BDS
Le boycott pour faire tomber les murs
UPJB
Vendredi 4 mars 2016
Une mise au point de l’Union des
Progressistes Juifs de Belgique (UPJB) à
propos de la campagne BDS
Le Soir a publié dans son
édition du 01/03/2016 un petit dossier
autour de la question “boycotter Israël
est-il antisémite ?”, à partir d’une
carte blanche de l’Union des Etudiants
Juifs de Belgique (UEJB) accusant les
groupes se réclamant de la campagne
Boycott, Désinvestisement et Sanctions
(BDS) d’être animés par la haine des
Juifs. Il nous paraît nécessaire
d’exprimer notre point de vue à ce sujet
en tant qu’association juive apportant
un soutien raisonné au BDS.
Cette campagne internationale a été
lancée en 2005 à l’appel d’une très
large coalition d’ONG palestiniennes
suite à un constat : la fameuse
“barrière de séparation” construite par
Israël au coeur de la Palestine occupée
avait été décrétée illégale par la Cour
Internationale de Justice (La Haye) un
an plus tôt et ce jugement avait ensuite
été appuyé par une résolution de
l’Assemblée générale de l’O.N.U. votée
massivement le 20 juillet 2004 ; mais
aucune mesure contraignante n’avait
obligé Israël à respecter le droit
international et le Mur n’a fait que
s’étendre. L’impunité a permis à la
puissance occupante de continuer de
perpétrer ce délit. Mais, au-delà de
cette question particulière, c’est
l’ensemble de la politique israélienne
vis-à-vis du peuple palestinien, à
commencer par l’occupation en tant que
telle qui perdure depuis près de
cinquante ans qui est entâchée
d’illégalité au regard du droit
international et se perpétue. Car rien
ni personne ne contraint Israël à s’y
conformer. Face à cette démission de la
“communauté internationale”
(c’est-à-dire des Etats qui la
composent), il était légitime que la
société civile palestinienne en appelle
à la mobilisation en faveur du Boycott,
du Désinvestissement et de Sanctions à
l’encontre d’Israël tant que cet État ne
respecte pas le droit international.
Ce sont ces raisons qui ont poussé
l’Union des Progressistes Juifs de
Belgique à adhérer aux principes de la
campagne BDS, consciente qu’une
mobilisation citoyenne comparable avait
contribué à faire tomber l’apartheid
sud-africain. Notre adhésion a été
l’objet de beaucoup de débats internes.
En Israël les organisations et individus
de gauche qui ont pris la même position
ont été confrontés non seulement à
d’intenses pressions politiques et
judiciaires - la campagne BDS est
carrément illégale dans ce pays, comme
d’ailleurs en France – mais aussi à un
questionnement profond : quelles sont
les implications d’un boycott contre
nous-mêmes ? En tant qu’association
diasporiste, cette question ne nous
atteint pas de la même façon mais nous
sommes sensibles à l’accusation
d’antisémitisme utilisée
systématiquement par les partisans de la
politique israélienne pour disqualifier
la campagne BDS. Cette accusation est
dans la plupart des cas le produit de la
mauvaise foi : les activités du comité
BDS de l’ULB par exemple, en ce compris
la semaine contre l’apartheid israélien
ne contiennent aucun contenu antisémite
et c’est d’ailleurs la raison pour
laquelle les autorités académiques de
l’ULB n’ont pas cédé aux pressions
visant à les censurer.
De son côté, et plus que jamais, le
gouvernement israélien a pour habitude
de détourner les critiques à son égard
en les qualifiant systématiquement
d’antisémites, s’appuyant par là sur la
culpabilité occidentale à l’égard du
génocide des Juifs. Ce contenu raciste
est en réalité tout à fait contraire à
l’esprit de la campagne BDS, qui ne vise
pas le caractère juif d’Israël mais sa
politique contraire aux droit
international. Plus encore : selon nous,
isoler Israël politiquement et
économiquement tant qu’il ne se conforme
pas au droit international est un moyen
de le sauver du courant proprement
suicidaire qui est celui de son
gouvernement actuel, le plus à droite de
son histoire. Le boycott pour faire
tomber les murs !
UPJB, 4 mars 2016
Le
dossier BDS
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