22 janvier 2008
Communiqué de presse
Paris, le 22 janvier 2008
Hier soir, Israël a desserré le blocus total imposé à Gaza
depuis 5 jours pour permettre l'entrée de quantités limitées de
carburants. Un allègement qui ne suffira pas à sortir la bande de
Gaza de son isolement, conséquence d’un blocus de plus de 6 mois.
Le 17 janvier, le gouvernement israélien instaurait un blocus
total de la bande de Gaza plongeant ainsi la moitié de la
population dans le noir du fait de l’arrêt de la principale
centrale électrique alimentant la ville de Gaza. Selon Bruno Vinay,
coordinateur de MdM sur le terrain « l’effet de ce blocus a été
immédiat : dans les trois jours, 32 des 56 centres de soins de santé
primaire de la bande de Gaza ont réduit leurs activités voire fermé
(absence du personnel faute de transport et fermetures des
laboratoires par manque de générateur ou de réserve de fuel) ».
L’état d’urgence était également instauré au sein de l’hôpital
Shiffa et de l’hôpital Européen, deux hôpitaux publics dans
lesquels Médecins du Monde intervient depuis 2002 et 2006. Faute de
générateurs suffisamment puissants, ces hôpitaux publics ont dès
le 19 janvier cessé d’alimenter en électricité l’ensemble de
leurs services, à l’exception de l’unité de soins intensifs et
de la maternité. Enfin, par manque d’électricité pour alimenter
les pompes, la plupart des habitants de Gaza étaient privés
d’eaux.
Devant les critiques internationales, Israël a autorisé
aujourd’hui la livraison de 360.000 litres de mazout destinés à
la centrale du territoire palestinien. Des camions-citernes ont également
acheminé 80 tonnes de gaz domestique et 60.000 litres de diesel. «
Cet approvisionnement ne nous permettra de tenir que 2 jours et la
question se posera à nouveau dès jeudi» estime Bruno Vinay. « Le
blocus total de Gaza imposé depuis cinq jours, à la suite d'une
multiplication des tirs de roquettes contre le sud d'Israël, n’a
fait qu’empirer une situation qui existe depuis 6 mois » précise
t-il.
Ruptures de soins
Les restrictions de mouvements imposées aux Gazaouïs par les
autorités israéliennes perturbent la prise en charge des patients
hors de la bande de Gaza. Les hôpitaux de Gaza n’étant pas équipés
pour traiter les maladies lourdes nécessitant par exemple une
chimiothérapie ou de la chirurgie spécialisée (pédiatrique ou
neurologique), les patients affectés par ces pathologies étaient
auparavant référés vers des hôpitaux de Jérusalem Est ou de Haïfa.
Bien que la fermeture des points de passage exclut officiellement
ces cas qualifiés de « médicaux », les faits montrent que depuis
Juin 2007, 713 patients affectés d’une maladie grave se sont
vus refuser le droit de sortir de Gaza (sur 4000 demandes) [1]
et cela sans motif particulier. A ce jour, 62 de ces patients
sont décédés des suites de leur non traitement.
- En janvier 2008, parmi la liste des 416 médicaments dits
« essentiels », 105 sont totalement inaccessibles à Gaza.
En décembre 2007, ce nombre s’élevait à 85. Les ruptures de
stock concernent majoritairement des antibiotiques, les produits
anesthésiques, des psychotropes, ainsi que les médicaments de
traitements des maladies chroniques (diabète, maladie
cardio-vasculaire …)
- Dans les hôpitaux publics, les tests en laboratoires,
principalement les tests de diabète, ont quasiment été arrêtés
du fait de l’inaccessibilité des produits de base tels que
les agents réactifs. Par ailleurs, depuis novembre 2007, l’hôpital
Shiffa n’est plus en mesure d’effectuer la moindre radiothérapie.
L’hôpital Aqsa avait également du interrompre ses opérations
chirurgicales faute de trouver à Gaza les pièces nécessaires
à la réparation de leur machine anesthésique (ce problème a
été résolu fin novembre). Enfin, la réduction de
l’approvisionnement en fuel contraint l’hôpital Shiffa, le
principal hôpital de référence de la bande de Gaza, à
suspendre régulièrement le fonctionnement de sa laverie, générant
d’importants risques d’infections dus au manque d’hygiène.
- Les centres de santé primaire, sont les plus affectés
par cette situation. Les difficultés d’approvisionnement les
ont conduits à interrompre des services aussi élémentaires
que le planning familial, les vaccinations ou le traitement des
maladies chroniques.
Médecins du Monde alerte depuis plusieurs mois sur l'état de
"dépression collective" des habitants de Gaza et
l'absence de perspectives quant à son avenir du fait de l'embargo
en vigueur depuis 2006.
Médecins du Monde demande la levée totale du blocus et appelle
les gouvernements européens à faire pression sur le gouvernement
israélien afin de permettre le rétablissement d’un réel accès
aux soins de la population de la bande de Gaza.
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