Ce que les
journalistes traditionnels ne vous
disent pas
Homs : Un témoin raconte comment le Père
Frans van des LUGT a été assassiné
(Vidéo)
Silvia Cattori
Mardi 29 avril 2014
Le 7 avril 2014, le
Père hollandais Frans van der LUGT était
froidement abattu à Homs. Encore sous le
choc, l’homme qui a ouvert la porte du
couvent à l’assassin raconte.
Voici la traduction de son récit :
J’ai reçu la visite d’un homme qui
demandait à parler au père Frans van
der LUGT.
-
Que désirez-vous ? lui ai-je
demandé.
-
Je souhaiterais lui poser une
question.
Le père Frans est sorti de sa
chambre. Ils ont échangé des
salutations.
L’homme lui a demandé de le suivre.
-
Vous serez bien chez nous, lui
a-t-il dit.
-
Je ne quitterai pas le couvent, lui
a répondu le père Frans
-
Alors asseyez-vous sur cette chaise,
lui a intimé l’homme.
Je me suis interposé.
-
Asseyez-vous au loin sinon je vous
flingue, m’a crié l’homme.
Je me suis assis.
Le père Frans s’est également assis
et l’homme lui a aussitôt tiré une
balle en pleine tète.
Dans cette vidéo on entend également
une femme dire que « les habitants
et les visiteurs du couvent ont
peur », qu’elle a elle aussi très
peur, en ajoutant « mais je ne
partirai pas d’ici, c’est le message
de père Frans ».
*****
Le Père Frans en 2012 a-t-il payé de
sa vie le fait d’avoir dit la vérité
sur la « rébellion » ? Voici ce
qu’il avait écrit en janvier 2012 :
« La plupart des citoyens de la
Syrie ne sont pas favorables à
l’opposition. Même un pays comme le
Qatar l’a reconnu à la suite d’un
sondage d’opinion. Par conséquent,
vous ne pouvez pas dire que c’est un
soulèvement populaire. La majorité
des gens ne font pas partie de la
rébellion et certainement pas partie
de la rébellion armée (...)
Dès le début, les mouvements de
protestation n’ont pas été purement
pacifiques. Dès le début, dans les
manifestations, j’ai vu des
manifestants armés qui ont commencé
en premier à tirer sur la police.
Très souvent, la violence des forces
de sécurité a été une réaction à la
violence brutale des rebelles
armés... » [1]
Un aperçu de la
vie quotidienne à Homs, aujourd’hui
Contactés par téléphone le 22 avril,
une jeune femme et son père restés à
Homs malgré les difficultés nous ont
brièvement raconté leur quotidien.
« Les obus de mortiers pleuvent de
partout et on n’ose pas sortir ;
cela fait plus de 10 jours que je
n’ai pas pu me rendre à
l’Université. Nous avons très peur
des voitures piégées par les
rebelles » nous a dit la jeune
femme.
Son père nous a décrit la
situation :
« L’armée (gouvernementale) avance
bien mais pas aussi vite qu’elle le
voudrait. Il lui est très difficile
de pénétrer dans le vieux Homs
occupé par les gangs armés, tout
comme dans tous les autres vieux
quartiers. A tout moment les gangs
tirent au mortier vers tel ou tel
quartier ; ensuite ils font exploser
des voitures piégées dans un
quartier diamétralement opposé. Ils
tirent des obus et ensuite ils font
courir des bruits pour semer la
zizanie et désorienter la
population. En faisant croire que
tel tir d’obus tombé dans un
quartier est une vengeance du
quartier d’en face. Longtemps les
gens ont pris au sérieux les rumeurs
qu’ils faisaient circuler ; mais ils
ont fini par comprendre que
c’étaient des mensonges destinés à
les dresser les uns contre les
autres.
Les habitants pris en otages dans
ces quartiers occupés par les gangs
sont terrorisés. Tous ceux qui ont
pu échapper à leur contrôle disent
avoir subi des traitements
humiliants ; les pires traitements.
Un vieux monsieur qui a pu
s’échapper récemment a raconté avoir
été sodomisé par les terroristes. Il
était très choqué et très gêné en
racontant ce qu’il avait subi ; il
craignait de ne pas être cru. De
nombreux témoins évoquent le cas de
nombreuses fillettes âgées de plus
de 9 ans, qui ont été violées.
Pourquoi 9 ans ? Parce que dans
l’esprit de ces criminels, 9 ans est
l’âge de la puberté.
Le quotidien de ces malheureux
habitants est effrayant. Depuis plus
d’un an ils sont sans électricité,
les enfants n’ont plus d’école et
doivent se soumettre comme les
adultes aux tâches que leur
ordonnent ces gangs : creuser des
tunnels, transporter des armes. J’ai
rencontré une femme âgée qui
habitait dans les quartiers que les
mercenaires ont occupés. Elle m’a
raconté que quand ils sentaient
l’odeur des plats que les gens
assiégés cuisinaient ils venaient
les confisquer. » [2]
Ici le téléphone a été coupé.
Silvia Cattori
[1]
Voir le témoignage complet en anglais :
http://www.trans-int.com/wordpress/index.php/2014/04/14/father-frans-on-the-syrian-rebellion-the-protestors-shot-first/
[2]
Voir également cet article écrit par une
journaliste arabe et qui reflète
l’exacte réalité :
Syria : Fighters and mice all that
remain in Old Homs
http://english.al-akhbar.com/content/syria-fighters-and-mice-all-remain-old-homs
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