Amnesty International
Le Conseil de sécurité et la Ligue arabe doivent prendre
des mesures vigoureuses face aux crimes commis en Libye
Mardi 22 février 2011
Amnesty International engage mardi 22 février le Conseil de
sécurité des Nations unies et la Ligue arabe à envoyer sans
délai une mission en Libye afin d’enquêter sur les événements
qui ont fait des centaines de morts parmi les manifestants.
Cet appel en faveur d’une enquête, qui pourrait déboucher sur
des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI),
intervient alors que le Conseil de sécurité et la Ligue arabe se
réunissent en session extraordinaire mardi 22 février pour
débattre de la flambée de violence en Libye.
En outre, Amnesty International a invité le Conseil de sécurité
à instaurer un embargo total sur les armes à destination de la
Libye. En effet, selon certaines informations, les forces de
sécurité continuent de déployer des armements, des munitions et
des équipements militaires et policiers, s’apprêtant à faire
usage de la force meurtrière contre les manifestants.
« Le colonel Mouammar Kadhafi et son gouvernement semblent prêts
à éliminer autant de Libyens qu’il le faut pour rester au
pouvoir. La communauté internationale doit agir maintenant pour
mettre un terme à cette situation », a affirmé Salil Shetty,
secrétaire général d'Amnesty International.
L’organisation préconise que les Nations unies et la Ligue arabe
envoient immédiatement des représentants en Libye, conjointement
ou séparément, afin d’enquêter sur la situation sur le terrain
et d’en rendre rapidement compte au Conseil de sécurité des
Nations unies.
Dans leurs recommandations, ils doivent établir si l’ampleur des
crimes commis en Libye justifie que le Conseil de sécurité
saisisse le procureur de la CPI.
La haut-commissaire aux droits de l'homme Navi Pillay a indiqué
lundi 21 février que les agissements des autorités libyennes
contre les manifestants pourraient constituer des crimes contre
l'humanité.
Saif al Islam Kadhafi, fils du colonel Mouammar Kadhafi, a
déclaré lors d’un discours télévisé le 20 février que l’armée
allait « jouer un grand rôle quel que soit le prix à payer »
afin d’étouffer les contestations antigouvernementales et que
les autorités libyennes « combattr[aient] jusqu’au dernier
homme, à la dernière femme, à la dernière balle ».
« Il est scandaleux que le fils de Mouammar Kadhafi annonce
ainsi publiquement que les autorités sont disposées à massacrer
les Libyens en vue de maintenir son père à la tête du pays.
« La communauté internationale doit immédiatement faire savoir à
tous les membres du gouvernement, de l’armée et des services de
sécurité libyens qu’ils seront, ainsi que ceux qui appliquent
leurs ordres, tenus de rendre des comptes pour des crimes
relevant du droit international, tels que ceux actuellement
signalés », a estimé Salil Shetty.
Selon des informations reçues par Amnesty International, émanant
d’hôpitaux situés dans l’est de la Libye, quelque 200 personnes
avaient été tuées par les forces de sécurité au 20 février. Le
personnel hospitalier a expliqué qu’il avait bien du mal à faire
face au grand nombre de victimes.
Le nombre réel de morts pourrait être beaucoup plus élevé, ces
chiffres ne concernant que les principaux hôpitaux. En outre, il
est probable que des familles aient enterré leurs morts sans
amener leurs dépouilles à l’hôpital.
« Le Conseil de sécurité doit suspendre immédiatement les
exportations et les transferts d’armes et d’équipements
militaires à destination de la Libye. Les Libyens sont tués par
centaines de manière délibérée, a poursuivi Salil Shetty.
« D’autres États ne doivent pas se rendre complices de nouveaux
homicides. Il convient de bloquer immédiatement tous les
équipements militaires et policiers et la coopération dans ce
domaine avec la Libye, tant que le risque plane qu’ils ne
servent à commettre de graves atteintes aux droits humains. »
Outre les Nations unies et la Ligue arabe, l’Union africaine a
été priée d’intervenir.
« Tous les organismes internationaux auxquels la Libye est
partie doivent reconnaître la gravité de cette crise. L’Union
africaine doit de toute urgence se pencher sur les violations
flagrantes des droits humains commises en Libye dans le cadre
d’une session extraordinaire de son Conseil de paix et de
sécurité », a conclu Salil Shetty.
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