Communiqué
Et la vie des Palestiniens, elle compte
? #PalestinianLivesMatter
AFPS
Mercredi 3 juin 2020
Il s’appelait Eyad
al-Halaq, il avait 32 ans. Eyad était
autiste. Samedi 29 mai, il se rendait à
l’école spécialisée qu’il fréquentait.
Palestinien de Jérusalem, il vivait sous
occupation depuis sa naissance.
La brutalité de l’armée d’occupation
était son quotidien depuis sa plus
tendre enfance. La sauvagerie de cette
armée raciste aura fauché sa vie.
Interpellé par les soldats, il s’est
enfui, effrayé : ils l’ont
« neutralisé » comme ils savent le faire
en lui tirant dessus pour tuer. Ils
avaient soi-disant pris son téléphone
portable pour une arme et donc identifié
Eyad comme terroriste. Palestinien égal
terroriste, c’est un des items
israéliens.
L’éducatrice d’Eyad, présente à ses
côtés, avait pourtant informé les
soldats de cette armée qui se proclame
la plus morale du monde qu’il était
autiste. « Soudain, ils ont tiré
trois balles sur lui, sous mes yeux »,
a-t-elle déclaré à Channel 13.
« J’ai crié : "Ne tirez pas." Ils n’ont
pas écouté, ils ne voulaient pas
entendre. » Mais que vaut la
vie des Palestiniens ? ?
On peut se le
demander. Au fil des ans, des
Palestiniens ont été abattus dans des
accidents de la route par des soldats
qui prétendaient se défendre contre une
attaque terroriste. D’autres ont été
abattus pour avoir simplement marché
près d’un point de contrôle, tandis que
d’autres, comme al-Halaq, sont tués
simplement parce qu’ils « avaient l’air
suspect ». Ce sont 21 d’entre eux qui
ont été assassinés par l’armée
israélienne depuis le début de cette
année.
Voilà plus d’un an
que la répression israélienne a pris une
nouvelle dimension à Jérusalem avec des
raids quotidiens dans les quartiers
palestiniens donnant lieu à des saccages
d’habitations et à des dizaines
d’arrestations de jeunes hommes et
d’enfants. La période du coronavirus
aura été l’occasion pour cette armée
privée de tout sens moral de détruire
des centres de santé, d’arrêter les
volontaires qui désinfectaient les rues…
Le hasard aura
réuni George Floyd et Eyad al-Halaq,
assassinés par des policiers ou des
soldats pour qui la vie de l’autre ne
compte pas. Miko Peled, le fils du
général israélien Peled note sur les
réseaux sociaux qu’il s’agit bien du
même racisme, de la même brutalité. Des
manifestations se sont tenues tant en
Israël qu’en Palestine occupée pour
demander justice pour George et justice
pour Eyad.
Le journaliste et
écrivain israélien Gideon Levy lui aussi
fait le parallèle entre les deux
victimes. Il s’insurge : « La Police
des frontières israélienne n’est pas
moins brutale et raciste que la police
des États-Unis. […] Mais, ici, la
mort d’un homme nous aide à dormir ;
là-bas, elle déclenche des
protestations. Le maire de Minneapolis,
Jacob Frey, dont il s’avère qu’il est
juif, a été très prompt à s’excuser face
à la communauté noire de sa ville. "Être
noir en Amérique ne devrait pas
signifier une sentence de mort", a-t-il
dit. Et être palestinien non plus ne
devrait pas signifier une sentence de
mort, mais aucun maire juif israélien
n’a jamais rien dit de tel. »
L’assassinat d’Eyad
al-Halaq n’est qu’une illustration de
plus de la violence de l’occupation et
du régime d’apartheid auquel Israël
soumet les Palestiniens depuis plus de
70 ans. Elle est l’illustration du
caractère raciste d’un État fondé sur la
négation de l’Autre. Si l’on veut que la
vie des Palestiniens ait autant de
valeur que la vie de tout autre être
humain sur cette terre, il est temps
de mettre fin à l’impunité d’Israël, de
dénoncer et combattre les lois racistes
et discriminatoires qui font des
Palestiniens des citoyens privés de des
droits élémentaires et de leurs droits
nationaux.
Le bureau
national de l’AFPS, 2 juin 2020
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