Discours
Syrie : Le
gouvernement tiendra ses engagements
concernant la protection de ses enfants
et citoyens !
Bachar
Al-Jaafari
Mardi 18 juin 2013
Le 17 Juin 2013, le
Conseil de sécurité discutait
du
sort des enfants
en temps de conflit armé
[*]. Voici la traduction du discours du
Docteur Bachar al-Jaafari,
délégué permanent de la Syrie auprès des
Nations Unies.
Monsieur le Président,
Nous avons lu avec intérêt le rapport du
Secrétaire général concernant les
enfants en temps de conflit armé.
Bien que Mme Leila Zerrougui, Représentante
spéciale du Secrétaire général pour les
enfants et les conflits armés, ait
abordé - pour la première fois - les
crimes et abus commis par les groupes
terroristes armés et notamment le
recrutement d'enfants soldats, il est
regrettable qu’elle ait eu besoin de
plus de deux ans alors que des dizaines
d’articles et de rapports officiels
documentés et des centaines de
témoignages d’illustres représentants de
l’ONU ou d’ONG avaient affirmé que des
groupes terroristes salafistes et
wahhabistes takfiristes enrôlaient des
enfants syriens dans leur rang. Elle a
eu besoin de plus de deux ans avant de
les inscrire, aujourd’hui seulement et
pour ce seul crime, sur « la liste de la
honte » !
Nous aurions aimé que dans son rapport
sur la Syrie, Mme
la Représentante spéciale
recommande aux états qui parrainent et
soutiennent les groupes terroristes,
désormais connus de tous, qu’ils cessent
d’une part de leur fournir argent,
armes, équipements,
renseignements, et appui médiatique et
d’autre part, qu’ils lèvent leurs
sanctions unilatérales imposées au
peuple syrien, dont la victime est en
premier lieu l’enfant syrien, en raison
de l’arrêt des programmes de
développement et de financement, et de
l'affaiblissement de l'économie
nationale.
Monsieur le Président, ce qui soulève
notre inquiétude est l’insistance de la
Représentante spéciale - sur la liste
annexée au rapport - à imputer aux
autorités gouvernementales syriennes la
responsabilité des bombardements des
écoles et hôpitaux, les meurtres et
mutilations d’enfants, en plus
d’allégations nouvelles faisant
référence à des actes de violence
sexuelle. Permettez-moi d’aborder toutes
ces allégations une par une.
Premièrement, concernant le bombardement
des écoles et des hôpitaux :
La Syrie a reçu de bon cœur Mme
Zerrougui et la délégation qui
l’accompagnait fin 2012. Madame
Zarrougui a rencontré les responsables
concernés et en particulier le ministre
de l'Éducation qui lui a remis une
information documentée prouvant
l'étendue des exactions terroristes des
groupes armés, auxquelles était
confronté tout le secteur de
l’éducation. Elle a eu et tout le temps
de visiter les écoles, les hôpitaux et
les centres d’accueil des provinces de
Damas, Homs et de leurs environs.
Mais pour une certaine raison, elle a
choisi d’ignorer ce qu’elle avait
elle-même constaté, à savoir que le
gouvernement syrien utilisait les
établissements d’enseignement comme
centres d’accueil pour les familles
déplacées, non comme cibles à
bombarder ! Ceci pendant que les
attaques délibérées et répétées des
groupes terroristes armés
continuent à frapper les instituts et
centres d’enseignement en Syrie,
attaques largement documentées et durant
lesquelles les parents sont contraints
de ne pas envoyer leurs enfants à
l’école du fait d’engins explosifs
placés à l’intérieur même des
établissements ou dans leur voisinage
immédiat, ou encore du fait du ciblage
délibéré des écoles par des missiles.
Vous vous souvenez tous du bombardement
de la Faculté d’Architecture à
l’Université d'Alep, puis du
bombardement de la Faculté
d’Architecture à l'Université de Damas !
Quant aux établissements de la Santé,
ils ont été largement ciblés par les
groupes terroristes armés qui ont
ravagé, incendié, et volé, plus de 35 %
des hôpitaux syriens. Nous avons fourni
à la Représentante spéciale des vidéos
montrant les préparatifs des terroristes
destinés à l’explosion de l’hôpital
d’Al-Qousayr, puis leur conséquence en
date du 5 Septembre 2012. Nulle mention
de ce crime dans son rapport, alors que
les bombardements des hôpitaux et des
écoles sont, en eux-mêmes, des crimes
suffisants pour inscrire ces groupes
terroristes sur « la liste de la
honte » !
Deuxièmement, concernant les meurtres et
mutilations d'enfants :
Depuis le tout début de la crise, le
monde entier est témoin de la série de
crimes répugnants commis contre les
enfants syriens par les groupes
terroristes armés
Ainsi, à Alep, Mohammed Al-Qatta âgé de
14 ans a été torturé puis fusillé pour
cause de blasphème, devant son père et
sa mère, par des éléments d’un bataillon
fondamentaliste terroriste de « Jabhat
al-Nosra » se présentant comme un
tribunal légitime dépendant de « l’État
islamique d’Irak et du Levant ».
Fin 2012 et toujours à Alep, des groupes
extrémistes ont violé, trainé sur une
longue distance, puis exécuté par
pendaison l’enfant Fayçal âgé de 4 ans.
Rappelons aussi les propos diffusés avec
enthousiasme, il y a seulement 2 jours,
par la chaîne saoudienne « Al-Arabia » ;
ceux du Sheikh koweïtien salafiste
wahhabiste, Chafi Al-Ajami, se vantant
dans l’un de ses sermons d’avoir
« massacré » les enfants syriens
du village de Hatla à Deir el-Zor.
Ce n'est qu’un aperçu des multiples
activités de « Jabhat al-Nosra »,
désormais inscrite sur la liste des
organisations terroristes par le Conseil
de sécurité. En l’occurrence, ceux qui
ont préparé ce rapport auraient pu en
tenir compte !
Troisièmement, concernant les actes de
violence sexuelle :
Comment se fait-il que ce rapport de la
Représentante spéciale ignore les crimes
d’agressions sexuelles, de viols, et
d’assassinats, perpétrés par les groupes
terroristes armés à l’encontre de femmes
et de fillettes syriennes ? Comment se
peut-il que ces crimes ne figurent pas
dans ce rapport, en dépit de multiples
autres rapports documentés prouvant que
ces groupes armés ont kidnappé des
femmes et des jeunes filles pour en
faire des captives ou des esclaves
destinées à satisfaire leurs plaisirs ?
Ceci, pendant que les protecteurs de ces
voyous du Jihad, déséquilibrés et
nécrophages, habitant quelque part dans
les « machiakhates pétrodollariennes » [machiakhate :
terme dérivé de Cheikh, NdT], lançaient
publiquement sur les ondes leurs fatwas
autorisant ces crimes sous couvert de ce
qu’ils ont désigné par « Jihad sexuel »
ou « Jihad de la fornication » !
Monsieur le Président, nous déplorons
que dans les 13 paragraphes de ce
rapport, consacrés à la République arabe
syrienne, aucun ne mentionne la
souffrance des enfants syriens vivant
sous l'occupation israélienne dans le
Golan syrien.
Depuis
son entrée en fonction nous avons
attiré, à maintes reprises, l’attention
de Mme Zerrougui sur la nécessité
d’accorder à cette question l'importance
qu'elle mérite dans ses comptes-rendus.
Malheureusement, elle ne l’a pas fait.
Pour conclure, Monsieur le Président, je
voudrai souligner que le gouvernement
syrien tiendra ses engagements
concernant la protection de ses
citoyens, notamment les enfants. Toute
violation de la sécurité de ces enfants
est soumise à de sérieuses poursuites.
C’est dans ce but que le 6 mai 2013 le
gouvernement syrien a adopté deux
articles supplémentaires, ajoutés au
Code pénal, condamnant ceux qui
entrainent des enfants de moins de 18
ans dans des opérations de combat,
quelles qu’elles soient, à des peines de
travaux forcés allant 10 à 20 ans.
Dr Bachar al-Jaafari
NewYork ;17/06/2013
Texte traduit par Mouna Alno-Nakhal
Source : Vidéo / You Tube
http://www.youtube.com/watch?v=VI06cNK-BEU
Notes :
[*] Conseil de sécurité [CS/11035
/
6980e séance – matin] :
Le sort des enfants en temps de conflit
armé
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/CS11035.doc.htm
Extraits :
« M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier
Ministre et Ministre des affaires
étrangères du Luxembourg, a salué la
possibilité offerte à la société civile
de s’exprimer devant le Conseil de
sécurité sur cette question des enfants
en période de conflit armé. Il a
rappelé qu’à ce jour, trois millions
d’enfants avaient été affectés par le
conflit en Syrie, en précisant que des
milliers d’entre eux ont perdu la vie et
de nombreux autres ont subi la torture
ou des violences sexuelles. Plus
de la moitié des hôpitaux ont été
endommagés ou détruits et 2 500 écoles
ont été partiellement ou entièrement
détruites, a noté le Ministre, avant
d’appeler à mettre fin au conflit en
Syrie. Il nous faut trouver une
solution qui conduise à une transition
politique en Syrie et qui réponde aux
aspirations légitimes du peuple, a-t-il
souligné, en estimant que la Conférence
de Genève II apparaissait de plus en
plus comme celle de la dernière
chance ».
« Le représentant de la Fédération de
Russie a rappelé que son pays
condamnait toutes les violations graves
commises à l’encontre des enfants, en
soulignant la nécessité de mettre un
terme à l’impunité des auteurs de ces
violations. Il a condamné
également l’utilisation des drones, en
plaidant pour que des enquêtes sur ces
incidents soient menées. Il a
souligné qu’il était nécessaire de
respecter le système de répartition des
tâches entre les différentes
institutions des Nations Unies. Le
mandat de la Représentante spéciale
comprend la protection des enfants en
période de conflit armé, a-t-il rappelé,
en estimant cependant qu’une
interprétation étendue de cette notion
n’était pas justifiée. Des
évaluations pondérées sur la base de
données fiables permettent, a-t-il
assuré, de garantir la crédibilité et la
pertinence des recommandations contenues
dans le rapport du Secrétaire général.
La Représentante spéciale doit mettre au
point des procédures claires pour
inscrire ou radier des parties à un
conflit des listes en annexe du rapport
du Secrétaire général, a-t-il dit, en
faisant notamment état de critères
superficiels concernant les auteurs de
violations récalcitrants.
L’absence de critères clairs n’aide pas
les États mais encourage un manque
d’objectivité et de confiance au sujet
de l’utilisation de cet instrument, a
ajouté le délégué russe. Les
sanctions ne sont pas une panacée,
a-t-il par ailleurs affirmé, en
rappelant également le rôle dévolu aux
États à qui incombe la responsabilité
principale d’assurer la protection des
populations ».
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