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Le
front oublié de Gaza
Rania Adel
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Palestine.
L’explosion de la violence au Liban ne fait qu’aggraver
la situation dans les territoires occupés, notamment dans la
bande de Gaza, théâtre de plusieurs incursions et raids.
C’est le même ennemi et c’est le même scénario
de violence. Israël se bat sur les deux fronts, libanais et
palestinien, et le fait avec la même cruauté. Et si tous les
regards sont focalisés sur ce qui se passe au Sud-Liban, c’est
une chance pour Israël de frapper plus fort les Palestiniens. A
Gaza, le bilan des opérations israéliennes lancées depuis le 28
juin dernier s’est élevé à 147 Palestiniens tués. Un bilan
qui n’a même pas suscité l’attention de la communauté
internationale préoccupée par le conflit opposant Israël au
Hezbollah au Sud-Liban, mais incapable de faire quoi que ce soit
pour l’arrêter. L’armée israélienne a mené, entre samedi
et dimanche, deux raids aériens sur la bande de Gaza, blessant
cinq Palestiniens, et tuant deux activistes appartenant à des
groupes armés palestiniens en Cisjordanie, dont un chef militaire
du mouvement radical du Djihad islamique.
Mais le volet palestinien souffre plus que
jamais de l’inattention de la communauté internationale. « Le
règlement du volet palestinien n’est pas actuellement en tête
des priorités. Il peut être reporté jusqu’à ce que la crise
libanaise soit résolue. Il faut d’abord déclarer un
cessez-le-feu au Liban, et régler les questions qui constituent
les sujets de discorde, comme le tracé des frontières et les
Fermes de Chebaa. Ce n’est qu’après cela que l’on pourra évoquer
la cause palestinienne », assure Emad Gad, rédacteur en chef
d’Israeli Digest. C’est aussi l’avis de Sayed Eleiwa,
professeur de sciences politiques à l’Université de Hélouan.
« Israël profite de la situation actuelle pour en finir avec le
Hamas en particulier et la résistance en général et pour les
forcer à accepter un règlement politique qui ne leur va pas ».
Les deux volets sont donc indissociables. Tout
progrès sur l’un d’eux pourrait promouvoir l’autre et
vice-versa. Raison pour laquelle le président palestinien,
Mahmoud Abbass, a annoncé avoir convenu avec le gouvernement
libanais qu’il ne pourrait plus y avoir de négociations en
l’absence d’un cessez-le-feu, que ce soit au Liban ou dans la
bande de Gaza.
Mais, jusqu’à ce moment, aucun signe
encourageant. La poursuite des offensives israéliennes et le
massacre de Cana n’ont fait qu’attiser la détermination des
groupes armés palestiniens à continuer leur résistance.
La branche militaire du Djihad islamique a
promis de commettre des « attentats suicide » contre Israël «
dans les prochains jours » en riposte au bombardement israélien
de Cana.
De leur côté, le Hamas, les Brigades des
martyrs d’Al-Aqsa (groupe armé issu du Fatah du président
palestinien Mahmoud Abbass) et les Comités de la résistance
populaire ont affirmé que « toutes les options étaient ouvertes
». Pour sa part, le premier ministre palestinien issu du Hamas,
Ismaïl Haniyeh, a dénoncé le « crime affreux » de Cana et a
affirmé dimanche que « la guerre israélienne contre le Liban
allait échouer à atteindre ses objectifs ». Tout en essuyant
les mêmes frappes israéliennes, le Hamas et le Hezbollah se
sentent solidaires et continuent de réclamer la libération de
leurs prisonniers retenus en Israël.
Le président palestinien, qui se trouvait
samedi en Egypte dans le cadre d’une tournée qui l’a conduit
en Arabie saoudite, au Qatar et au Koweït, a affirmé que la libération
de Palestiniens détenus en Israël ne devrait pas être
conditionnée à la libération du caporal israélien Gilad Shalit.
Les exigences des Palestiniens d’une libération des prisonniers
arabes concernent la libération des femmes et des mineurs, ainsi
que des détenus condamnés à des peines de 15 à 20 ans.
Selon les analystes, le plus important dans
cette question des prisonniers est que Palestiniens et Libanais
adoptent la même position face à Israël qui cherche à semer la
division entre eux. Il faut donc parler des prisonniers arabes,
abstraction faite de leur nationalité. « Sinon, Israël réussirait
à transformer le monde arabe en une mosaïque où chaque pays
parle de ses propres intérêts. C’est cet émiettement qui est
à craindre et qu’il faut chercher à tout prix à éviter »,
conclut M . Eleiwa.
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