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L’administration israélienne « panique » avant la rencontre avec Bush. 
Les dirigeants juifs états-uniens à Jérusalem 
pour des « consultations urgentes »

Aaron Klein



on WorldNetDaily.com, 15 mai 2006

par Aaron Klein (du bureau de Jérusalem)

© 2006 WorldNetDaily.com

http://worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=50204

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

 

Intro de Jeffrey Blankfort

Il y a une quinzaine d’années de cela, le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir envoyait une requête au Président américain de l’époque, George H.W. Bush, de dix milliards de dollars de garanties de prêts, au motif de financer l’installation de juifs russes en Israël et en Cisjordanie. Bush père s’opposa à ce que l’on accorde à Israël ces garanties de prêts, parce que son administration était opposée à la construction de colonies par Israël, et surtout parce qu’à ce moment en particulier, il craignait qu’une fois les prêts en main, Shamir se retirerait de la conférence de paix de Madrid concoctée par son administration, en vue de régler tous les problèmes pendants résultants des politiques d’occupation israéliennes. Bush dit alors à Shamir qu’il y aurait des conditions à l’octroi des garanties, à commencer par l’accord d’Israël à arrêter toute construction de colonies, à n’installer aucun juif russe en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza et à attendre cent vingt jours, délai nécessaire pour vérifier de quelle manière Israël respecterait ces engagements. Shamir refusa et il donna au lobby l’ordre de faire en sorte que le Congrès obtienne ce qu’il voulait.

Confronté au fait que le Congrès occupé par Israël était prêt à re-toquer son veto chancelant, Bush père s’adressa à l’opinion publique, au cours d’une conférence de presse sans aucun précédent, durant laquelle il s’en prit au lobby pro-israélien et aux exigences d’ « un millier de lobbyistes juifs » réunis le jour même sur la colline du Capitole. Cela eut pour le lobby pro-israélien l’effet inédit d’un pieu planté en plein cœur. Les sondages montrèrent très rapidement que l’opinion publique américaine était d’accord avec Bush (à 85 %) et, plusieurs semaines plus tard, que la majorité de l’opinion américaine était opposée à l’octroi d’une quelconque aide à Israël. C’était là un résultat stupéfiant, qui fut totalement ignoré par le mouvement (dit de) « solidarité » avec la Palestine, lequel, à l’époque, et constamment depuis lors, refuse obstinément de prendre en considération le seul problème relatif à la Palestine qui parle vraiment aux citoyens américains : leur porte-monnaie (et aussi le fait d’être pris pour des demeurés).

Dans ces circonstances, le lobby et ses amis du Congrès firent retraite, tout en inspirant une campagne contre Bush, notamment sa politique économique, déclenchée tant par des Démocrates que des Républicains, dont des amis de Bush, certes de longue date, mais qui faisaient passer Israël avant tout, comme William Safire du New York Times, qui finit par faire campagne en faveur du cheval sioniste dans la course électorale : Bill Clinton. Avant les élections de 1992, Bush finit par céder, après que Shamir eut été battu aux législatives israéliennes et que les sondages se furent retournés contre lui. Mais il était trop tard. [Il débloqua les fonds]. L’argent, semble-t-il, n’a jamais été utilisé pour réinstaller les juifs russes, mais pour d’autres besoins de l’économie israélienne.

L’article que je vous soumets maintenant semble impliquer que l’Histoire risque de bégayer. Bush Junior semble, lui aussi, prêt à refuser la demande pressante d’Olmert, portant sur plus de dix milliards de dollars en garanties de prêts, en sus des 9 milliards accordés à Israël durant le mandat Clinton. Cela a peut-être quelque chose à voir avec ses déclarations au sujet de la nécessité de défendre Israël contre l’Iran. Durant la conférence de presse de son père, Bush Senior avait dit au peuple américain combien, en dollars, chaque homme, chaque femme et chaque enfant israéliens recevaient des Etats-Unis, au moment même où des soldats américains se trouvaient au Moyen-Orient afin de défendre Israël contre les menées [supposées] de Saddam Hussein.

Israël et le lobby sionisto-juif attendaient le moment propice pour retendre leur sébile de mendiants.

La mouvance « pro-palestinienne » va-t-elle, encore une fois, observer le déroulement de ce scénario obscène sans rien dire ?

L’article

Tel Aviv – L’administration du Premier ministre Ehud Olmert s’affaire afin de monter un calendrier en vue des conversations des dirigeants israéliens à Washington, prévues pour la semaine prochaine, et comportant une série de requêtes spécifiques liées principalement à une aide financière d’ores et déjà rejetée par la Maison Blanche, nous ont indiqué des sources du cabinet Olmert.

Olmert ambitionne de s’assurer un important package de garanties et de prêts afin de financer son plan (déjà arrêté) de retrait de la plus grande partie de la Judée-Samarie, régions bibliques connues de nos jours sous le nom de Cisjordanie, alors que les responsables américains voient d’un très mauvais œil la possibilité qu’Olmert soulève ces questions de levée de fonds au cours de sa prochaine visite aux Etats-Unis, ont indiqué des sources officielles.

Ces sources ont ajouté que la Maison Blanche n’est pas convaincue qu’Olmert préside aux destinées d’une coalition gouvernementale suffisamment stable pour mener à bien ce projet de retrait.

Des dirigeants juifs américains proches de l’administration américaine, se sont précipités à Jérusalem ces derniers jours à des fins de consultation avec Olmert, pour l’aider à formuler une stratégie en vue de sa visite à la Maison Blanche, avons-nous appris. Omert doit rencontrer Bush mardi prochain, après une visite au Pentagone, et il doit s’adresser au Congrès mercredi prochain.

Le chef de cabinet d’Omert, Dov Weisglass, et son premier conseiller Yoram Turbowitz, se sont rendus nuitamment à Washington afin d’y rencontrer de hauts responsables américains, dont la Secrétaire d’Etat Condy Rice et le Conseiller ès sécurité nationale Steven Hadley, afin d’aider à mettre au point le programme de la visite d’Olmert, la semaine prochaine.

D’après divers communiqués, la visite d’Olmert sera concentrée sur le soutien des Etats-Unis à Israël, dans un contexte de menaces provenant d’Iran et de tentatives en cours d’isoler l’Autorité palestinienne sous gouvernement Hamas.

Olmert est censé souligner son plan dit « de convergence », qui vise à « modifier les frontières d’Israël » au moyen d’un retrait israélien de la plus grande partie de la Judée-Samarie, la frontière se rapprochant de Jérusalem, de Tel Aviv et de l’aéroport international [Lod – Ben Gourion, ndt]. Les officiels d’Olmert ont annoncé la semaine dernière qu’ils étaient également en train de mettre au point un plan d’évacuation de certaines parties de Jérusalem.

Mais des conseillers d’Olmert nous ont confié que le Premier ministre israélien veut également proposer une demande de fonds d’aide financière très important à la communauté internationale sous la houlette américaine afin de financer son plan de retrait, évalué actuellement à plus de dix milliards de dollars. Le financement de ce projet est jugé crucial pour sa faisabilité et sa réalisation. Les Etats-Unis s’étaient engagés à contribuer à financer le retrait israélien de la bande de Gaza, qui a été mené à bien l’été dernier avec un coût de deux milliards de dollars, mais en réalité, Israël n’a reçu de leur part qu’une aide très modique. Les analystes, ici, affirment que le plan de retrait de la Judée-Samarie pourrait très aisément être bloqué à la Knesset, au cas où Olmert ne parviendrait pas à obtenir un financement international permettant d’en couvrir les frais.

Il ressort d’une succession de télégrammes envoyés à Washington par les services d’Olmert, et également via l’ambassade américaine à Tel Aviv, que les requêtes d’examen d’une allocation d’aides en vue du retrait israélien de la Judée-Samarie ont été rejetées, ont indiqué certaines sources diplomatiques.

Bush serait sous pression, on lui demanderait de « vendre » des allocations d’aides additionnelles au Congrès, en pleine année électorale, au moment même où le législateur est en train de débattre des étiquettes indiquant le prix des guerres américaines en Irak et en Afghanistan… Il faut tenir compte également d’importants fonds d’aide interne d’urgence nécessités par les conséquences de la catastrophe du terrible cyclone Katrina, qui a dévasté l’été denier la côte du Golfe (du Mexique), ont indiqué ces mêmes sources.

Israël est d’ores et déjà le premier récipiendaire d’aides extérieure des Etats-Unis : il reçoit annuellement plus de 3 milliards de dollars d’aide, destinée principalement à des fins militaires. De plus, l’Amérique fournit quelques sept milliards de dollars de garanties de prêts, dont il faut reconnaître qu’Israël les rembourse en temps et en heure.

Des sources diplomatiques indiquent que les responsables américains ont suggéré que toute conversation avec Bush au sujet du retrait de la Judée-Samarie se concentre sur la nature générale du soutien des Etats-Unis à ce plan, qui ambitionne la reconnaissance de nouvelles frontières [par les pays voisins] résultant du retrait israélien.

Bush va également sans doute presser Olmert de reprendre des pourparlers avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, tout en sachant que ces pourparlers seront sans doute vains, disent les sources diplomatiques, ajoutant que les Etats-Unis jugent important de montrer à leurs alliés européens qu’ils en font un minimum, en houspillant Israël afin qu’il reprenne les discussions avec les Palestiniens. De plus, ces efforts auront la vertu de renforcer Abbas dans l’arène internationale, face au gouvernement Hamas, indiquent ces diplomates…

Des sources politiques proches du cabinet Olmert nous ont dit que le Premier ministre israélien est très désireux de convaincre l’administration Bush qu’il dispose du poids politique nécessaire pour mener à bien son projet de retrait de Judée-Samarie.

 « L’administration Bush n’est pas persuadée qu’Olmert dispose de la coalition parlementaire nécessaire pour affronter l’ouragan de feu d’activité politique qui ne manquera pas d’entourer la mise en application du retrait (envisagé) », indique une source politique, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ajoutant : « Apparemment, (à la Maison Blanche), ils ne considèrent pas qu’Olmert soit un Premier ministre aussi solide qu’Ariel Sharon l’était, à leurs yeux. »

Actuellement, Olmert préside à une coalition gouvernementale maigrelette, de 67 sièges sur un total de 120. Traditionnellement, des gouvernements israéliens de coalition disposant de moins de 70 sièges ont tendance à être instables et à ne pas durer très longtemps.

Le gouvernement Olmert doit compter très fortement sur 12 sièges du parti ultra-orthodoxe Shas, qui s’oppose traditionnellement à toute concession territoriale, et dont certains analystes prédisent qu’il risquerait de faire chuter le gouvernement quand la mise en application du projet deviendra chose concrète. Omert pourrait alors être contraint d’introduire des partis arabes dans son gouvernement, ou de former une coalition avec la droite de la Knesset, susceptible d’entrer au gouvernement qu’à la condition que le retrait de Judée-Samarie soit, au choix : annulé, ajourné, ou soumis au referendum de la Knesset.

La frénésie d’activité diplomatique à laquelle on assiste à la veille de la visite d’Olmert à Washington a amené des dirigeants juifs américains entretenant des relations étroites avec la Maison Blanche à s’envoler pour Jérusalem, ces derniers jours, en vue de « consultations d’urgence » avec Olmert.

Ces dirigeants ont reçu, récemment, en toute discrétion, l’avis de sénateurs et de membres du Congrès pro-israéliens, d’exhorter Olmert à consacrer sa visite à des questions générales, et à ne pas aborder la question des aides financières. Les dirigeants juifs sont en train d’aider Olmert à arrêter une stratégie lui permettant de convaincre la Maison Blanche qu’il dispose d’une crédibilité certaine aux yeux de l’opinion publique israélienne et qu’il a le soutien politique nécessaire lui permettant d’avancer dans son plan de retrait, nous ont indiqué des sources proches d’organisations juives.

Mortimer Zuckerman, ancien président de la Conférence des Présidents des Grandes Organisations Juives, ainsi que le vice-président de cette fédération, Malcolm Hoenlein, sont actuellement en Israël, afin d’y rencontrer les principaux dirigeants de l’exécutif, dont Olmert.

Hoenlein nous a déclaré, hier : « Je sais qu’il y a beaucoup de spéculations portant sur la question de savoir ce qu’Olmert va demander, et ce qu’il ne va pas demander. Je pense que les discussions se concentreront sur la compréhension de ce que le Premier ministre israélien a à l’esprit au sujet de son plan de retrait, de la direction que ce projet va prendre et aussi de la manière dont ces initiatives garantiront une compréhension mutuelle et la coopération [avec les Etats-Unis] ».

Hoenlein a indiqué que « la guerre commune contre le terrorisme, menée tant par Israël que les Etats-Unis » réunit les deux pays, et que la visite d’Olmert s’attachera à renforcer la « coopération sur les nombreux problèmes vitaux qui nécessitent une coordination. »


 Source : Silvia Cattori


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