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TLAXCALA
Le Filtre sur le Toit (d’après Léonard Bernstein)
Gilad
Atzmon
Lundi
7 août 2006
http://peacepalestine.blogspot.com/2006/08/gilad-atzmon-operation-security-roof.html
(photo : des ouvriers immigrés installant la dernière phase
du dernier projet sécuritaire israélien en date)
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[En
fin de compte, le fait que Gilad Atzmon voit son ordinateur mis
sur écoute par les divers services de renseignement du monde
entier n’est peut-être pas une si mauvaise chose. Comme nous le
savons, ils sont parfois très au-dessous de la réputation que
leur intitulé anglais « services d’intelligence »
semble pourtant impliquer
et il y a, de temps à autre, des documents et des projets Top
Secret qui finissent par « fuir ». Le texte que vous
allez lire est le dernier en date, dans toute une série de
documents ultra-secrets que |
Gilad a pu obtenir en Israël, et
qu’il tient à partager avec le grand public. Il semble s’agir
d’un communiqué de presse, ou d’une dépêche d’agence –
ce qui revient plus ou moins au même, en fin de compte. Non
seulement ce document démontre la créativité d’Israël ;
il nous donne un aperçu du dynamisme d’une réunion typique de
brainstorming tenue enter les ministres du cabinet israélien.
Etre informé, c’est être armé, comme on dit, aussi :
chers frères et sœurs, armez-vous, et prenez connaissance de la
dernière idée géniale qu’a eue Israël afin d’assurer la Sécurité
de l’Etat juif…]
Opération
Toit de Sécurité
Reportage
par
Gilad Atzmon
A la suite des difficultés rencontrées par l’armée israélienne
à vaincre les armes balistiques du Hizbullah et du Hamas, le
Gouvernement israélien est à la recherche de sous-traitants
jouissant d’une expérience avancée en matière de
constructions en béton armé de grandes dimensions. La mission
envisagée consiste en l’édification d’un robuste toit de béton
au-dessus de la totalité de l’Etat juif (connu sous le
sobriquet de « Grand Israël »). Le Premier ministre
Olmert est catégorique : le seul moyen de défendre les
zones peuplées d’Israël consiste à couvrir l’Etat juif
d’une épaisse couche de ciment et de fer à béton.
La
décision de construire un toit en béton, approuvée et adoptée
par le Gouvernement, fait suite à un débat considérable au sein
du cabinet. Le ministre de la Défense, Amir Péretz, insistait
sur le fait qu’une extension massive de l’actuel Mur de Sécurité
ferait bien l’affaire. Péretz maintenait qu’une surélévation
substantielle du mur, le portant à une hauteur de 27 kilomètres,
suffirait largement à empêcher les missiles ennemis de pénétrer
sur le territoire israélien. Péretz faisait valoir, avec raison,
que les jeunes Israéliens bénéficieraient néanmoins du
spectacle du ciel bleu, lorsqu’ils lèveraient les yeux à la
verticale.
Le
Premier ministre Olmert et le chef d’état-major, le Major Général
Dan Halutz, étaient tout à fait opposés à cette idée.
Pleinement conscients de la nature de la guerre des missiles, tant
Halutz qu’Olmert convenaient que le seul moyen d’assurer à
l’Etat juif une sécurité maximale consiste à le recouvrir
d’un bouclier en béton armé.
Shimon
Peres, le légendaire apôtre de la paix, proposa quant à lui un
compromis, inspiré de l’idée de la trampoline. Peres suggéra
qu’une surélévation du Mur de Sécurité d’une hauteur de 27
kilomètres, constituée d’un filet élastique, serait la
solution idéale. Le vieil homme d’Etat invoqua l’argument
qu’un filet élastique garantirait que tout missile arabe tiré
contre Israël rebondirait en direction du territoire arabe dès
qu’il l’aurait touché. Olmert et Halutz ont écarté la
proposition de Peres, expliquant qu’en raison du recours
excessif par Israël à l’artillerie et aux missiles contre ses
ennemis arabes, l’Etat juif souffrirait bien plus que ses
ennemis de l’érection d’un tel « filet-tremplin ».
« Israël », a déclaré Halutz, « ne survivrait
en aucun cas à ses féroces barrages d’artillerie lui
rebondissant sur la tronche. »
Au
cours d’une conférence de presse faisant suite au débat acharné
du conseil des ministres, le porte-parole du Gouvernement, M. Sion
Sionard, a souligné qu’ « en raison du succès total
du Mur de Sécurité dans l’arrêt de la terreur kamikaze
palestinienne, le « Toit de Sécurité » est, de toute
évidence, la construction qui s’impose aujourd’hui. »
M. Sionard a affirmé également que ce nouveau projet israélien
aurait la vertu de transformer l’Etat juif en « Bunker
juif hermétique ». De fait, a souligné M. Sionard,
« l’Opération Toit de Sécurité » parachèvera
l’aventure sioniste. Nous passons aujourd’hui de la phase
« Mur de Fer » à notre avenir : la phase
« Toit de Béton ». Avec un toit en béton armé
au-dessus de lui, un Mur de Sécurité à l’Est et la Mer Méditerranée
à l’Ouest, l’Etat juif sera enfin le havre de paix le plus sûr
qui soit pour les juifs du monde entier. Le rêve de Herzl devient
réalité. Longue vie à Israël ! »
Toutefois,
quelques difficultés d’ordre technique demeurent. Le problème
sans doute le plus épineux concerne la respiration. A l’instar
du reste de l’humanité, le peuple israélien consomme de
l’oxygène et rejette du dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Il semble que le conseil des ministres ait son attention attirée
sur cette question absolument cruciale par le ministre de la Santé.
Olmert, homme d’action s’il en est, a immédiatement trouvé
la réponse : avant même la fin du conseil des ministres, il
a autorisé le ministère de la Défense à explorer les différentes
solutions à apporter à ce problème préoccupant.
Nous
savons d’ores et déjà, de la part du porte-parole du ministère
de la Défense, le Lieutenant Galileo Galilei, que « Filtre
sur le Toit », le géant israélo-américain des hautes
technologies en matière de chimie (coté à Wall Street, et dirigé
depuis la colonie illégale de Gush Katif) a été soumissionné
pour résoudre ce problème.
Nous
avons appris, toujours du Lieutenant Galilei, que Filtre sur le
Toit a déjà proposé un certain nombre de solutions. Bien que
certaines de ces solutions soient plutôt radicales, il est
crucial de mentionner qu’elles sont toutes extrêmement
innovatrices, conformément à l’attente, venant d’une joint
venture israélo-américaine dans la high-tech.
La
solution sans doute la plus conventionnelle et pratique à avoir
été proposée par le géant de la chimie consiste à forer pas
moins de six millions de trous de ventilation dans la toiture.
Peres, Péretz et Sh-Meretz ont rejeté cette possibilité, sans même
avoir eu besoin d’y réfléchir à deux fois. « Etant donné
notre mémoire collective traumatique de l’holocauste »,
dirent-ils, « la perspective de transformer l’Etat juif en
une immense pièce avec des trous au plafond est tout simplement
impensable. »
La
suggestion probablement le plus radicale a avoir été formulée
par la firme israélo-américaine consiste à entraîner la
population juive d’Israël à respirer à la manière des
poissons. Une fois le peuple israélien bien entraîné, il ne
resterait plus qu’à remplir le bunker juif avec de l’eau de
mer. Autrement dit : Filtre sur le Toit suggérait de
transformer l’Etat juif en un « aquarium tropical juif géant ».
Bien que cette option semble particulièrement radicale, voire même
inconcevable, la plupart des ministres y ont réagi avec
enthousiasme. Ils ont tous convenu que cette solution
s’harmoniserait à merveille avec le concept de vie juive
moderne, de manière générale, et avec le sionisme, en
particulier. Les Israéliens aiment la mer. Les Israéliens
n’ont pas peur de l’eau. Une fois la société israélienne
entièrement sous l’eau, il ne viendrait plus à l’idée de
quiconque de la jeter à la mer.
Nous
suivrons bien entendu pour vous les développement de cette
histoire, et nous vous en tiendrons informés.
[Certaines personnes étant incapables de comprendre
une plaisanterie, et étant donné qu’enlever tout obstacle qui
pourrait se dresser sur la route est un devoir ; s’il vous
plaît, relax ! Ce texte est une satire !]
Traduit de l'anglais
par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de
traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es).
Cette traduction est en Copyleft.
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