Opinion
Le bilan calamiteux de François Hollande
Samer R. Zoughaib
Mercredi 29 janvier 2014
A deux mois des élections
municipales et quatre mois d'une
consultation européenne, François
Hollande accumule les échecs et
multiplie les faux pas. Il est en passe
de pulvériser tous les records
d'impopularité d'un président de la
République en exercice.
A quelques semaines des élections
municipales françaises, prévues les 23
et 30 mars 2014, François Hollande
enchaine les sondages défavorables et
cristallise de plus en plus le malaise
et la colère d'une France au bord de la
crise sociale.
Les dernières enquêtes d'opinion
montrent que le locataire de l'Elysée
s'installe durablement dans
le fauteuil peu reluisant des mal aimés
du peuple français.
Un sondage réalisé pour Itélé et le
Huffington Post, en janvier, lui donne
17 petits points de popularité. 46% des
personnes interrogées affirment porter
un jugement «plutôt défavorable» sur
François Hollande, alors que 3%
seulement répondent «très favorable».
Un autre sondage Ifop, commandé par le
site Atlantico.fr, et rendu public le 17
janvier, montre que l'image du président
français est «aujourd'hui très
dégradée». 19% seulement des personnes
interrogées estiment que le chef de
l'État «sait où il va», et 22% jugent
qu'il possède les compétences requises
pour occuper le poste de la première
magistrature.
Au-delà des questions liées à la
fonction présidentielle, c'est aussi son
image personnelle qui s'est
considérablement ternie auprès des
Français, qui lui reprochent son manque
de sincérité et de sympathie. La
découverte de sa relation avec l'actrice
Julie Gayet, alors qu'il était
officiellement en couple avec Valérie
Trierweiler, a certainement pesé. La
manière avec laquelle il a annoncé sa
rupture avec l'ancienne Première Dame
l'a considérablement desservi auprès de
l'électorat féminin. Les dix-huit mots,
dont trois «je», de la déclaration
présidentielle, ressemblaient plus à une
répudiation d'une favorite par un roi de
France qu'à l'annonce, par un président
de la cinquième République, de la fin
d'une relation par consentement mutuel.
Un profond malaise social
Le sondage d'Atlantico.fr indique que
les cinq premiers sujets de
préoccupations pour les Français sont le
chômage, les impôts, l'immigration, la
protection sociale et la dette; des
questions portant sur les conditions de
vie socio-économiques.
Sur ce registre, François Hollande n'a
tenu aucune de ses promesses. Les
Français sont gagné par un sentiment de
mal-vivre, alimenté par l'érosion du
pouvoir d'achat, la hausse du chômage,
une désindustrialisation, qui se
traduisent par une baisse de la
consommation. Au lieu d'être «l'année de
l'inversion» du chômage, comme il l'a
solennellement promis, 2013 a vu le
nombre de demandeurs d'emplois augmenter
de près de 177800 personnes, à 3,563
millions de chômeurs.
A l'unisson, la presse française
constate que Hollande a «perdu son pari»
en matière d'emploi. Rémi Godeau, de
«L'Opinion», juge que «le pari perdu de
l'inversion de la courbe restera comme
un exemple du genre.»
Dans «Les Echos», Jean-Francis Pecresse
reconnait que «pour François Hollande
l'inversion de la courbe du chômage
n'était pas un défi tactique mais une
conviction profonde.»
Dans «L'Alsace» Raymond Couraud assure
que «François Hollande va devoir
convaincre ses compatriotes, et surtout
ses amis, que le plus dur est à venir.»
Devant l'échec de son pari, François
Hollande a revu à la baisse ses
ambitions, remplaçant «l'inversion de la
courbe du chômage» par «la
stabilisation», un objectif beaucoup
plus modeste mais qui est loin d'être
atteint pour autant, puisque les
derniers chiffres, tombés cette semaine,
montrent une augmentation de 10200
demandeurs d'emplois en décembre.
Le malaise social grandissant des
Français explique la forte mobilisation,
dimanche 26 janvier, à la
manifestation contre François Hollande à
Paris. 160000 personnes selon les
organisateurs, 17000 selon la police.
Quoi qu'il en soit, cette foule
nombreuse a fait le déplacement pour
crier son désarroi et sa colère, ce qui
n'a pas empêché la police de la
disperser sans ménagement. Près de 250
personnes ont été arrêtées lors de ce
grand rassemblement, ponctué de violents
affrontements. Des jeunes cagoulées ont
lancé des projectiles, bouteilles,
pétards, barres de fer, poubelles et
fumigènes.
A la fin de la manifestation, des
militants sont montés sur un podium,
fustigeant les politiques du
gouvernement et faisant huer François
Hollande, ses ministres de l'Intérieur,
Manuel Valls, et de la Justice
Christiane Taubira. Béatrice Bourges,
qui dirige le «mouvement du Printemps
français», a même demandé que le
Parlement entame une procédure de
destitution du président «au nom de son
impopularité et de son incapacité à
gouverner», et a annoncé se mettre en
grève de la faim.
La politique étrangère est le dernier
souci des Français, Mais les élites
intellectuelles et universitaires
dénoncent, elles, un «président
va-t-en-guerre», qui a déjà entrainé la
France dans deux conflits, au Mali et en
Centrafrique, alors qu'il est encore à
mi-mandat.
Plus sérieusement, de nombreux
chercheurs soulignent le suivisme dont
fait preuve Hollande vis-à-vis des
Etats-Unis et son alignement total sur
la politique de l'Arabie saoudite au
Moyen-Orient, «dans l'espoir de
décrocher quelques contrats
d'armement»... qui ne l'aideront
certainement pas à inverser la courbe du
chômage.
Source : Al-Ahednews
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