BDS
Israël : mettre fin à l'interdiction de
voyager arbitraire contre le défenseur
des droits humains Omar Barghouti
Amnesty International
Dimanche 10 février 2019
DÉCLARATION PUBLIQUE D’AMNESTY
INTERNATIONAL –7
février 2019
Les autorités
israéliennes doivent immédiatement
mettre fin à leurs restrictions
arbitraires au droit à la liberté de
déplacement de l’éminent défenseur
palestinien des droits de l’homme, Omar
Barghouti, et garantir son droit de
résidence, à la liberté, à la sécurité
de sa personne, et à la liberté
d’expression. Le ministère de
l’Intérieur israélien se doit de
renouveler le document de voyage d’Omar
Barghouti et de veiller à ce qu’il
puisse partir et revenir dans le pays
librement. Amnesty International
demeure préoccupée pour la sécurité et
la liberté d’Omar Barghouti à la suite
de déclarations de dirigeants
israéliens, comprenant des menaces de
lui nuire physiquement et de le priver
de ses droits fondamentaux.
Omar Barghouti est
cofondateur du mouvement BDS. Il fait
campagne pour qu’Israël soit tenu pour
responsable de ses violations des droits
de l’homme et de ses autres violations
du droit international et il prône, à
cette fin, l’usage de moyens non
violents. L’interdiction de fait de
voyager s’intègre dans les attaques de
longue date menées par les autorités
israéliennes contre Omar Barghouti, dans
le but de l’empêcher d’accomplir des
activités de campagne. Lors d’une
conférence anti-BDS à Jérusalem, le 28
mars 2016, Omar Barghouti a été attaqué
verbalement par plusieurs dirigeants
israéliens, dont le ministre de
l’Intérieur Aryeh Deri, qui a déclaré
qu’il envisageait de retirer à Omar
Barghouti son droit de séjour permanent
en Israël et de le priver de celui de se
déplacer librement. Une déclaration
particulièrement alarmante est venue du
ministre israélien des Transports, des
Renseignements et de l’Énergie atomique,
Yisrael Katz, qui a demandé à Israël de
procéder à « des éliminations civiles
ciblées » sur les dirigeants du BDS
avec l’aide des services de
renseignements israéliens. Le terme fait
allusion aux « assassinats ciblés »
utilisés pour qualifier la politique
d’Israël visant les membres des groupes
armés palestiniens. D’autres ministres,
dont Gilad Erdan, ministre de la
Sécurité publique, des Affaires
stratégiques et de l’Information, ont
décrit les militants et les dirigeants
du BDS comme des menaces, et ont réclamé
pour eux qu’ils « paient le prix »
de leur travail, tout en précisant qu’il
ne voulait pas dire « leur nuire
physiquement ».
En tant que
résident permanent d’Israël, Omar
Barghouti possède un document de voyage
israélien, lequel est le seul document
qui l’autorise à sortir et revenir dans
le pays. Les autorités israéliennes ont
engagé des procédures en 2014 pour lui
retirer son droit de séjour permanent en
commençant par enquêter sur son lieu de
résidence, amenant ainsi le ministère de
l’Intérieur à rejeter ou retarder
indûment à plusieurs reprises les
demandes d’Omar Barghouti de
renouvellement de son document de
voyage, l’empêchant de se déplacer, y
compris le 10 mai 2016, jour du rejet de
sa demande. Le 19 juillet 2016, une
décision du tribunal de district de
Haïfa a déclaré qu’il n’y avait aucune
raison pour que le ministère de
l’Intérieur refuse le renouvellement du
document de voyage d’Omar Barghouti. En
janvier 2018, et malgré une requête en
urgence d’Omar Barghouti, par
l’intermédiaire de son avocat, pour le
renouvellement de son document de voyage
pour qu’il puisse se rendre en Jordanie
et y assister sa mère durant une
intervention chirurgicale critique
contre un cancer, le ministère de
l’Intérieur a retardé le renouvellement
de son document de voyage jusqu’à ce que
l’opération soit passée. Le dernier
renouvellement du document de voyage qui
lui a été accordé date du 16 septembre
2018, et il a expiré le 15 décembre
2018. Depuis, il est soumis à une
interdiction de fait de voyager bien
qu’il ait déposé de nouvelles demandes
et écrit à trois reprises, par
l’intermédiaire de son avocat, au
ministère de l’Intérieur, la dernière
étant le 21 janvier 2019, pour lui
demander une explication sur ce retard
et d’agir rapidement ; à ce jour, il n’a
reçu aucune réponse positive.
Omar Barghouti
s’est dit grandement préoccupé par les
menaces et les actes des autorités et
dirigeants israéliens. Il a déclaré à
Amnesty International : « Le
gouvernement d’extrême droite d’Israël
révèle petit à petit la portée de sa
menace de 2016, largement condamnée, de
mettre à exécution une ‘élimination
civile ciblée’ à mon encontre, en
raison de mon implication dans le
mouvement BDS pour les droits des
Palestiniens, mouvement nominé au prix
Nobel de la paix. À travers des
tentatives continues, désespérées,
visant à ternir ma réputation en tant
que défenseur des droits humains, à
m’imposer des interdictions de fait de
me déplacer, et à inciter implicitement
à une violence à mon encontre, Israël
espère perturber ma vie et me réduire au
silence par l’intimidation. Je suis
nettement inquiet, mais je ne suis pas,
et je ne me laisserai pas découragé ».
Omar Barghouti est
invité à prendre la parole lors d’une
conférence sur la solidarité à Londres
du 22 au 26 février 2019. Il a déclaré à
Amnesty International : « Cette
dernière interdiction de fait à voyager
pourrait être une tentative pour
m’empêcher de m’exprimer lors de la
prestigieuse conférence Axis of
Solidarity, organisée par le musée Tade
Modern de Londres et l’Université
Cornell ». Il affirme être gravement
préoccupé pour sa sécurité et celle de
sa famille : « La persécution à
multiple facettes par Israël à mon
encontre durant ces cinq dernières
années cause des ravages sur ma famille,
sans aucun doute. Nous ne pouvons pas
prévoir de simples réunions de famille,
et ma fille aînée craint que je ne
puisse pas me rendre à son mariage ».
Les autorités
israéliennes ont recours à toute une
série de mesures, incluant détentions,
restrictions aux déplacements,
harcèlement judiciaire et campagnes
d’incitation, tant en Israël que dans le
Territoire palestinien occupé (TPO),
afin de cibler les militants, notamment
les défenseurs des droits humains, qui
critiquent l’occupation militaire
permanente israélienne. En 2017, elles
ont amendé la Loi relative à l’Entrée en
Israël pour qu’elle interdise l’entrée
en Israël ou dans le TPO à quiconque
soutient ou travaille pour une
organisation qui promeut un boycott
d’Israël et des entités israéliennes, y
compris des colonies. En mettant en
application cette disposition, elles ont
refusé l’entrée aux défenseurs des
droits humains, avocats, étudiants et
médecins.
Les autorités
israéliennes ont l’obligation de
respecter les droits de l’homme, y
compris la liberté d’opinion et
d’expression, sans discrimination
aucune. Elles doivent mettre fin à leur
persécution d’Omar Barghouti, faire
respecter sa liberté de déplacement et
cesser toute mesure visant à lui retirer
son droit de séjour permanent en Israël.
https://www.amnesty.org/download/Documents/MDE1598112019ENGLISH.PDF
Traduction : JPP
pour Campagne BDS France Montpellier
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