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Le Hamas confronté à la société palestinienne
Pierre Barbancey



Palestine . Reprise par le président Abbas, l’initiative de Marwan Barghouti visant notamment l’instauration d’un pouvoir d’unité nationale, a relancé le dialogue interpalestinien.

Le dialogue national, entamé depuis quelques jours entre les différentes factions pales-tiniennes, montre que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et sa principale organisation, le Fatah, ont lancé une offensive politique d’envergure alors que les affrontements armés interpalestiniens de ces dernières semaines semblaient marquer le glas de tous les espoirs. Le Fatah, soumis à de multiples pressions internes après sa défaite aux élections législatives du mois de janvier, incapable de prendre de quelconques initiatives, au bord de l’implosion, s’est donc ressaisi.

Une nouvelle donne

Deux facteurs majeurs expliquent cette nouvelle donne. En quatre mois, le Hamas n’a pas su prouver sa capacité à gouverner et surtout à proposer une alternative crédible à l’impasse dans laquelle la précédente équipe se trouvait. Or, si les Palestiniens ont récusé le Fatah c’est bien pour que des solutions soient trouvées, tant au plan intérieur (amélioration de la situation économique, frein à la corruption) qu’extérieur avec l’instauration sinon de la paix en tout cas d’une méthode permettant de forcer Israël à se conformer au droit international et aux accords signés. Las, le mouvement de la résistance islamique s’est empêtré dans ses propres contradictions (participer aux élections comme le prévoyaient les accords d’Oslo signés avec... Israël). Paradoxalement, la politique de blocus menée par les États-Unis et l’Union européenne, qui plonge le peuple palestinien dans une misère économique et sanitaire rarement égalée, donne au Hamas une certaine marge de manoeuvre en lui permettant de s’absoudre de toute responsabilité (1).

Le document élaboré à l’initiative de Marwan Barghouti par les principaux prisonniers palestiniens de toutes tendances politiques (Fatah, Hamas, Djihad islamique et FDLP) actuellement dans les geôles israéliennes est aujourd’hui à la base de ce dialogue national palestinien. Que prévoit ce document ? L’instauration d’un État palestinien dans les frontières de 1967 et le retour des réfugiés ; l’intégration du Hamas et du Djihad islamique à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ; la fin des attentats en Israël ; la formation d’un gouvernement d’unité nationale auquel participent toutes les factions et particulièrement le Fatah et le Hamas ; donner mandat à l’OLP et au président de l’Autorité palestinienne afin de mener les négociations de paix avec Israël. Mahmoud Abbas a donné jeudi dernier dix jours aux participants au dialogue, et particulièrement au Hamas, pour accepter le document, faute de quoi il a annoncé qu’il le soumettrait à un référendum dans les 40 jours.

Peur d’un référendum

Jusqu’à présent, le Hamas s’est refusé à reconnaître ce document, du moins officiellement puisque l’un de ses principaux dirigeants, en prison, l’a approuvé. Les difficultés du Hamas semblent surtout provenir de sa direction à l’extérieur : depuis Damas, Khaled Mechaal met tout son poids dans la balance pour que l’organisation islamique campe sur ses positions. « Ce processus a un coût alors que nous avons besoin d’argent. Nul ne reconnaîtra Israël, ce n’est pas la peine d’avoir un référendum », a déclaré Mahmoud Zahar, ministre des Affaires étrangères. Taufik Abou Khoussa, porte-parole du Fatah, s’est interrogé sur les raisons qui poussent le Hamas à refuser un référendum. « Ils disent que la majorité de la rue soutient leur programme politique. Pourquoi alors existe-t-il une telle peur panique face à l’éventualité d’un référendum ? »

Selon un sondage réalisé par le Near East Consulting (NEC) en liaison avec l’Agence suisse pour le développement et la coopération (SDC), globalement, 81 % des Palestiniens soutiennent l’appel du président Abbas pour un référendum au cas où le dialogue national échouerait (95 % des électeurs du Fatah soutiennent l’appel du président Abbas pour un référendum, c’est le cas pour 67 % de ceux du Hamas et 66 % pour ceux qui ne font confiance à aucune des deux factions). Si le référendum est effectivement organisé, 85 % des Palestiniens voteraient en faveur du document des prisonniers (95 % de ceux du Fatah, 72 % parmi les électeurs du Hamas et 73 % de ceux qui ne font confiance à aucune faction). De même, 71 % des Palestiniens soutiennent une solution de deux états sur la base des frontières de 1967. Dans la Bande de Gaza 78 % soutiennent cette solution ; ils sont 66 % en Cisjordanie. 85 % des électeurs du Fatah se prononcent pour la coexistence de deux États, c’est le cas pour 61 % de ceux qui ne font confiance à aucune faction et 55 % pour les supporters du Hamas.

Un accord possible

« L’initiative des prisonniers a fourni à Mahmoud Abbas l’occasion de mettre le Hamas en difficulté, de l’acculer », estime un analyste palestinien, George Giacaman. « Le problème, maintenant, c’est le Hamas, parce qu’il ne semble pas disposer de beaucoup d’options. » Lundi, le président du Parlement, Aziz Doweik (Hamas), faisait état de « progrès », estimant qu’une entente pourrait être conclue avant l’expiration samedi, du délai de dix jours fixé par Abbas. « L’atmosphère est très positive et nous commençons à nous approcher d’un accord », a pour sa part déclaré Moustapha Barghouti.

 

(1) Jean-Claude Lefort, député (PCF), membre de la commission des Affaires étrangères, a écrit au ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, pour demander la tenue d’une Conférence internationale et un débat parlementaire sur la situation au Proche-Orient.


 Source : L'Humanité
 

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