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Les Palestiniens ont toujours besoin de la solidarité
Pierre Barbancey


Palestine . Des élus français étaient à Ramallah pour poursuivre les jumelages et mieux saisir la situation après la victoire du Hamas.

Jérusalem, envoyé spécial.

« Après la victoire du Hamas, les conditions politiques et économiques se sont aggravées, notamment avec la retenue de l’argent qu’Israël nous doit et avec l’expansion des colonies. Nous voulons que le gouvernement français continue à être solidaire des Palestiniens et qu’on ne nous fasse pas payer le prix de la démocratie. » Jihad Abou Snee est une députée fraîchement élue du camp de réfugiés de Choufat, près de Jérusalem. Membre du Fatah, elle évoque ainsi la situation devant une délégation organisée par l’Association de jumelage des camps palestiniens et des villes françaises (AJPF) que dirige Fernand Tuil. Une vingtaine de personnes - des maires, des conseillers généraux et un député (1) - venues, moins de deux mois après les élections législatives, dans les territoires palestiniens pour mieux comprendre la nouvelle donne politique et poursuivre le travail entrepris depuis plusieurs années maintenant avec ces réfugiés. « Dans le camp de Choufat, seul camp compris dans Jérusalem annexé, comme l’explique la parlementaire, nous subissons de multiples pressions depuis plus de vingt ans, parce que les Israéliens veulent nous chasser. » Déjà encerclé de colonies, le camp est maintenant complètement isolé par l’érection du mur. « Près de 2 000 élèves ne peuvent plus aller à l’école, entre 5 000 et 6 000 personnes ne peuvent plus quitter le camp car elles possèdent une carte d’identité de Cisjordanie », commente Jihad.

Ces difficultés quotidiennes, résultat de l’occupation, la délégation française en a fait l’expérience concrètement, dès l’arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv, avec un interrogatoire plus poussé pour ceux qui ont un prénom à consonance arabe. Mais c’est au check-point de Kalandya, entre Jérusalem et Ramallah, que la politique israélienne apparaît dans toute sa monstruosité. Le mur, avec ses miradors de béton, se dresse, dominateur. La queue des voitures s’étend, dans la poussière et le bruit. Le passage piétons relève plutôt du hangar à bestiaux. Derrière des vitres blindées, les soldats israéliens aboient leurs ordres, bloquent tout passage au gré de leurs humeurs, humilient les Palestiniens, forcés de passer sous leurs fourches Caudines. Là encore, Rachid, ou Hassen ont dû montrer patte blanche, c’est-à-dire leur passeport français, pour franchir le tourniquet.

Jour et nuit, les travaux « d’aménagement » du check-point se poursuivent. L’armée d’occupation emploie pour cela des travailleurs palestiniens, sous la surveillance de gardes armés. La séparation doit être totale. Cette réalité, Hind Khoury, qui va très prochainement gagner Paris pour y être la représentante de la Palestine en France, nommée par Mahmoud Abbas dont elle sera la représentante, l’a illustrée par les conséquences de l’occupation à Jérusalem et dans les villages alentour.

Djihad Abou Snee le reconnaît : « La situation politique n’est pas claire pour les Palestiniens. Il y a un manque de clarté quant au programme du Hamas. » C’est sur le fond qu’a lieu la confrontation politique. « Pour que l’ensemble des organisations palestiniennes se regroupent, il faut qu’elles soient sur les mêmes lignes que celles définies par Mahmoud Abbas, explique-t-elle, mais ses orientations ne semblent pas recueillir l’aval du Hamas. » Pour elle, « le Hamas ne pourra gérer les territoires ainsi, surtout face à une position claire d’Israël qui refuse le droit au retour des réfugiés et n’entend pas partager Jérusalem. Si la situation est bloquée, rien ne dit qu’on n’ira pas vers un autre soulèvement palestinien. »

Devant les élus français, Mohammed Dahlan, ancien ministre des Affaires civiles et surtout ancien chef de la sécurité préventive de la bande de Gaza, très proche de Mahmoud Abbas, n’a pas caché que la victoire du Hamas « aura évidemment des répercussions politiques sur le processus de paix ». Mais il ajoutait aussitôt : « En fait, depuis cinq ou six ans il n’y a plus de processus de paix. Israël est le seul gagnant de la victoire du Hamas. Notre préoccupation est qu’il n’y ait pas une dégradation de la situation et surtout que le désespoir ne s’installe pas dans la société palestinienne. C’est pourquoi il faut continuer votre travail de solidarité avec notre peuple, comme vous l’avez toujours fait. » C’est aussi le discours de Hanni Hassane, membre du comité central du Fatah, compagnon de toujours de Yasser Arafat : « Israël se réjouit de la victoire du Hamas car il ne veut pas de partenaire pour la paix. Le Hamas est une force nouvelle sur la scène politique internationale. Il a donc besoin de multiplier les effets d’annonce. Mais pour nous, le Fatah, il n’est pas question de participer à un gouvernement sur cette base. Il ne faut pas un État religieux palestinien mais un État laïc, avec ses croyances. »

La délégation française - « politique » de par sa composition mais surtout son souci d’aider les Palestiniens et d’intégrer sa démarche dans le combat pour la fin de l’occupation - a tenu à rencontrer des pacifistes israéliens. Michel Warchawski, fondateur du Centre d’information alternatif, a dressé un état des lieux d’une société israélienne qui, elle aussi, doit élire ses députés dans les prochaines semaines, « une élection sans surprise et d’un ennui mortel », comme il l’a dit, alors que les « 3 C de la politique de Sharon (casser, coloniser, cantonner) » se poursuivent sous la direction d’Ehud Olmert.

Dans les prochains jours, dans le cadre des jumelages, des Palestiniens seront en France. « Il ne faut pas nous laisser tomber, a insisté l’un d’entre eux. Notre combat se poursuit contre l’occupation. »

(1) Étaient présents les maires et des élus de Bagnolet, Douarnenez, Stains, Aubervilliers, Limay, Saint-Leu-d’Esseranc, Saint-Denis, La Courneuve, député, des conseillers généraux de Seine-Saint-Denis, et Patrick Braouzec de Saint-Denis.

Pierre Barbancey


 Source : L'Humanité
 http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-03-11/2006-03-11-826041


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