élections promises par la junte
birmane pour l’année prochaine. Un tribunal spécial a reconnu
Mme Suu Kyi coupable d’avoir violé les termes régissant depuis
2003 son assignation à résidence et l’a condamnée à trois ans de
prison et de travaux forcés, mais un ministre a annoncé que la
peine avait été commuée en 18 mois de résidence surveillée. Mme
Suu Kyi, 64 ans, était accusée d’avoir brièvement hébergé en mai
dernier un Américain, John Yettaw, qui s’était invité chez elle
après avoir nagé jusqu’à son domicile, situé au bord d’un lac. «Merci
pour le verdict», a déclaré Mme Suu Kyi, sur un ton
sarcastique, à la lecture de la condamnation. Elle portait une
tenue traditionnelle birmane mêlant le rose et le gris clair, et
son visage semblait fermé, selon une journaliste de l’AFP
présente au tribunal. Le ministre birman des Affaires
intérieures, le général Maung Oo, a ensuite fait une entrée
surprise à la Cour et annoncé que Than Shwe, numéro un de la
junte, avait signé un décret spécial commuant la peine de prison
en résidence surveillée. «Aung San Suu Kyi est la fille du
général Aung San», héros de l’indépendance birmane assassiné
en 1947, et la réduction de peine vise à garantir «la
sécurité pacifique du pays et aussi à avancer vers la
démocratisation», a affirmé ce général. Il n’a pas exclu que
la peine soit encore réduite si Mme Suu Kyi se comportait bien
pendant sa nouvelle période d’assignation à résidence. De son
côté, John Yettaw, mormon américain de 54 ans à l’origine de la
mise en accusation de l’opposante, a été condamné au total à
sept ans de prison et de travaux forcés. Il a écopé de trois ans
pour avoir enfreint des lois sécuritaires, trois ans pour
violations des lois sur l’immigration et d’un an pour avoir nagé
illégalement dans un lac de Rangoon. Le sénateur démocrate
américain Jim Webb, qui préside la sous-commission des Affaires
étrangères du Sénat pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, doit
se rendre le week-end prochain au Myanmar. Il s’agira de la
première visite d’un parlementaire américain depuis plus de 10
ans. La figure de proue de l’opposition birmane a été reconduite
à son domicile, un transfèrement sous haute sécurité. Ses deux
dames de compagnie, Khin Khin Win et Win Ma Ma, qui étaient
aussi jugées, ont écopé de la même peine que Mme Suu Kyi (18
mois de résidence surveillée). Mme Suu Kyi et ses assistantes
étaient passibles de cinq ans de prison et le régime a voulu
donner l’impression qu’il tenait compte des appels
internationaux et qu’il était prêt à faire preuve de clémence,
ont estimé des analystes. La lauréate du prix Nobel de la paix
1991 - qui dirige la Ligue nationale pour la démocratie (LND),
principal parti d’opposition au Myanmar - a été maintenue en
isolement pendant 14 des 20 dernières années. La condamnation de
Mme Suu Kyi a suscité un sentiment immédiat de «tristesse»
et de «colère» chez le Premier ministre britannique
Gordon Brown qui a dénoncé «la mascarade de procès d’Aung San
Suu Kyi». Le président français Nicolas Sarkozy a qualifié
le verdict de «brutal» et «injuste». La présidence
suédoise de l’Union européenne (UE) a réclamé sa «libération
immédiate sans conditions» et annoncé de «nouvelles
mesures ciblées» à l’égard du régime birman. Le Myanmar est
depuis plus d’une décennie sous le coup de sanctions européennes
et américaines, renforcées après l’écrasement de la révolte des
moines bouddhistes en 2007. Le ministre malaisien des Affaires
étrangères Anifah Aman a appelé à une réunion d’urgence de
l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), dont le
Myanmar est membre. «Avec cette condamnation, Aung San Suu
Kyi n’a aucun moyen de participer à l’élection de l’année
prochaine, qui devrait être libre et juste», a-t-il dit.
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Publié le 12 août 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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